Le psaume 90 rappelle la Torah en proclamant que d’éternité en éternité Dieu est Dieu et que de génération en génération, Dieu est le refuge des hommes qui se confient en Lui.

Dès lors, si Dieu est éternel, 1000 ans sont comme le jour d’hier. Et dès lors, suite à la chute, l’homme est mortel, et, comme l’herbe, il sèche.

Il faut rappeler que Dieu désirait vivre au milieu des hommes. Mais ceux-ci ont désiré se mesurer à Dieu et connaître comme lui le bien et le mal, chose impossible à l’homme mais possible à Dieu.

Depuis la chute, l’alliance est rompue et les conséquences de cette rupture est visible, vécue, par l’homme chaque jour.

Dans ce psaume, 4 phases s’articulent selon le plan de Dieu, il s’agit du jugement accompagné d’un verdict qui dit que l’homme est coupable et condamné. Mais Dieu lui fait grâce et le relève pour que sa gloire soit manifestée.

Dans cette prière et cette méditation, Moïse fait ressortir la condition humaine, la brièveté de la vie qui doit amener l’homme à bien compter ses jours car il va retourner à la poussière.

Ici, il faut noter que deux types de vocabulaire se font écho.

Des versets 7 à 11, il est question de colère, de courroux, de fureur, d’épouvante de la part de Dieu à cause des iniquités et des fautes cachées.

Moïse prie l’Eternel « reviens Eternel ! » « Aie pitié ».

Le vocabulaire change, il est question de bonté de joie et d’allégresse.

Et au verset 16 le vocabulaire utilisé renvoie à la joie et à l’humiliation, deux sentiments contraires « réjouis-nous autant de jours que tu nous as humiliés, autant d’années que nous avons vu le malheur. »

Ici, il faut se poser la question de savoir à quoi Moïse fait référence.

Moïse a été choisi par Dieu pour conduire son peuple hors d’Egypte jusqu’à le Terre Promise. Cela s’est-il réalisé ? Oui et non !

Oui, car le peuple de Dieu est bien arrivé en Terre Promise, mais après 40 ans d’errance dans le désert. Et qui a franchi le Jourdain de ceux qui étaient sortis d’Egypte ? Ils étaient 600 000 hommes de pied ^Ex12.47, donc sans compter les femmes et les enfants. En fait, près de 2 000 000 de personnes sont sorties d’Egypte.

Mais sur ces 600 000 hommes, deux seulement ont franchi le Jourdain. Tous les autres sont morts au désert et les familles se sont renouvelées au fur et à mesure. Deux hommes sont sortis d’Egypte pour entrer en Canaan, c’est peu !

Ces deux sont Caleb et Josué à qui on doit le livre historique dans l’Ancien Testament.

La question qui se pose est de savoir pourquoi seules deux personnes ont survécu à ces 40 ans ? Que s’est-il passé au désert ?

Le psaume 90 ne cite pas clairement cet épisode du peuple de Dieu, mais il est en filigrane tout au long du psaume.

Lorsque Moïse dit « Nous sommes consumés par ta colère et ta fureur nous épouvante » _(v.7), cela renvoie le lecteur à Moïse qui est allé sur le Mont Sinaï, y est resté 40 jours et a reçu la Loi de Dieu dont le premier commandement est « Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. Tu ne te feras point d’image taillée. »

Lorsque Moïse redescend de la montagne avec la Loi, que trouve t’il ? Le peuple s’est fait un veau d’or et l’adore ! Dieu vient de donner la Loi à Moïse et Moïse trouve le peuple qui bafoue cette Loi. Alors, oui, la colère et la fureur de Dieu se manifeste.

Et Moïse de dire « Tu mets devant toi nos iniquités, et à la lumière de ta face nos fautes cachées. » ^(v.8) Dieu veut détruire ce peuple rebelle. Moïse intercède pour le peuple et Dieu le laisse vivre.  Néanmoins, il demeurera rebelle contre Dieu et fera même pécher Moïse. Le peuple sorti d’Egypte va errer pendant 40 ans et mourir au désert.

La révolte de Qoré, Datan et Abirâm prendra fin lorsque la terre s’ouvrira pour engloutir les rebelles ^Nb16.16-35

Moïse dira à Dieu dans ce psaume « Qui prend garde à la force de ta colère, et à ton courroux, selon la crainte qui t’est due? » ^(v.11)

La révolte des fils de Qoré illustre la colère et le courroux de Dieu envers les hommes qui contestent sa volonté, sa souveraineté et qui sont orgueilleux.

Aussi, Moïse peut dire « Enseigne-nous à bien compter nos jours, Afin que nous appliquions notre cœur à la sagesse. » ^(v.12)

« Le commencement de la sagesse, c’est la crainte de l’Éternel » ^Pr9.10a Et la science des saints, c’est l’intelligence. » ^Pr9.10b

Si l’intelligence et la sagesse ont longtemps été confondues, superposées, la psychologie du 20^ème siècle a fait une grande différence entre les deux. En effet, je cite un écrit de Valéria Sabater, psychologue, l’intelligence, « peut être appliquée à des fins nobles ou, au contraire, peut servir à manipuler, conspirer, trahir ou mettre en place des actions sophistiquées dans un but pervers », alors que la sagesse « de son côté, est liée au sens le plus authentique de la bonté; elle a toujours eu cette connotation chargée de savoir-faire, d’humanité et d’un sens de la spiritualité qui inspire d’autres personnes à cultiver de bonnes actions. (Valéria Sabater, psychologue). Certains se demandent s’il vaut mieux acquérir l’intelligence ou la sagesse.

La Bible montre que les deux sont compatibles, mais, comme dans le psaume, le proverbe et Esaïe 11, la sagesse est mise en premier car celui qui a l’intelligence empreinte de sagesse fera le bien selon la volonté de Dieu. ‘’Dieu, enseigne-nous à appliquer nos cœurs à la sagesse.’’ Dit Moïse. La définition que donne le monde n’implique pas Dieu qui, pourtant, doit guider le cœur de l’homme.

Après avoir constaté la fragilité de l’homme, sa condition humaine souvent misérable et orgueilleuse, Moïse implore Dieu et lui dit « Reviens Eternel ! Jusques à quand ? … aie pitié de tes serviteurs ! » ^(v.13)

Moïse a confiance en Dieu et son vocabulaire devient joyeux. Il attend, il espère, l’œuvre, la gloire et la grâce de Dieu. Les 4 derniers versets sont remplis d’espérance. Moïse est prophète et à ce titre il voit, il connait, il croit en Dieu.

Dieu l’avertit qu’il suscitera un prophète comme lui du sein de son peuple ^{(Dt18. 15 & 18)}

Dieu a répondu à la prière de Moïse. Dieu lui avait dit qu’un prophète comme lui viendrait et Moïse a demandé « jusques à quand ? » combien de temps faudra t’il attendre ? Moïse ne verra pas de son vivant la promesse réalisée, mais il rencontrera Jésus lors de la transfiguration sur la montagne. Jésus est transfiguré en présence de Moïse et du prophète Elie.(Luc 9 :28-36).

Oui, ce prophète, le plus grand des prophètes, c’est Jésus-Christ, comme le dit Pierre lorsqu’il s’adresse aux Juifs de Jérusalem (Actes 3.22-23 et 7 :37),

Oui, la promesse de Dieu s’est accomplie. Jean dira « La loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus, le Messie, le Christ. » ^Jn1.17

Si Moïse a donné la Loi de la part de Dieu, Jésus a donné, par grâce, la vie éternelle à tous ceux qui croient en son nom, à tous ceux qui croient que Dieu son Père l’a envoyé.

Cette promesse, Pierre la rappelle aussi à ceux qui sont venus à Jérusalem pour la Pentecôte « Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. » ^Ac2.39

Aujourd’hui, nous vivons dans la réalité de la promesse accomplie. En Jésus-Christ, Dieu veut nous rassasier de sa bonté. Jésus veut que sa joie soit en nous, que notre joie soit parfaite Jn15.11

Moïse demande à Dieu que son œuvre soit manifesté. Le salut s’est manifesté en Jésus-Christ. Et comme le dit Jésus  « celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu. » ^{Jn 3.21}

L’amour de Dieu a été manifesté envers nous. La gloire a été manifestée pour nous, afin que nous vivions, que nous recevions, par grâce la vie éternelle.

La manifestation de l’œuvre de Dieu, de la gloire de Dieu n’a pas pris fin lors de l’Ascension, lors du départ de notre Seigneur dans la gloire auprès de son Père, car il a envoyé son Esprit-Saint pour nous garder et nous enseigner dans la vérité, afin que notre joie demeure.

Le Seigneur accomplit son œuvre en notre faveur. Mais parfois, nous avons du mal à saisir ce que Dieu veut faire dans nos vies, en quoi ce qui nous arrive fait partie de son œuvre pour nous.

En fait, Dieu nous connait parfaitement et il sait ce qui doit être changé dans nos vies. Nous aussi, comme les hébreux, nous râlons parce que les choses ne se mettent pas en place comme nous l’aimerions, parce que des choses existent que nous aimerions ne pas voir, ne pas connaitre, parce que nos vies ne sont pas aussi sanctifiées qu’elles devraient l’être, parce que nous avons cette sensation d’être passés à côté de quelque chose.

Moïse aussi a dû avancer sur le chemin de la sanctification. Il a commencé par dire à Dieu, au buisson ardent, qu’il n’était pas capable de le servir, d’accomplir la mission qu’il voulait lui confier. Mais contrairement à nous, Dieu n’a pas lâché prise et il a conduit Moïse pendant des dizaines d’années. Moïse a été à l’écoute de Dieu et a mené une vie de sanctification.

Nous aussi sommes appelés à nous sanctifier, à bien compter nos jours, à appliquer nos cœurs à la sagesse.

Dans le désert, le peuple avait Moïse pour le conduire.

Aujourd’hui, nous avons le Saint-Esprit qui habite en nous. Nous sommes le temple du Saint-Esprit. Si Dieu fait sa demeure en nous, comment ne pas nous sanctifier, être une demeure sainte.

Que Dieu manifeste sa gloire dans nos vies afin que son œuvre y soit manifestée. Que sa grâce soit sur nous.

Que l’ouvrage de nos mains soit affermi par le Saint-Esprit. Que Dieu nous sonde et nous émonde, qu’il nous façonne selon sa volonté.

Que nous nous réjouissions chaque jour dans sa présence, que nous nous tenions devant lui à son écoute et que notre sagesse grandisse auprès de lui car il n’y a qu’auprès de lui que la véritable sagesse existe.

Lui seul peut nous transformer à l’image de son Fils.

Tout comme Moïse a obéi à la voix de Dieu, tout comme Jésus-Christ a tout accompli pour nous, soyons humbles et reconnaissons nos limites afin que dans notre faiblesse Dieu nous utilise pour sa gloire.

Si Moïse a dit dans sa prière : « Reviens Eternel ! Jusques à quand ? … aie pitié de tes serviteurs ! »

Jésus répond à la fin de l’Apocalypse (Apo 22 :20-21) : « Oui, je viens bientôt, Amen, Viens Seigneur Jésus. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous ! Amen ! ».