
Le cadeau des Mages
Ce texte est lu une fois par an, à l’occasion de l’Epiphanie. Il est tellement connu qu’il finit par être survolé et ne représenter qu’une sympathique histoire avec trois personnages qui sont ajoutés à la crèche alors qu’ils n’ont rien à y faire.
Mais un texte biblique a toujours quelque chose à dire. La Parole parle en tout temps.
Matthieu commence par indiquer la naissance de Jésus et le lieu de sa naissance. Il est important de préciser ces choses car elles expliquent pourquoi les mages ont entrepris ce voyage et pourquoi ils suivent cet itinéraire.
21 Attache-toi donc à Dieu, et tu auras la paix ; Tu jouiras ainsi du bonheur. 22 Reçois de sa bouche l’instruction, Et mets dans ton coeur ses paroles. 23 Tu seras rétabli, si tu reviens au Tout-Puissant, Si tu éloignes l’iniquité de ta tente.
24 Jette l’or dans la poussière, L’or d’Ophir parmi les cailloux des torrents ; 25 Et le Tout-Puissant sera ton or, Ton argent, ta richesse. 26 Alors tu feras du Tout-Puissant tes délices, Tu élèveras vers Dieu ta face ; 27 Tu le prieras, et il t’exaucera, Et tu accompliras tes voeux. 28 A tes résolutions répondra le succès ; Sur tes sentiers brillera la lumière. 29 Vienne l’humiliation, tu prieras pour ton relèvement : Dieu secourt celui dont le regard est abattu. 30 Il délivrera même le coupable, Qui devra son salut à la pureté de tes mains.
1 Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, 2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.
3 Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4 Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ. 5 Ils lui dirent : A Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète : 6 Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple.
7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. 8 Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.
9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. 10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. 11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12 Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Matthieu mentionne que les mages viennent d’Orient.
Ici, une parenthèse.
Il est juste de se demander de quel Orient il s’agit, du Proche-Orient, du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient ? A l’époque de Jésus, cette différenciation n’existait pas. Il y avait l’Orient et rien de plus. Du temps de Matthieu, l’Orient se situe toujours à l’est de l’endroit où l’on se trouve et Matthieu s’exprime en fait de ce que l’on appelle aujourd’hui le Moyen-Orient.
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Il ne sera parlé d’Extrême-Orient que lorsque la route de la soie sera exploitée. De plus, rares sont ceux en Israël qui se sont rendus dans des contrées aussi lointaines.
Un seul Orient existe donc, il s’agit de la Mésopotamie et de la Perse, soit de l’Irak et de l’Iran actuels. Les Juifs connaissent bien cet Orient là car, d’une part, leurs ancêtres y ont été déportés, et d’autre part, parce que la Mésopotamie est le pays de naissance d’Abraham.
De plus, les liens avec ces pays sont étroits car le commerce y est florissant et l’araméen, la langue de Jésus, est la langue diplomatique de l’époque.
De même, il faut se rappeler que bien des Juifs exilés à Babylone, en Mésopotamie, ne sont pas retournés en Israël après la fin de l’exil.
Les Ecritures rappellent que, lors des fêtes juives au Temple, les Juifs de la diaspora, dont la Mésopotamie et la Perse, venaient à Jérusalem pour adorer. Cela est d’ailleurs mentionné dans le livre des Actes lors de la première Pentecôte chrétienne. Ac2.9
Refermons la parenthèse et revenons à nos mages venus d’Orient.
Qui sont les mages ?
Il est peut-être utile de préciser que le mot mage vient du mot persan « magis ». Il semble que les mages aient été des disciples de Zarathoustra auquel était attribuée la science de l’astrologie. Nos mages étaient donc réputés être des astrologues. Aujourd’hui, ils seraient plutôt appelés astronomes, afin de les différencier avec les diseuses de bonne aventure.
Une question peut aussi se poser. Les mages ont-ils consulté des Juifs qui vivaient en Orient ? Etaient-ils au courant des prophéties ? Nul ne peut répondre à une telle question et, quand bien même les mages auraient été instruits des prophéties, ils ne savaient nullement le temps de leur accomplissement.
Les mages se sont mis en route. Ils partent à la rencontre du Roi des Juifs. Un tel voyage demande des préparatifs, de l’organisation et du temps. Ce voyage s’est effectué à dos de chameau. Autant dire qu’il a fallu du temps et qu’au niveau du confort, il y avait à redire.
Il leur a fallu une foi extraordinaire car, disent-ils, en arrivant à Jérusalem « Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer. »
Les mages viennent de faire un long voyage mais ne savent pas précisément où Jésus est né. Il est toutefois étonnant d’entendre ces mages demander où est le roi. Cette question se pose plutôt pour son propre roi, pour son propre pays. Eux, viennent de parcourir une distance incroyable pour venir à la rencontre d’un roi, et qui plus, qui vient de naître, dont ils ne connaissent pas même les parents.
Un autre point qui revêt une grande importance. Ils viennent de loin pour adorer un roi et nul n’est au courant que le roi est né. Comment des habitants d’un autre pays peuvent-ils venir pour annoncer que le roi d’un peuple autre que le leur vient de naître ?
N’est-ce pas Israël qui a reçu la lumière de Dieu pour éclairer les nations ?
N’est-ce pas Israël qui a reçu les prophéties ?
Etait-ce aux mages de venir d’Orient pour adorer le Roi des Juifs ou aux Juifs d’aller en Orient pour annoncer la bonne nouvelle ?
Tout semble se construire en dépit du bon sens. Mais n’est-ce pas ce que l’Evangile selon Jean nous dit ? « La Lumière est venue chez les siens et les siens ne l’ont point reçue. » Jn1.11
Les mages arrivent à Jérusalem et demandent où est le roi des Juifs. Il semble évident qu’on leur indique rapidement où il se trouve. Eh bien non, personne n’est au courant. Hérode qui vit dans une crainte permanente qu’on lui prenne son pouvoir s’inquiète et va consulter les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple qui l’informent que le Messie doit naître à Bethlehem, en Judée.
Cela ne pose aucun problème aux religieux qui continuent à vivre comme si de rien n’était. Cela n’est pas surprenant lorsqu’on connaît le texte de Jean mais les mages ont dû être surpris. Quant à Hérode, il ne s’y trompe pas et retourne, secrètement, auprès des mages, pour leur demander depuis quand brille l’étoile. Il demande de même, très sournoisement, à être informé afin d’aller l’adorer.
Les mages reprennent la route, ils sont presque arrivés à destination. Matthieu écrit « Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. » Mt9.11
Les mages sont venus pour adorer et offrir des présents. Ils n’arrivent pas les mains vides. Ils auraient pu, en voyant l’endroit où Jésus était, faire demi-tour et se dire qu’ils s’étaient trompés. Mais non, ils savent qu’ils sont au bon endroit. Ce n’est pas la richesse extérieure qu’ils recherchent, mais la richesse de Dieu qui se donne, l’amour et la grâce de Dieu qui se révèlent à leurs yeux. Ce sont les yeux de leurs cœurs qui sont ouverts, pas les yeux qui recherchent une vaine gloire, une vaine richesse qui n’apporte rien, qui ne produit rien. Tout ce chemin parcouru n’avait pour but que d’adorer et donner. Mais Dieu a fait plus, ils ont vu, ils ont reçu.
Les mages se tiennent devant cet enfant. Ils ne voient pas le décor, ils voient bien au-delà du petit enfant.
Les présents qu’ils offrent le prouvent, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
L’or qu’ils offrent manifeste la reconnaissance de la royauté de Jésus. C’est en observant les étoiles que les mages ont su qu’un roi était attendu, qu’il était né et ils se sont mis en chemin. Ce roi n’a rien à voir avec le roi Hérode qui détient le pouvoir et la richesse. Mais tout cela n’est que temporel. Les mages contemplent l’éternité en adorant le petit enfant.
L’Epitre aux Hébreux dit « Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde. » He1.2 et « Mais il a dit au Fils: Ton trône, ô Dieu est éternel; Le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité. » He1.8
Dès lors, la peur d’Hérode est compréhensible, lui qui ne vise que sa propre gloire ne peut envisager qu’une autre gloire puisse perturber son règne.
- Le premier cadeau qu’offrent les mages est de l’or.
Les mages offrent de l’or à Celui qu’ils ont reconnu comme le Messie, mais nous, que pouvons-nous lui offrir ?
- Quel « équivalent or » pouvons-nous offrir à Dieu ?
Posons-nous la question, quelle est la chose qui a le plus de valeur à mes yeux ? A quel niveau je place mon travail ? Quelle est l’importance de mes loisirs ? Que représente le temps, l’argent, mes relations, mon réseau ? Au milieu de toutes ces choses, est-ce que j’ai encore du temps pour me mettre en route pour Dieu et l’adorer en esprit et en vérité ? Quelque chose a-t-il, inconsciemment, autorité dans ma vie ? Quelque chose est-il au-dessus du Roi des rois dans ma vie ?
Or un roi est une figure d’autorité, à plus forte raison, le Roi des rois. Est-ce que le Messie est l’autorité suprême de ma vie ?
Offrir notre équivalent or, c’est offrir nos vies, notre temps, nos ressources, nos pensées et dire, oui, Jésus, tu es mon Roi.
- Le deuxième cadeau est l’encens.
L’encens était utilisé en Israël pour honorer Dieu, lorsqu’une offrande à Dieu était faite.
En offrant de l’encens, les mages reconnaissent en Jésus la présence de Dieu en personne. Jésus est Dieu. Il est l’une des trois personnes de Dieu. Il est plus qu’un maître qui a enseigné, un rabbi, il est plus qu’un orateur, car il enseigne avec autorité, il est plus qu’un thaumaturge, car il prouve sa divinité par des signes et des miracles. Dieu a quitté son ciel de gloire pour habiter parmi les hommes. Il est dit que Jésus a tabernaclé au milieu des hommes. Le tabernacle au désert n’en était-il pas la préfiguration ?
- Quel est l’encens que je peux offrir aujourd’hui ?
Comment puis-je honorer Dieu ? Est-ce que je prie uniquement quand les choses vont mal, uniquement pour mon propre bien ? Ou est-ce que je prie aussi quand les choses vont bien, pour rendre grâce et faire monter ma reconnaissance vers Dieu ? Est-ce que je me rends au culte pour le plaisir, par habitude ou pour célébrer et honorer Dieu ? S’il est important d’être épanoui et heureux spirituellement, la priorité est d’adorer Dieu. Dans la prière, dans mes pensées, dans mes paroles, dans mes actes, dans ma vie tout entière.
- Le troisième et dernier cadeau est la myrrhe.
La myrrhe est une résine aromatique utilisée pour embaumer les morts. Ce n’est pas le cadeau de naissance habituel. Il y a de quoi se poser des questions. Comment Marie et Joseph ont-ils réagi ? Ils ont dû être surpris.
La myrrhe représente déjà la croix, la mort de Jésus qui s’offre pour l’humanité. La myrrhe est mentionnée quatre fois dans le Nouveau Testament, lors du cadeau des mages en Matthieu 2.11, à la croix lorsqu’un soldat présente à Jésus une éponge imbibée de vin et de myrrhe Mc 15.23, lorsque Nicodème se rend au tombeau pour embaumer le corps de Jésus Jean 19.39 et en Apocalypse18 :13 alors que les marchands prennent le deuil car la prostituée est détruite. La mort a changé de camp.
En Matthieu, la myrrhe est le cadeau qui représente le sang du sacrifice de Jésus.
- Quel sacrifice pouvons-nous offrir à Jésus ? Quelle est notre myrrhe ?
Il n’est pas question d’être crucifié, nous avons été crucifiés avec Christ.
Paul nous indique le sacrifice qui plait à Dieu « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. » Rm12.1
Paul dit aussi, en parlant de lui « J’ai tout reçu, et je suis dans l’abondance; j’ai été comblé de biens, en recevant par Épaphrodite ce qui vient de vous comme un parfum de bonne odeur, un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable. » Ph4.18
L’Epitre aux Hébreux nous donne aussi connaissance de sacrifices qui plaisent à Dieu « Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. He13.15-16
Offrir un sacrifice, c’est rendre un culte à Dieu, c’est marcher à la suite de Jésus et accomplir sa volonté. C’est l’adorer, le louer, confesser son nom devant les hommes.
C’est donner de ce que nous avons, c’est recevoir ce que les autres donnent, avec reconnaissance, sachant que toute chose vient de Dieu.
C’est de tels sacrifices qui nous permettent de grandir dans la foi et d’accomplir des œuvres bonnes pour la gloire de Dieu.
Comme les mages qui se sont mis en route pour adorer le Roi des rois et ont avancé sur un chemin inconfortable, comme les mages qui sont restés fidèles jusqu’au bout et ont vu le Roi de gloire de leurs yeux et ont été dans la joie, nous, de même, qui sommes sur la route qui conduit à Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, marchons sur le chemin que Dieu nous montre, marchons à la suite de Jésus car, dit le psalmiste « Ta parole est une lampe à mes pieds, Et une lumière sur mon sentier. » Ps119.105 et encore « Car auprès de toi est la source de la vie; Par ta lumière nous voyons la lumière. » Ps36.9
Comme ces mages qui ont déposé de leurs richesses au pied de Jésus et qui se sont enrichis de sa présence, apprenons chaque jour à faire de même.
Enrichis, joyeux, les mages sont repartis chez eux par un autre chemin. Le discernement leur a été donné par un songe. En effet, la Parole nous dit « Puis, divinement averti en songe, de ne pas retourner vers Hérode, Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. » Mt2.12
Lorsque nous arrivons par un chemin et que nous rencontrons Christ, nous repartons par un autre chemin qui conduit dans la présence de Dieu, qui conduit à la vie éternelle. N’est-ce pas ce qui est arrivé aux mages ?
Ils sont retournés chez eux le cœur transformé par la présence glorieuse de Dieu fait chair.
Lorsque le Père nous attire à Jésus, le Rédempteur, nous sommes transformés. Notre esprit change, nos pensées changent, nos attitudes changent, nos paroles changent, nos actes changent, nos centres d’intérêt changent. N’est-ce pas le cas pour chacun d’entre nous ?
Et ce changement que Dieu opère dans les cœurs fait que nous marchons en nouveauté de vie, à la suite de Jésus, lumière du monde, de l’univers.
A Dieu soit toute la gloire.
Amen.