
Deuxième dimanche de l'Avent
Chers frères et sœurs, depuis dimanche dernier, nous sommes entrés dans le temps de l’Avent. Ce mot signifie, comme il a été dit la semaine dernière, “avènement”. Ce temps mis à part permet de vivre l’attente de Noël rappelle aussi que le Seigneur reviendra à la fin des temps et que cette autre attente doit être préparée dans les cœurs.
En ce 2ème dimanche de l’Avent, faisons un pas de plus vers Jésus, qui est déjà venu, et qui va revenir comme il l’a promis. Il rejoint chacun, tous les jours, dans chaque vie, épreuve ou joie. Il doit être accueilli comme il se doit d’autant que son désir est de ramener tout homme à lui.
1 Consolez, consolez mon peuple, Dit votre Dieu.
2 Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui Que sa servitude est finie, Que son iniquité est expiée, Qu’elle a reçu de la main de l’Éternel Au double de tous ses péchés.
3 Une voix crie : Préparez au désert le chemin de l’Éternel, Aplanissez dans les lieux arides Une route pour notre Dieu.
4 Que toute vallée soit exhaussée, Que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Que les coteaux se changent en plaines, Et les défilés étroits en vallons !
5 Alors la gloire de l’Éternel sera révélée, Et au même instant toute chair la verra ; Car la bouche de l’Éternel a parlé.
6 Une voix dit : Crie ! -Et il répond : Que crierai-je ? Toute chair est comme l’herbe, Et tout son éclat comme la fleur des champs.
7 L’herbe sèche, la fleur tombe, Quand le vent de l’Éternel souffle dessus. -Certainement le peuple est comme l’herbe :
8 L’herbe sèche, la fleur tombe ; Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.
9 Monte sur une haute montagne, Sion, pour publier la bonne nouvelle ; Élève avec force ta voix, Jérusalem, pour publier la bonne nouvelle ; Élève ta voix, ne crains point, Dis aux villes de Juda : Voici votre Dieu !
10 Voici, le Seigneur, l’Éternel vient avec puissance, Et de son bras il commande ; Voici, le salaire est avec lui, Et les rétributions le précèdent.
1 Commencement de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu.
2 Selon ce qui est écrit dans Ésaïe, le prophète : Voici, j’envoie devant toi mon messager, Qui préparera ton chemin ;
3 C’est la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.
4 Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés.
5 Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
6 Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
7 Il prêchait, disant : Il vient après moi celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers.
8 Moi, je vous ai baptisés d’eau ; lui, il vous baptisera du Saint Esprit.
Les deux textes bibliques qui viennent d’être lus parlent de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Aussi bien Esaïe que Marc proclament que la Bonne Nouvelle se fait entendre, et c’est ce que chacun doit vivre dans ce temps de l’Avent.
Esaïe écrit » « une voix crie, préparez au désert le chemin de l’Eternel… » Es.40:3 « Voici ton Dieu ! » Es.40:9. Marc débute l’Evangile en disant « Commencement de l’Evangile de Jésus-Christ Fils de Dieu » Mc1:1 ; « Préparez le chemin du Seigneur » Mc1:3.
Le mot « Bonne Nouvelle » en grec se dit « Evangelion », ce qui a donné le mot Evangile. L’Evangile est une bonne nouvelle pour le monde, une bonne nouvelle déjà annoncée au peuple d’Israël dans l’Ancien Testament, et ce, particulièrement par le prophète Esaïe.
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Les chrétiens ont beaucoup puisé dans le livre d’Esaïe pour comprendre le ministère de Jésus. Esaïe annonce la naissance du Christ, de manière précise, 700 ans avant l’évènement, avant l’Avènement. Es 7:14-16
Il dit « Voici, une vierge deviendra enceinte et elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. » Es.7.14 D’autres paroles d’Esaïe ont été comprises comme s’appliquant à Jésus, ce sont les paroles du Serviteur souffrant Es.53. Ce sont ces paroles qui ont permis de comprendre le mystère de la croix. De même, les paroles qui annoncent le ministère de Jésus en Esaïe 61.1-2 sont reprises en Luc 4.18-19.
Dans le passage qui a été lu, Esaïe annonce des bonnes nouvelles de libération, de consolation, au peuple exilé à Babylone. De 745 à 695 avant Jésus-Christ, Esaïe a exercé un ministère prophétique. Cyrus le Grand, roi de l’empire achémide, a régné de 559 à 530 avant Jésus-Christ. Esaïe prophétise 150 ans avant son règne que ce roi fera reconstruire le Temple de Jérusalem qui pourtant n’est pas encore détruit.
Les paroles de consolation, de libération, données dans Esaïe 40 concernent le Messie. « Comme un berger, il paîtra son troupeau » Es.40.1 Ces paroles concernent le temps du premier Avent.
Au début de son Evangile, Marc reprend le même vocabulaire pour annoncer Jésus-Christ. Il annonce une libération mais le sens est encore voilé, incompris. En effet, certaines personnes et même certains disciples ont cru que Jésus allait libérer le peuple d’Israël de l’occupation romaine. Jésus a dissipé ce malentendu mais beaucoup n’ont pourtant pas compris jusqu’à la Résurrection !
Si la libération avec Cyrus dont parle Esaïe est politique et extérieure à un territoire, la libération apportée par Jésus n’est pas de même nature.
La libération de Cyrus a été temporaire et n’a concerné qu’une génération, voire deux.
La libération dont parle l’Evangile concerne une libération d’ordre spirituel. Il s’agit d’une libération intérieure, de l’intérieur, d’un exil qui se tient au-dedans des hommes, des hommes qui se sont éloignés de Dieu, qui se sont exilés loin de Dieu.
Il est donc important de préparer le chemin du Seigneur dans nos cœurs, de se préparer à le rencontrer. Cela ne concerne pas seulement la période où le premier Avent est fêté mais toute la période qui conduit au second Avent, toute la période que la Bible appelle « aujourd’hui ».
Aussi, lorsque l’impression d’être tiraillé de l’intérieur apparaît, lorsque l’homme désire faire le bien et fait le mal, il ne faut pas oublier que Jésus a libéré ceux qui lui appartiennent, qu’ils sont morts et ressuscités avec Christ. Cette vérité, cette libération offerte par grâce, doit être vécue par la foi tout le temps de « l’aujourd’hui », tout le temps de l’attente, de l’espérance, du second Avent.
Le temps de l’Avent qui est vécu aujourd’hui est un temps pour se rappeler « qu’un enfant nous est né, un fils nous est donné » et que cette naissance, ce don, change la réalité de toute vie tournée vers Christ, rappelle que « la lumière a lui dans les ténèbres. » Jn1.5
Esaïe dit « Une voix crie: Préparez au désert le chemin de l’Éternel, Aplanissez dans les lieux arides Une route pour notre Dieu. » Es.40.3
Jean-Baptiste dit « Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert: Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Ésaïe, le prophète. » Jn1.23
Esaïe et Jean-Baptiste sont deux prophètes au service du Seigneur qui vient. Tous deux préparent le chemin du Seigneur.
Le chemin préparé par ces deux prophètes ne dit pas que c’est un chemin qui passe par un nourrisson fragile, né dans une crèche, soustrait à tout regard important, hormis les mages. Non, ils entrevoient déjà Celui qui va transformer des vies, ils entrevoient le berger qui va paître son troupeau, qui va les conduire, les protéger. En Marc, Jean-Baptiste le dit fort bien « Moi je vous ai baptisé d’eau mais lui il vous baptisera du Saint Esprit. » Mc1.8 Et en Luc, Jean-Baptiste étaie son propos « il leur dit à tous: moi, je vous baptise d’eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu. » Lc3.16
C’est ce berger bienveillant qui est revêtu de puissance et de gloire, d’amour, de vérité et de justice. C’est ce berger que tout homme est appelé à suivre. Il se présente humblement et ne brusque personne, il parle avec douceur mais fermeté.
Au regard de tout ce qui vient d’être dit, au regard de ce que chacun d’entre nous croit, nos contemporains se questionnent ‘’Pourquoi ce Dieu tout puissant n’arrête-t-il pas les guerres ?’’ ‘’Pourquoi Dieu n’empêche-t-il pas la mort des innocents ?’’ ‘’Pourquoi Dieu n’intervient-il pas ?’’
Pourtant Dieu règne de toute éternité. Mais il est vrai que Dieu prend patience envers sa création afin que beaucoup soient sauvés comme le dit Pierre « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. » 2Pi3.9
Ce berger, comme il a été dit, conduit, dirige, soigne son troupeau. Il se préoccupe des plus faibles.
La consolation annoncée par Esaïe n’a pas vu sa pleine réalisation car la promesse était en devenir. En effet, lorsqu’Israël est revenu d’exil, il a goûté, en partie, à la consolation, il a pu rebâtir le Temple de Dieu à Jérusalem. Jésus indique clairement que la consolation était en devenir lorsqu’il dit à ses disciples « Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. » Mt13.17
L’attente du Dieu Consolateur, du Rédempteur s’est réalisée avec la venue de Jésus. Paul parle de ceux qui prophétisent et consolent, comme Esaïe mais surtout comme Jésus. Paul dit « Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console. » 1Co14.3
Esaïe, comme Jean-Baptiste, ont préparé le peuple à accueillir Jésus. Dans le prologue de l’Evangile de Jean il est écrit « La Parole s’est faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. » Jn1.14 Jean-Baptiste, le dernier prophète avant l’Avènement, reprend les paroles d’Esaïe, c’est l’aujourd’hui de Dieu annoncé qui vient et dans lequel tout chrétien se doit de vivre, car notre Dieu est venu et il règne.
L’Avent doit nous préparer à repenser sa venue, à comprendre le don de Dieu à l’Humanité, à entrevoir sa majesté, sa grandeur, sa magnificence. Le nouveau-né a été adoré par les bergers, sans connaissance particulière, des gens humbles et sans place réelle dans la société.
Il a été ensuite adoré par des mages venus d’Orient, des hommes avec de grandes connaissances de l’astronomie, qui observaient les étoiles, des hommes riches dont les habits indiquaient leur statut social.
Bergers et mages adorent celui qui vient, celui qui était annoncé depuis les temps anciens.
Riches et pauvres sont conviés à adorer ce nouveau-né fragile entre les mains de ses parents, entre les mains de Dieu, ce nouveau-né qui est en devenir, mais qui, déjà, est reconnu des hommes par la grâce active de Dieu.
Dieu a fait irruption dans l’humanité en prenant forme humaine, afin que nous puissions le contempler et ensuite lui ressembler. Quel don précieux ! Quel don merveilleux ! Quel amour pour que le Créateur de l’Univers vienne à la rencontre de ses créatures dans le corps d’un nouveau-né !
Ce nouveau-né est annoncé par le prophète Esaïe qui dit « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule; On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix. » Es9.5 Cet enfant chétif né dans une étable, le Roi des rois, est ignoré du monde mais Dieu, du haut des cieux a annoncé aux bergers et aux mages sa venue afin qu’ils viennent l’adorer, se prosterner devant lui. A peine né et déjà Dieu puissant.
Oui, ce temps de l’Avent doit nous permettre de repenser au don merveilleux que Dieu nous a donné, doit nous permettre de nous recentrer sur Celui qui est Dieu, doit nous permettre de réaliser qu’il est venu pour habiter parmi nous dans la chair, en nous et nous faire contempler sa gloire.
Lorsque nous nous recentrons sur le Fils de Dieu, sur Dieu lui-même, les aléas de la vie prennent un autre relief.
Dieu nous appelle à le contempler, à l’adorer, à lui ressembler et donc à le connaître, à avoir une relation personnelle avec lui.
Devant ce grand Dieu, seule, l’humilité peut répondre à son appel, peut donner de le rencontrer.
C’est dans l’humilité, que nous recevons la grâce de Dieu, que son Esprit peut être entendu pour nous conduire. Dans son amour infini, Dieu nous invite à entrer dans sa présence. L’Epître aux Hébreux nous dit « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins. » He4.16
Ce temps de l’Avent, comme celui de l’année dernière, se vit au sein d’une crise qui s’est répandue dans le monde. Certains sont effrayés, la peur les étreints, leur discernement est amoindri et ils suivent tous les conseils qui se succèdent, ils se confient en l’homme. Or nous, c’est dans la Parole de notre Dieu Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix que nous nous confions.
La crainte ne devrait pas habiter le cœur du chrétien.
Comme le dit Paul « Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » Rm8.38-39
Ce temps de l’Avent nous invite à regarder à l’Evangile pour se rappeler qu’il nous appartient de voir le monde avec le regard de Dieu, un regard plein d’amour et d’espérance. Avec le Christ, nous sommes certains que le mal n’a pas le dernier mot. C’est l’amour qui a la victoire car Dieu règne.
Peut-être qu’il nous faut reconsidérer notre vision du monde et, tout à nouveau, se rappeler de garder notre regard fixé sur Jésus.
Ce temps de l’Avent nous rappelle que Jésus est venu, qu’il a tout accompli, qu’il a vaincu la mort et le péché.
Ce temps de l’Avent nous rappelle que Jésus est venu habiter dans nos cœurs, qu’il désire ardemment transformer nos êtres.
Ce temps de l’Avent nous rappelle que nous avons changé de filiation, que de fils d’Adam, nous sommes devenus enfants de Dieu, adoptés par grâce, selon le privilège qu’il nous a accordé.
Ce temps de l’Avent nous conduit vers l’Avènement du Roi de gloire, vers le retour de Jésus qui s’accompagne de la manifestation de toute sa puissance, de sa gloire, et la venue de son règne visible.
En fêtant un Avènement réalisé, nous attendons, dans l’adoration, l’Avènement à venir. Nous avons foi en la promesse de Dieu qui nous a préparé une place dans son Royaume.
Acclamons, adorons, bénissons, Celui qui vient au Nom du Seigneur.
A lui seul soit toute la gloire.
Amen.