
L'instruction de Dieu
Ce Psaume est appelé « psaume d’instruction », il s’apparente aux écrits sapientiaux, aux écrits de la sagesse.
David écrit ce psaume dans sa vieillesse. Il se souvient des moments difficiles qu’il a vécus lorsqu’il était poursuivi par le roi Saül qui, suite à sa désobéissance, a été rejeté par Dieu. Dieu choisit David comme nouveau roi. Saül, le méchant, s’oppose à la décision de Dieu et cherche à tuer David, le juste.
Ce Psaume a pour but d’instruire le juste afin qu’il ne s’éloigne pas des voies de Dieu. David donne succintement, par deux fois, son témoignage, pour confirmer ce qu’il écrit. Il s’adresse à un lecteur, à un auditeur anonyme, mais, à un juste.
Tout au long du Psaume, apparaît le contraste entre le sort du juste et du méchant, entre la temporalité et l’éternité.
Nous allons voir tour à tour ce que le psalmiste désire que le lecteur, comprenne, entende, mette en pratique.
Nous verrons ensuite comment le Nouveau Testament fait écho à ce Psaume et comment le chrétien est concerné.
1 De David.
Ne t’irrite pas contre les méchants, N’envie pas ceux qui font le mal. 2 Car ils sont fauchés aussi vite que l’herbe, Et ils se flétrissent comme le gazon vert. 3 Confie-toi en l’Éternel, et pratique le bien ; Aie le pays pour demeure et la fidélité pour pâture. 4 Fais de l’Éternel tes délices, Et il te donnera ce que ton coeur désire. 5 Recommande ton sort à l’Éternel, Mets en lui ta confiance, et il agira. 6 Il fera paraître ta justice comme la lumière, Et ton droit comme le soleil à son midi.
7 Garde le silence devant l’Éternel, et espère en lui ; Ne t’irrite pas contre celui qui réussit dans ses voies, Contre l’homme qui vient à bout de ses mauvais desseins. 8 Laisse la colère, abandonne la fureur ; Ne t’irrite pas, ce serait mal faire. 9 Car les méchants seront retranchés, Et ceux qui espèrent en l’Éternel posséderont le pays.
10 Encore un peu de temps, et le méchant n’est plus; Tu regardes le lieu où il était, et il a disparu. 11 Les misérables possèdent le pays, Et ils jouissent abondamment de la paix. 12 Le méchant forme des projets contre le juste, Et il grince des dents contre lui. 13 Le Seigneur se rit du méchant, Car il voit que son jour arrive.
14 Les méchants tirent le glaive, Ils bandent leur arc, Pour faire tomber le malheureux et l’indigent, Pour égorger ceux dont la voie est droite. 15 Leur glaive entre dans leur propre coeur, Et leurs arcs se brisent.
16 Mieux vaut le peu du juste Que l’abondance de beaucoup de méchants; 17 Car les bras des méchants seront brisés, Mais l’Éternel soutient les justes.
18 L’Éternel connaît les jours des hommes intègres, Et leur héritage dure à jamais. 19 Ils ne sont pas confondus au temps du malheur, Et ils sont rassasiés aux jours de la famine. 20 Mais les méchants périssent, Et les ennemis de l’Éternel, comme les plus beaux pâturages ; Ils s’évanouissent, ils s’évanouissent en fumée.
21 Le méchant emprunte, et il ne rend pas ; Le juste est compatissant, et il donne. 22 Car ceux que bénit l’Éternel possèdent le pays, Et ceux qu’il maudit sont retranchés.
23 L’Éternel affermit les pas de l’homme, Et il prend plaisir à sa voie ; 24 S’il tombe, il n’est pas terrassé, Car l’Éternel lui prend la main.
25 J’ai été jeune, j’ai vieilli ; Et je n’ai point vu le juste abandonné, Ni sa postérité mendiant son pain. 26 Toujours il est compatissant, et il prête ; Et sa postérité est bénie.
27 Détourne-toi du mal, fais le bien, Et possède à jamais ta demeure. 28 Car l’Éternel aime la justice, Et il n’abandonne pas ses fidèles ; Ils sont toujours sous sa garde, Mais la postérité des méchants est retranchée. 29 Les justes posséderont le pays, Et ils y demeureront à jamais.
30 La bouche du juste annonce la sagesse, Et sa langue proclame la justice. 31 La loi de son Dieu est dans son coeur ; Ses pas ne chancellent point.
32 Le méchant épie le juste, Et il cherche à le faire mourir. 33 L’Éternel ne le laisse pas entre ses mains, Et il ne le condamne pas quand il est en jugement.
34 Espère en l’Éternel, garde sa voie, Et il t’élèvera pour que tu possèdes le pays ; Tu verras les méchants retranchés.
35 J’ai vu le méchant dans toute sa puissance; Il s’étendait comme un arbre verdoyant. 36 Il a passé, et voici, il n’est plus ; Je le cherche, et il ne se trouve plus.
37 Observe celui qui est intègre, et regarde celui qui est droit ; Car il y a une postérité pour l’homme de paix. 38 Mais les rebelles sont tous anéantis, La postérité des méchants est retranchée.
39 Le salut des justes vient de l’Éternel ; Il est leur protecteur au temps de la détresse. 40 L’Éternel les secourt et les délivre ; Il les délivre des méchants et les sauve, Parce qu’ils cherchent en lui leur refuge. Psalms 37
Contraste entre le juste et le méchant
- Le méchant:
Il est écrit que les méchants réussissent dans leurs voies, viennent à bout de leurs mauvais desseins, forment des projets contre le juste, cherchent à faire mourir le juste et égorgent ceux dont la voie est droite. Mais il est aussi écrit que les méchants seront retranchés (v.9), seront brisés (v.17), périront (v.20), seront anéantis (v.38).
Dans le temps présent, les méchants accomplissent leurs mauvaises actions, dans le temps futur, ils sont anéantis.
- Le juste:
Le juste est appelé à se confier en l’Eternel et à pratiquer le bien. Il est aussi appelé à observer ce qu’il advient du méchant.
Dans le temps présent, les justes sont rejetés, persécutés, dans le temps futur, leur postérité possédera le pays.
Le temps présent du méchant est en opposition avec l’éternité du juste. Le temporaire s’efface, disparaît, devant l’éternité.
En attendant, le juste voit que le méchant réussi et cela est déroutant. Jean Calvin, dans son commentaire sur les Psaumes fait remarquer que, je cite, « lorsqu’on s’irrite en voyant la prospérité des méchants, on se laisse facilement aller à leur porter envie, puis à les imiter ».
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« Ne t’irrite pas »
Par trois fois dans le Psaume, il est dit « ne t’irrite pas ». En hébreu, le verbe irriter est plutôt à traduire par enflammer. Le juste ne doit pas s’enflammer contre le méchant car cela reviendrait à commettre le mal, donc à devenir comme le méchant.
Le psalmiste invite le juste à laisser sa colère, à abandonner sa fureur. C’est dire combien il est difficile de voir le méchant prospérer sans encombre.
Le psalmiste indique dès lors deux pièges que le juste doit à toute fin éviter :
- Le premier, imiter le méchant car tout semble lui réussir.
- Le second, la soif de justice ne doit pas le conduire à vouloir accomplir sa propre justice. Cela conduirait le juste dans le camp opposé, celui du méchant. La confiance du juste est en Dieu seul.
Ce psaume invite donc le lecteur, le juste, à ne pas se décourager sur la voie droite de Dieu mais aussi à ne pas se croire investi de la justice de Dieu pour régler l’injustice. C’est dans la justice de Dieu que le juste se confie. Ce Psaume peut être considéré comme un « équipement » afin de ne pas tomber, afin de résister.
Cet équipement n’est pas sans rappeler l’armure que doit revêtir le chrétien dans l’Epitre aux Ephésiens. « Prenez toutes les armes de Dieu … Ayez à vos reins la vérité pour ceinture; revêtez la cuirasse de la justice; … prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, … prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu. » (Ep.6,13-17)
C’est ainsi équipé que le juste peut, en toute confiance, accomplir le dessein de Dieu et être béni.
Dieu est présenté comme le soutien infaillible du juste au milieu de ses épreuves.
En effet, il n’a jamais été dit que le juste serait exempt d’épreuves, non, il est dit que Dieu l’accompagne au sein de ses épreuves, le fortifie, le relève. Dieu est le refuge du juste en tout temps.
Pour le juste, vivre avec le méchant, partager le même monde, s’avère compliqué, épuisant.
Paul a vécu des épreuves et a pu dire «Vous savez de quelle manière, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, je me suis sans cesse conduit avec vous, servant le Seigneur en toute humilité, avec larmes, et au milieu des épreuves que me suscitaient les embûches des Juifs. » (Ac.20,18-19) Paul a persévéré au milieu des épreuves. Il a mis sa confiance en Christ afin d’accomplir l’œuvre pour laquelle il a été missionné, appelé. Paul ne s’est jamais fait justice lui-même, il a remis toutes choses entre les mains de Dieu.
Il est difficile de percevoir la bénédiction lorsqu’on est au milieu des épreuves. C’est par la foi, par la confiance en celui qui peut tout qu’il est possible de le croire et de le voir. C’est l’espérance en l’héritage, c’est le but du combat qui fortifie le juste.
Postérité et héritage
L’Ancien et le Nouveau Testament se répondent l’un à l’autre, tous deux sont indissociables.
Dans le psaume, donc, dans l’Ancien Testament, la bénédiction est représentée par le pays que Dieu donne, par l’héritage qui est accordé au juste.
Dans le Nouveau Testament, quel est le pays, quel est l’héritage accordé au juste?
Une réponse est donnée dans l’Epitre aux Ephésiens « En Jésus-Christ, nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant la résolution de celui qui opère toutes choses» (Ep.1,11-12)
Certains traduisent « nous sommes aussi devenus héritiers » par « nous avons reçu notre part au salut ». Cela serait une allusion au partage du Pays promis en Deutéronome 3,18 où chaque tribu d’Israël a reçu sa part d’héritage.
Cet héritage terrestre est la préfiguration de l’héritage céleste. C’est encore Paul qui explique cela dans l’Epitre aux Colossiens « Rendez grâces au Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière, qui nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. » (Col.1,12-15)
La guerre spirituelle gagnée
Ainsi, la guerre que le méchant mène contre le juste est aussi une guerre menée dans le domaine spirituel, dans le domaine de l’invisible. Ce qui est perçu sur la terre relève du domaine visible mais le visible n’existe que parce que l’invisible le précède.
La Parole nous dit que Dieu a fait deux choses, il nous a délivrés, il nous a fait héritiers du Royaume du Fils de son amour.
Cette guerre pourrait se définir ainsi « c’est l’amour de la puissance contre la puissance de l’amour ».
- Le combat que mène le juste dans la chair est gagné dans l’Esprit.
- Le méchant a gagné le combat dans la chair mais l’a perdu dans l’Esprit.
Cette bataille peut faire écho à la crucifixion. Jésus a vu Satan tomber du ciel et mener la guerre aux justes, aux saints. Satan a mené une guerre sans relâche à Jésus. Lorsque Jésus a été crucifié, Satan a cru avoir enfin gagné le combat. Il l’avait perdu lors de la tentation dans le désert et attendait un moment favorable, nous dit la Parole. Satan a cru que la croix était le moment favorable. A la mort de Jésus, il s’est réjoui MAIS, le troisième jour, il a déchanté. Sa victoire était trompeuse, de courte durée, car Jésus est ressuscité. Il a vaincu la mort, il a vaincu Satan, il a vaincu tous les méchants et leurs cohortes de pièges infâmes.
La victoire est à Christ, la victoire est en Christ. Et cette victoire, Christ nous l’offre, gratuitement, à chacun personnellement.
- Pour le méchant, la patrie est terrestre, c’est l’endroit où il peut dominer. Il apparaît clairement que le méchant ne se soucie que de son seul bien, sans considération de personne, et encore moins de Dieu. Le méchant ne vit que pour lui et pour sa gloire personnelle.
- Pour le juste, la patrie est céleste, c’est l’endroit où il vit dès à présent et éternellement dans la présence de Dieu qui a donné la vie de son Fils pour lui. (Eph.2,6)
Ici, une remarque. Il n’est pas mentionné dans le psaume la présence du diable ou de Satan. La puissance est à Dieu et il est inutile de parler de celui qui est assujetti à Dieu. Car le jugement et la rétribution appartiennent à Dieu. Alors, si Satan nous combat, nous savons que la victoire a été remportée par Jésus-Christ. Cependant, il convient donc de veiller car l’ennemi de nos âmes n’accepte pas sa défaite et « rôde comme un lion rugissant. » (1Pi.5,8)
L’ennemi disqualifié et l’Eglise victorieuse
(autre image du méchant et du juste)
Dans la présentation « triangulaire » donnée par le psalmiste, c’est-à-dire, Dieu, le bon et le méchant, l’annonce de la victoire du Messie apparaît déjà. Satan n’est déjà plus dans l’histoire de l’homme juste, qui est, par grâce, cohéritier avec Christ. L’ennemi de nos âmes a été vaincu, le méchant est ainsi disqualifié, mais tout comme le roi Saül, il n’accepte pas la décision de Dieu.
La Psaume d’instruction ne s’adresse qu’au juste. A ce jour, nous qui sommes baptisés du Saint-Esprit, avons reçu la grâce de mettre la Loi de Dieu en pratique.
Ce que préconise le Psaume se vit dans l’Eglise primitive, à savoir, un esprit de contentement et l’amour de la Parole de Dieu. Deux versets du Psaume illustrent cela « Fais de l’Éternel tes délices, et il te donnera ce que ton cœur désire. » et « Mieux vaut le peu du juste que l’abondance de beaucoup de méchants. »
En effet, dans « l’Eglise primitive », les chrétiens vendaient leurs biens et les partageaient entre tous.
La communion fraternelle, l’amour des frères, était supérieure aux biens propres. La joie émanait du partage, de l’amour, de la bienveillance.
Aussi, dans cette Eglise, il ne se trouvait pas de personne envieuse de la réussite des méchants, il n’y avait aucune envie du bien matériel d’autrui.
L’instruction donnée dans le Psaume devient réalité dans l’Eglise primitive car Dieu est devenu tout en tous, la richesse de Dieu habite en eux et surpasse toute chose.
Être des imitateurs
Ici, une différence est à faire en ce qui concerne « être envieux ». Il est tout à fait souhaitable d’envier quelqu’un rempli de foi et d’Esprit-Saint, qui accomplit les œuvres de Dieu.
Paul invite les chrétiens à être ses imitateurs. « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. (1Co.11,1)
Devenez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés. » (Ep.5,1)
Ici, les deux versets montrent qu’imiter, envier, ressembler à quelqu’un qui obéit à la Parole de Dieu est une chose bonne, un exemple à suivre.
Ici, retentissent les paroles de Jean Calvin que nous avons lues, à savoir « porter envie puis imiter ».
Selon Jean Calvin l’homme n’a envie d’imiter que la personne à laquelle il porte envie.
Pour paraphraser, le chrétien n’a envie d’imiter que la personne à laquelle il porte envie, c’est-à-dire Christ. Le chrétien a envie de ressembler à Christ, a envie de l’imiter.
L’homme sans Dieu se détruit car il ne pense à imiter que la personne à laquelle il porte envie, c’est-à-dire le méchant, le mal.
Le bon choix
Il n’y a que deux possibilités qui s’offrent au genre humain.
- Soit, il a des paroles de vie qui conduisent à des actes concrets, avec une confiance réelle en Dieu.
- Soit, il a des paroles de destruction qui conduisent aussi à des actes concrets et à une défiance de tout être et de Dieu.
Dans le Deutéronome, il est écrit « J’en prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité. » (Dt 30.19) Par amour, Dieu nous a donné la vie afin que nous en vivions et surtout que nous la choisissions. Il nous est donné de pouvoir mettre en œuvre la Loi, juste et sainte que Jésus-Christ a accomplie pour nous à la Croix.
Aussi, il nous faut recevoir, jour après jour, l’instruction de Christ qui nous conduit vers notre héritage, vers la patrie céleste.
Dans l’Evangile selon Jean, Jésus dit « Vous savez où je vais, et vous en savez le chemin … Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi. » (Jn 14,4-6)
Conclusion
Au cours de cette méditation, nous avons vu que l’Ancien et le Nouveau Testament parlent de salut.
Nous avons vu que Dieu instruit ses enfants afin qu’ils soient bénis et vivent éternellement dans sa présence.
Nous avons été instruits car nous sommes appelés à imiter les hommes selon le cœur de Dieu et non à imiter, envier, les méchants.
Nous avons compris que la justice appartient à Dieu et que nous devons mettre toute notre confiance en Lui.
Comment cela est-il possible ? Par son Esprit-Saint, Dieu a gravé sa Loi dans nos cœurs afin que nous la pratiquions.
La Parole de Dieu nous appelle, nous exhorte, nous missionne.
Tout comme Pierre a demandé à Jésus ce que Jean allait devenir, Jésus lui a répondu, « que t’importe, toi, suis-moi ! » (Jn 21,21-22) C’est encore ce que nous dit Jésus ce matin, « toi, suis-moi ! » On pourrait rajouter « toi, reçois l’instruction » « toi, mets ma Parole en pratique » « toi, aie confiance en moi » « toi, reçois ma vie, reçois mon pardon, reçois mon amour ».
Recevons avec joie et reconnaissance l’instruction du Seigneur qui nous donne le privilège d’être appelés ses enfants.
Amen