
L’Église de Smyrne
« Écris à l’ange », c’est ainsi que commencent les lettres aux sept Eglises. Le mot « Ange » est à prendre au sens figuré. L’’ange n‛est en aucun cas responsable des péchés ou des actes positifs de l‛Eglise et le Seigneur ne lui adresse ni encouragements, ni reproches à titre personnel.
Jean fait entrevoir une réalité spirituelle afin que l’Eglise sache qu’elle n‛est pas seule mais accompagnée, qu’elle est considérée par Dieu et les anges sont au service du peuple de Dieu Hé1.14. Cette réalité spirituelle nous échappe, cependant, elle est bien présente.
Matthieu 5 : 1-12
1 Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. 2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit :
3 Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
4 Heureux les affligés, car ils seront consolés !
5 Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre !
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !
9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu !
10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !
11 Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi.
12 Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
Apocalypse 2 : 8-11
8 Écris à l’ange de l’Église de Smyrne : Voici ce que dit le premier et le dernier, celui qui était mort, et qui est revenu à la vie : 9 Je connais ta tribulation et ta pauvreté (bien que tu sois riche), et les calomnies de la part de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue de Satan. 10 Ne crains pas ce que tu vas souffrir. Voici, le diable jettera quelques-uns de vous en prison, afin que vous soyez éprouvés, et vous aurez une tribulation de dix jours. Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. 11 Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises : Celui qui vaincra n’aura pas à souffrir la seconde mort.
De même, les lettres ne sont pas adressées uniquement aux responsables mais à toute l’Eglise, à tous les chrétiens de tous les temps.
Christ indique que son Eglise est précieuse à ses yeux et qu’il veille sur sa conduite. C’est pour cela qu’il dit « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle, et repens-toi » Ap3.19.
Les 7 Églises dont il est question sont en Asie mineure, c’est-à-dire dans la Turquie actuelle. Elles existaient à l’époque de l’Apôtre Jean.
Ces Eglises se nomment Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée.
Ces Eglises représente l’Eglise universelle au travers des âges quel que soit l’époque et le lieu.
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Il y a 15 jours, pour ceux qui étaient présents, il a été parlé de la lettre envoyée à l’Eglise d’Ephèse qui s’articule autour d’encouragement, de reproche et d’appel à la repentance et se termine par une promesse.
Aujourd’hui, il s’agira de l’Eglise de Smyrne.
Smyrne
Smyrne, aujourd’hui Izmir, se situe à environ 80 km d‛Ephèse. C’était une ville splendide, d’une rare beauté et située dans une baie magnifique. Tout comme Ephèse, elle était un grand port de commerce. Smyrne est devenu le port principal de l’Asie mineure suite à l’ensablement du port d’Ephèse. Les alluvions et les sédiments qui se sont déposés n’ont plus permis aux bateaux de rejoindre Ephèse. Sa richesse s’est amoindrie et Smyrne, à son tour est devenue prospère.
Le port débouchait sur la mer Egée, point stratégique pour l’armée romaine. Les romains étaient très nombreux dans cette ville.
En l’an 26, les habitants de Smyrne, soucieux de gagner la confiance des romains, demandèrent à l’Empereur Tibère d’élever un temple à sa gloire. Celui-ci accepta, bien évidemment, le temple fut construit et un culte lui fut rendu.
C’est ainsi que Smyrne est devenue un lieu de pèlerinage en l’honneur de César. Sa fidélité à Rome n’était plus à démontrer.
C’est dans ce contexte que la lettre est écrite.
Jésus se présente comme étant : « Le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est revenu à la vie », et s’adresse aux croyants d Smyrne en disant : « Je connais ta tribulation et ta pauvreté. »
« Je connais » est traduit du verbe « Oïdon ».
Oïdon désigne le plus souvent une connaissance approfondie, voire divine.
Dans le N.T, « oïdon » n’est en général employé que pour la personne de Dieu, sinon, c’est le verbe « ginosco » qui est utilisé pour la connaissance humaine.
Ici, il s’agit bien de la connaissance divine que Jésus a de son Eglise. En effet, il connait la tribulation, la souffrance, la persécution et le rejet de cette Eglise. Il connait de même chaque membre et peut ainsi interpeller tout membre de l’Eglise, encourager et diriger ses pas.
Smyrne est la seule Eglise à laquelle Jésus dit « Je connais ton épreuve. » lorsqu’il écrit aux autres Eglise, Jésus dit, hormis Pergame, « je connais tes œuvres ».
Smyrne représente l’Eglise souffrante à cause de sa foi en Christ, à cause de son refus de toute compromission.
Il faut entrevoir que l’Eglise de Smyrne est pauvre matériellement mais riche spirituellement, rejetée et persécutée par les hommes mais bénie et aimée de Dieu.
- Une Église pauvre et riche.
Le mot « pauvre » pourrait être traduit par « qui n’a rien », notamment sur le plan matériel.
Il semble que bien des chrétiens de Smyrne étaient pauvres avant leur conversion et que leur pauvreté a perduré car ils étaient exclus de la société tant par les Juifs, qui s’opposaient à la foi en Jésus, que par les non-juifs, qui vouaient un culte à l’Empereur.
La « Synagogue de Satan » est une expression qui désigne « les Juifs qui ne le sont pas vraiment. »
Cette expression peut être mise en parallèle avec celle utilisée par Paul lorsqu’il écrit aux Romains « Les descendants d’Israël ne sont pas tous le vrai peuple d’Israël. » Rm9.6
En effet, ces Juifs avaient une conduite qui n’était pas conforme à la loi de Moise, qui étaient « incirconcis de cœur ».
Ces Juifs s‛opposaient en particulier aux Juifs, assez nombreux à Smyrne, qui avaient accepté Jésus.
Le Seigneur invite l’Eglise de Smyrne, où se côtoient Juifs et non-Juifs, à aller de l’avant, à ne pas regarder à sa pauvreté matérielle, mais à considérer sa richesse spirituelle, sa communion avec Dieu, dans la foi en Jésus, le Messie.
Dieu veut la préparer aux souffrances qui l’attendent, à l’emprisonnement et à la mort de certains.
- Une Eglise persécutée mais bénie.
Le Seigneur annonce clairement à l‛Eglise de Smyrne qu‛elle va souffrir la persécution à cause de sa foi « certains iront en prison pour dix jours ». Dix jours représentent un temps symbolique qui indique une courte période.
Certains seront mis à mort, d‛où cet encouragement « Sois fidèle jusqu’à la mort. »
Cette Eglise, « éprouvée par le diable », devra faire face à l‛opposition des Juifs (calomnies) et des non-juifs (par la mise à l‛écart et des persécutions violentes).
La souffrance est le cœur de cette courte lettre de quatre versets.
En premier lieu, le Seigneur met son Eglise en garde contre les « dangers » et les « tentations » de la prospérité. Il est écrit « Lorsque tu seras entré dans le pays promis, garde-toi d’oublier ton Dieu … » Deut 8.
Dans la parabole du Semeur, Jésus rappelle que les ronces étouffent la bonne semence. Ces ronces sont les richesses et les plaisirs.
Jésus est venu parmi nous comme un pauvre de riche qu’il était. Il est dit « qu’il n’avait pas où poser sa tête ».
La bénédiction du Seigneur, c‛est sa présence dans l‛abondance comme dans le dénuement. La présence du Seigneur est LA bénédiction par excellence. Le reste n’est que superflu.
La richesse du chrétien, c’est sa communion avec Dieu, et ce, quel que soit l’état dans lequel il est. Cette richesse du chrétien se donne, se partage.
L’attitude de foi dans l‛épreuve est une preuve de la bénédiction réelle de Dieu.
Cette attitude de foi apparait dans l’Eglise de Smyrne. Le Seigneur lui dit « N’aie pas peur », ne crains pas, fais-moi confiance.
Si Dieu avertit des hommes et des femmes, ce n‛est pas pour leur faire peur, mais au contraire pour les rassurer et les aider à surmonter l‛épreuve qui approche.
La présence de Dieu dans un temps d’épreuves est la bénédiction de Dieu pour pourvoir surmonter, dépasser l’épreuve. Ici, l’épreuve se traduit par la persécution et même par la mort.
Les enfants de Dieu ne doivent pas vivre l’épreuve comme une punition, un échec, une responsabilité si c’est à cause du Nom de Jésus-Christ que cela leur arrive. Rien ne doit faire croire au chrétien qu’il est rejeté de Dieu dès lors que sa fidélité au Christ le conduit.
On peut donc être souffrant et béni, comme le Seigneur lui-même.
Souffrance et bénédiction ne sont pas antinomiques ni incompatibles.
Le Seigneur dit à l’Eglise : « Sois fidèle jusqu’à la mort… »
Il sait que c’est une réalité à laquelle les chrétiens vont être confrontés.
Refuser de participer aux cérémonies païennes, refuser de rendre un culte à l‛empereur, c‛était prendre le risque d‛être rejeté, exclu de la société, et donc de ne plus avoir de travail, voire d’être mis en prison ou même mis à mort.
Les chrétiens avaient le choix entre deux fidélités, la fidélité à Dieu ou la fidélité aux coutumes des hommes.
Ici, la lettre indique clairement qu’être fidèle à Dieu pouvait coûter la vie.
L’Eglise de Smyrne a dû souvent penser à ce que disait Paul dans l’Epître aux Romains « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous. » Ro8.18
Les persécutions romaines ont été violentes à Smyrne.
Polycarpe, qui vient du grec signifie « beaucoup de fruit » était disciple de l’apôtre Jean. Il a été évêque et a souffert le martyre à Smyrne entre 157 et 165, la date n’est pas arrêtée, car il a refusé de rendre un culte à l’empereur. Il n’a pas voulu reconnaître César comme son seigneur. Il a refusé de maudire le Christ devant une assemblée réunie dans l’arène et a dit « il y a 86 ans que je sers le Christ et il ne m’a fait que du bien. Comment pourrai-je blasphémer contre mon Roi qui m’a sauvé ? »
Sois fidèle jusqu’à la mort…
La question posée à l’Eglise fidèle, mais éprouvée par les Juifs et les non-Juifs est la suivante « Es-tu décidée à rester fidèle jusqu‛à la mort malgré la pauvreté matérielle, les souffrances, la discrimination, la mise à l‛écart, les calomnies, malgré toutes sortes de persécutions de la part des Juifs et des non Juifs ? »
« Veux-tu refuser tout compromis avec le paganisme et t‛appuyer sur Jésus, le Seigneur, mort et ressuscité pour toi ? »
« Tu as un choix à faire entre la fidélité à l‛empereur ou à Jésus ».
Dans les quatre versets qui concernent l’Eglise de Smyrne, aucun reproche ne lui est fait ni aucun appel à la repentance de la part du Seigneur.
Une promesse de recevoir la couronne de victoire et la vie éternelle est faite à cette Eglise.
Là encore, cette couronne offerte par le Seigneur contraste avec la couronne éphémère que l’on remettait à l’athlète victorieux dans l‛empire romain.
La vie éternelle n‛a rien à voir avec la vie agréable et cossue d’une cité de l‛Empire romain.
Jésus promet une couronne impérissable et la vie éternelle, il ajoute que celui qui croit en lui jusqu‛à la fin, n‛aura rien à craindre de la « seconde mort », c’est-à-dire de la mort spirituelle, après le jugement.
En écoutant ce que le Seigneur a dit à l’Eglise de Smyrne, que pouvons-nous retenir pour notre vie aujourd’hui dans cette société où la violence, la perversité, l’idolâtrie, le mensonge et le renversement des valeurs nous font face ?
Beaucoup d’églises prêchent la prospérité, la bénédiction matérielle. Bien des chrétiens sont à la recherche d’une vie aisée, d’un travail rémunérateur, de loisirs, de reconnaissance, de réputation.
En lisant la lettre à l’Eglise de Smyrne, tout chrétien devrait être convaincu que la vie chrétienne est bien supérieure aux biens temporels. Le Seigneur nous appelle à la bénédiction éternelle selon ce qu’il a établi et cela va souvent à l’encontre de ce que nous désirons vivre. Le choix est dès lors, non plus entre Jésus et le monde, mais entre la volonté de Dieu et la nôtre.
Pour notre Eglise, n’aspirons pas à une croissance matérielle mais à une croissance spirituelle, c’est-à-dire que pour notre Eglise, tout doit être guidé par Dieu selon sa seule volonté. La volonté de l’homme ne peut que faire péricliter la croissance de l’Eglise voulue par Dieu.
Que les richesses spirituelles que Dieu veut donner à notre Eglise puissent être reçues. En effet, il est écrit « Car en lui vous avez été comblés de toutes les richesses qui concernent la parole et la connaissance”. 1Co1,5. Il est aussi dit que “la séduction des richesses étouffe la Parole” Matthieu 13,22
Le Seigneur ne nous a jamais promis le bonheur parfait sur cette terre. Les vrais chrétiens ont toujours payé un lourd tribut.
Pensons simplement aux chrétiens en Corée du Nord. Le culte de la personnalité est obligatoire. Le chrétien qui refuse est persécuté, emprisonné, affamé, voire torturé.
Quel serait notre choix ? Nous sommes tellement habitués à un certain confort et ne voulons pas le perdre quitte à faire des concessions, des compromis. Y aurait-il dans les églises occidentales des chrétiens tellement assoupis qu’ils ne verraient pas de problème à vivre dans le compromis ?
Si le monde que nous connaissons tend à disparaître demain, que ferons-nous ? Sommes-nous assez armés par la Parole, dans notre relation à Dieu pour traverser ce genre d’épreuve ?
La question se pose de savoir quel est notre véritable attachement à Christ.
Comprenons bien la lettre à l’Eglise de Smyrne. Cette Eglise n’a pas cessé d’exister, elle est présente là où les chrétiens sont persécutés.
C’est pour cela qu’elle est et reste l’Eglise universelle de tous les temps, en tous Lieux.
Aujourd’hui, Smyrne se trouve en Afrique, en Amérique latine, dans les pays musulmans mais aussi dans certains pays occidentaux où le christianisme n’est plus en odeur de sainteté
Au 16ème Siècle, Smyrne était en Europe, surtout en France, lors de la Réforme. Elle a aussi été présente à Meaux, sur la place du marché lorsque les 14 martyrs de la communauté de Meaux furent brulés vifs, comme l’a été Polycarpe.
Sois fidèle jusqu’à la mort…
Le chrétien qui a reçu sagesse, intelligence et discernement peut-il accepter tout ce qui est véhiculé par notre société, et même dans certaines Eglises, comme étant la vérité ?
Nous sommes invités à marcher à contre-courant, à garder la foi, à ne pas nous conformer à tout ce que nous propose la société, et donc à exercer notre esprit critique, à prendre du recul, à examiner toute chose à la lumière de la Parole de Dieu afin de retenir ce qui est saint, juste et bon.
C’est parce que les chrétiens de Smyrne ont refusé de se prosterner, de se taire, d’accepter tout compromis qu’ils ont été persécutés.
Mais, nous sommes-nous demandés quelle était la force première de cette Eglise ? En regardant son histoire, en général, et celle de Polycarpe, en particulier, nous voyons une Eglise qui prie et qui sonde la Parole de DIEU.
Dieu qui voit toute chose sait qui nous sommes chacun pour notre part.
Alors, la question se pose d’accepter d’être pauvres et riches à la fois ?
D’accepter d’être persécutés et bénis à la fois ?
Comment affronter la réalité avec courage et tremblement ? Choisissons de suivre le Seigneur et rappelons-nous qu’il se tient à nos côtés, qu’il nous encourage, nous montre la ligne d‛arrivée et nous assure que ses promesses sont Vérité car « Je leur donne la vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. » Jn10.28
« Jésus dit « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » Matt 28,20.
A Dieu seul soit toute la gloire.
Amen.