Le pharisien et le publicain

La parabole qui vient d’être lue suit celle du juge inique Lc18.1-8. La pointe de la parabole est de prier avec persévérance.

La parabole qui suit est introduite par cette phrase «  Il dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu’elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres: » ici, la pointe de la parabole est de prier humblement.

Luc 18 : 9-14

9 Il dit encore cette parabole, en vue de certaines personnes se persuadant qu’elles étaient justes, et ne faisant aucun cas des autres: 10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre publicain. 11 Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain ; 12 je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. 13 Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel; mais il se frappait la poitrine, en disant: O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. 14 Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé.

Les deux paraboles se suivent et se complètent.

Ce matin, c’est sur la prière humble que portera la méditation.

La parabole commence ainsi « Deux hommes montèrent au temple pour prier, l’un était pharisiens et l’autre publicain ».

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Jésus met souvent en parallèle ces deux catégories de personnages. Les pharisiens étaient des juifs orthodoxes et légalistes qui s’enorgueillissaient de leur stricte observation de la loi de Dieu.

Quant aux publicains, biens que juifs, ils étaient considérés comme des gens sans scrupules. Ils été considérés comme des collaborateurs de la Rome impériale car ils collectaient les impôts pour César tout en faisant leur une partie des sommes récoltées. De fait, ils étaient riches, comme l’était Zachée appelé à la repentance par Jésus, ou même l’apôtre Matthieu.

Le pharisien représente l’homme soucieux de la respectabilité, de sa réputation, de l’image qu’il renvoie.

Le publicain représente l’homme rejeté, à la réputation douteuse, qui renvoie une mauvaise image. Ici, le publicain est écrasé par le poids de son péché.

Pour le pharisien, il serait impensable de manquer l’heure de la prière au temple. N’est-ce pas là sa place ce serviteur zélé de Dieu ?

Pour le publicain, il lui est difficile de venir au temple pour prier. Il ne semble pas à sa place, ce vendu à Rome.

Le pharisien a pour habitude de monter au temple alors que le publicain ne vient que parce que son péché est trop lourd à porter et qu’il veut le présenter à Dieu.

Ici, Jésus présente deux types de personnes avec deux types de prières bien différentes.

  • Comment se comporte le pharisien dans sa prière :

La prière du pharisien montre qu’il se considère comme juste. Il faut rappeler comment Jésus percevait les pharisiens qui ne cherchaient qu’à se montrer, à être reconnus, à avoir une réputation excellente. C’est pour cela que Jésus dit d’eux « lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aime à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des hommes… ».Mt6.5

Ce n’est pas la posture du pharisien qui pose problème mais le contenu de ce qu’il croit être une prière de reconnaissance à Dieu.

Il fait remarquer à Dieu tout ce qu’il fait de bien afin que Dieu l’agrée.

Ce qu’il fait ne pose pas problème en soi, bien au contraire, mais l’orgueil qu’il en conçoit pose un réel problème. Il se justifie lui –même devant Dieu, il se considère comme juste pour Dieu.

Aucune remise en question n’est présente. Il n’a pas à se repentir puisqu’il est, pour ainsi dire, « parfait ».

Alors, quel est son problème ? Trois choses peuvent être soulignées quant à ce pharisien que Jésus présente dans la parabole.

Sa prière n’est pas une prière mais une glorification de sa personne.

  • 1- Il prononce le nom de Dieu, semble le louer, mais pas pour ce que Dieu est, un Dieu compatissant, un Dieu d’amour, de pardon, d’écoute …. Non, le pharisien loue ce qu’il est personnellement et il tient à le rappeler à Dieu. Sa prière n’est pas une communion avec le Dieu vivant mais une communion à lui-même.

Dieu n’a aucune place dans sa prière d’auto-reconnaissance.

  • 2- Il se compare aux autres et émet par là même un jugement, voire une condamnation, puisque ces gens sont présentés comme inférieurs, car pécheurs. « O Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes». Il fixe les yeux sur les autres mais prend bien soin de ne pas se comparer aux grands serviteurs du Livre : Moïse, Samuel, ou Elie.

Non, pour se glorifier, rien de tel que de parler des « ravisseurs injustes, adultères », et même, de « ce publicain » qui se tient non loin de lui.

Ici, ni culpabilité, ni compassion, juste une autosatisfaction de ce qu’il croit être. Il n’a donc pas besoin de se repentir, de demander pardon à Dieu. La perfection qu’il perçoit en lui n’appelle pas à la repentance, il est juste. En fait, il ne cherche aucunement la face de Dieu.

  • 3- Il rappelle comment il met en pratique certaines exigences de la Loi de Dieu : « Je jeûne deux fois par semaine, je donne la dîme de tous mes revenus ». Ici, on pourrait dire quel saint homme, il se veut séparé de ce qui est impur, et notamment du publicain, ce pécheur misérable.

En fait, il est séparé de Dieu qu’il ne peut rencontrer, il ne prie pas et n’élève pas de louange de reconnaissance ni de prière de repentance. Son attitude orgueilleuse le sépare de ceux qu’il croit inférieurs mais le sépare aussi de Dieu qu’il ne révère pas, qu’il n’honore pas.

Cet homme s’est mis sur un piédestal. Dans sa relation à lui-même et dans sa relation à l’autre, il est en rupture, et c’est bien là son péché ! Il veut tellement se justifier par ses actes et la mise en pratique de la loi qu’il en oublie l’essentiel. Il devient méprisant vis-à-vis de son prochain.

Et c’est ce que Jésus reproche aux pharisiens « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité: c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. » Mt23.23

Pour s’élever devant Dieu, il abaisse son prochain, il lui dénie toute valeur. Son autojustification ne le justifie nullement devant Dieu, bien au contraire. Il prend la première place.

Par quatre fois, il dit « je » et se concentre sur sa personne. Il s’érige en exemple, comme celui auquel il faudrait ressembler pour avoir de la valeur. Il s’élève devant Dieu et s’accorde une place qui ne lui a pas été donnée.

  • Comment se comporte le publicain dans sa prière :

Le publicain se tient à distance, il se fait, comme on dit « tout petit », il n’ose pas lever la tête. Il porte tellement de culpabilité que le poids se fait sentir jusque dans sa posture.

Il n’attend rien des hommes mais espère en Dieu. Il se sait injuste, pécheur et son âme a besoin du Dieu vivant.

Cet homme ne se revendique pas juste mais pécheur, il vient au temple chercher le pardon de Dieu, l’apaisement pour son âme. Il n’ose même pas lever les yeux tant son indignité lui pèse. Il se frappe la poitrine, ce qui exprime sa douleur, sa reconnaissance d’avoir commis une faute grave. Se frapper la poitrine est un signe d’amendement, c’est la reconnaissance publique de son péché.

Ici, l’attitude du publicain n’a aucune commune mesure avec l’attitude orgueilleuse du pharisien. Il se reconnait pécheur et l’exprime par sa prière et son attitude. Il ne cherche pas à se justifier, bien au contraire.

Il n’a que faire de sa réputation. D’ailleurs, sa mauvaise réputation le précède. C’est devant Dieu, dans l’humilité, qu’il se tient. C’est de tout son être qu’il prie Dieu. Aucune hypocrisie n’est à déceler dans son attitude.

Il sait que son offense envers Dieu est grande. Mais s’il cherche l’apaisement, c’est aussi qu’il cherche le changement car comment vivre courbé, même au milieu de ses richesses, dérobées au peuple, certes, mais richesses tout de même.

Il ne dit pas qu’il y a plus pécheur que lui pour se justifier. Il ne dit pas non plus qu’il n’est pas le seul publicain et que les autres ne viennent pas pour demander pardon.

Non, il ne cherche pas d’excuse, il n’essaie de se dérober devant Dieu en invoquant le péché des autres. Simplement, il dit « O Dieu, soit apaisé envers moi qui suis un pécheur ». Il est responsable de ce qu’il est, de qui il est mais s’attend à Dieu.

Son attitude de cœur est vraie, il n’y a aucune dissimulation, aucun mensonge, aucun artifice, il se présente tel qu’il est.

Il se sait injuste et reconnait devant Dieu son péché. Il a besoin d’être relevé, restauré.

Son attitude est à l’opposé de celle du pharisien qui ne se reconnait pas pécheur mais juste et qui plus est, s’en glorifie.

Et Jésus conclut la parabole par « Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifiée, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. »

Dans la parabole, Jésus a présenté deux hommes, deux prières.

  • La conclusion de cette parabole a une portée double.

En effet, l’un est justifié plutôt que l’autre.

Pourquoi ? Parce que l’un s’est abaissé alors que l’autre s’est élevé.

En effet, le publicain s’est tourné vers Dieu alors que le pharisien, bien qu’il dise s’adresser à Dieu, s’est tourné vers lui-même.  La Bible d’étude du Semeur note que Dieu est chosifié par le pharisien qui obéit à un code rituel.

Bien que Bossuet ne soit pas en odeur de sainteté dans le protestantisme, et pour cause, il disait une chose très juste « tout l’être qui se mesure n’est rien. ».

Cette pensée pourrait s’appliquer au pharisien qui se mesure par rapport au publicain et les autres hommes.

Le publicain ne s’est pas mesuré vis-à-vis de qui que ce soit. Il a conscience de son péché et le confesse. Il représente une brebis égarée devant Dieu qui le justifie. Il est « en règle » avec Dieu.

Le pharisien s’est élevé dans son cœur et devant Dieu. Jésus le dit avec force que « quiconque s’élève sera rabaissé. » Quiconque se croit grand, se regarde comme supérieur vis-à-vis des autres n’est pas à même d’être au service de Dieu.

Cette parabole de Jésus a traversé les siècles et sa Parole a toujours quelque chose à nous dire, quelle que soit l’époque, car, comme chacun sait, le cœur de l’homme n’a pas changé. Aussi, Jésus le dit encore aujourd’hui « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. »

L’Apôtre Paul ne nous dit-il pas la même chose, lui qui ne fait qu’imiter le Christ ? Dans la Bible Segond il est écrit « Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui. » 1Co10.24

Le pharisien qui connaissait la Parole de Dieu aurait donc dû prendre en compte l’intérêt de ce publicain. Mais comme le dit encore Jésus, en parlant des pharisiens « Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent; mais n’agissez pas selon leurs œuvres. Car ils disent, et ne font pas. » Mt23.3

Cette parabole parle du salut par la grâce. Le pharisien ne connait pas la grâce de Dieu, alors que le publicain, qui ne promet rien, reçoit la grâce de Dieu.

Ce ne sont pas nos mérites et nos bonnes actions faites devant les hommes pour être reconnues qui donnent la grâce. Dieu seul peut nous l’accorder, Dieu seul peut nous justifier.

Il faut se demander quel regard nous posons sur ceux qui nous entourent, quel témoignage nous donnons, non pas avec de belles paroles, mais avec des actes dictés par la volonté de Dieu, qui montrent la grâce de Dieu, qui montre sa miséricorde.

En se regardant tels que nous sommes vraiment, sans aucun mérite, cela nous conduit à plus d’humilité et à poser sur notre prochain un regard favorable.

Lorsque nous venons devant Dieu, dans la prière, celle-ci doit être empreinte d’humilité. Nous devons avoir un regard lucide sur nous-mêmes car tous, nous sommes pécheurs. Dès lors, nous pouvons aimer notre prochain comme nous-mêmes et chercher son intérêt.

Sachons entendre ce que Jésus a à nous dire et ne détournons pas le regard car si nous nous comportons comme un pharisien, rappelons-nous ce que Jésus leur a dit à plusieurs reprises « malheur à vous ».

Or, ce que Dieu veut de chacun d’entre nous, c’est une attitude humble et reconnaissante qui nous conduit à des relations vraies et aimantes afin de ressembler à Christ.

Que toute la gloire revienne à Dieu qui nous enseigne à nous abaisser afin d’être élevé.

Amen.

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