
Les béatitudes, portrait de Jésus
Heureux … c’est ainsi que Jésus commence son Sermon sur la montagne. Ce mot « heureux » commence souvent un Psaume ou un Proverbe, dans l’Ancien Testament.
Ce même mot se lit aussi dans le livre de l’Apocalypse qui contient sept béatitudes.
Ce que l’on appelle le « sermon sur le montagne » ne comprend pas que les Béatitudes mais vingt-cinq enseignements de Jésus, sans compter l’admirable prière qu’il nous a laissée, le « Notre Père ». Ce sont trois chapitres mais notre attention se porte le plus souvent sur les « Béatitudes », soit huit versets !
1 Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. 2 Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit :
3 Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! 4 Heureux les affligés, car ils seront consolés ! 5 Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre ! 6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! 7 Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! 8 Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu! 9 Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! 10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! 11 Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. 12 Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
10 Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement, ma conduite, mes résolutions, ma foi, ma douceur, ma charité, ma constance, 11 mes persécutions, mes souffrances. A quelles souffrances n’ai-je pas été exposé à Antioche, à Icone, à Lystre? Quelles persécutions n’ai-je pas supportées? Et le Seigneur m’a délivré de toutes. 12 Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. 13 Mais les hommes méchants et imposteurs avanceront toujours plus dans le mal, égarant les autres et égarés eux-mêmes. 14 Toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant de qui tu les as apprises; 15 dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. 16 Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, 17 afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Les « Béatitudes sont une base incontournable de l’enseignement de Jésus dans l’Evangile selon Matthieu. C’est le socle de ce qui suit.
En lisant ces huit Béatitudes, il est aisé de comprendre qu’elles sont le portrait de Jésus. C’est Jésus qui apparaît au travers de ces « Béatitudes », elles le reflètent totalement. Jésus est Celui qui les a toutes accomplies, vécues.
Lorsqu’un chrétien veut méditer ces Béatitudes, il doit voir et comprendre comment Jésus a vécu chacune d’entre elles.
Il est possible de penser que les « Martyrs de Meaux » ont médité les Béatitudes, et chacun d’entre eux, les 14 qui ont donné leurs vies pour l’Evangile ont compris ce que signifiait, marcher à la suite de Jésus.
Les Evangiles sont la démonstration des béatitudes dans la vie du Christ qui se montre comme LE modèle à suivre, comme LE modèle de pauvreté, de douceur, de paix, de pureté, de miséricorde, de serviteur persécuté, de martyr…
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Lors de la passion, Jésus montre la portée des Béatitudes, notamment lorsqu’il demande à son Père de pardonner ses bourreaux « Père pardonne leur car ils ne savent ce qu’ils font » Lc23.34 ou lorsqu’un des crucifiés dit « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même et sauve-nous ! ». Dans un tel moment de douleur, d’injustice, Jésus ne manifeste aucune colère, aucune menace, aucun désir de vengeance, y compris pour la foule et les romains. Seule sa miséricorde est visible. L’Apôtre Pierre parle de Jésus en ces termes « Lui qui injurié, ne rendait point d’injures, maltraité ne faisait point de menaces. » 1Pi2.23
Sur la croix, Jésus est le martyr par excellence. En grec « Martus » et « Marturion » signifie « témoin ». « Martus », est le terme donné à celui qui va jusqu’à se laisser tuer en témoignage de sa foi, plutôt que de la renier.
Beaucoup de martyrs ont jalonné le cours des siècles, ont conservé la foi en Dieu, et ont vécu une béatitude particulière, qu’il s’agisse des prophètes, des Apôtres ou des chrétiens qui ont marché à leur suite, tel Etienne qui a été lapidé et qui, les regards fixés sur Christ a pu dire, comme Christ « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » Ac7.60
Cette prière va être exaucée et nous connaissons un bénéficiaire de cette prière, quelqu’un à qui ce péché n’a pas été compté : Saul de Tarse, le futur Apôtre Paul, l’apôtre des nations, le plus beau fruit du pardon d’Étienne.
Les actes des Apôtres, la tradition chrétienne et l’histoire de l’Eglise montrent que les persécutions et les martyrs n’ont jamais cessé. Polycarpe est l’un d’entre eux et a été brulé vif, au deuxième siècle, sous le règne de l’empereur Marc Aurèle.
Plus proche de nous, Jean Hus, théologien universitaire et réformateur religieux tchèque, considéré comme le précurseur du protestantisme, a été brulé à Constance, dans le royaume de Bohême, en 1415.
Des guerres de religions se sont déroulées dans le royaume de France de 1562 à 1598 entre catholiques et Huguenots.
En 1702, la guerre « des camisards » qui s’est déroulée dans les Cévennes et le Bas-Languedoc, sous le règne de Louis XIV, suite à la révocation de l’Edit de Nantes, n’a réellement pris fin qu’en 1711.
Ici, à Meaux, le 8 septembre 1546, soixante personnes sont réunies chez Etienne MANGIN. Pierre LECLERC, récemment institué pasteur officie dans le grenier. Quelques personnes viennent les arrêter. Ils se livrent sans se rebeller. Pierre LECLERC dira « allons où il plait au Seigneur ».
Le 8 octobre 1546, 14 d’entre eux sont brulés vifs sur la place du marché.
Afin qu’ils ne témoignent pas du Christ, il leur a été arraché la langue avant de les exécuter.
Prenons le temps de lire ensemble leurs noms car ils nous ont précédés dans le Royaume de Dieu :
Pierre LECLERC (pasteur), Estienne MANGIN, Jacques BOUCHEBEC, Jean BRISEBARRE, Henry HUTINOT, Thomas HONORE, Jean BAUDOUIN, Jean FLECH, Jean PIGUERY, Pierre PIGUERY, Jean MARTELON, Philippe PETIT, Michel CAILLON et François LE CLERC.
La puissance de la Parole est telle, que ceux qui vivent dans les ténèbres ont voulu s’assurer, par tous les moyens, que la Parole ne soit pas proclamée.
Et aujourd’hui ? Les martyrs sont hors de nos frontières mais existent toujours et meurent à cause de leur foi en Christ.
Pas plus tard que la semaine dernière, Portes Ouvertes (association au service des chrétiens persécutés) a consacré sa revue mensuelle à l’Eglise persécutée en Corée du Nord.
Voici ce qu’un chrétien Nord-Coréen déclare « Nous prions de pouvoir faire la volonté de Dieu quelle que soient les situations. Et si nous devons mourir, nous mourrons ».
Mais il n’y a pas qu’en Asie que la persécution sévit. Elle se trouve dans les pays musulmans, en Afrique, dans certains pays d’Amérique latine. (je vous invite à consulter la carte affichée au fond de l’Eglise)
Comme vous le voyez et l’entendez, les martyrs existent toujours. Ils vivent cette persécution à cause du Christ. Jésus avait prévenu que ceux qui le serviraient seraient persécutés « Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Mt10.22
Tous ceux qui sont morts pour Christ devaient avoir à l’esprit les huit béatitudes qui ont été lues. Elles leur auront donné du courage et auront affermi leur foi au moment fatidique.
Mais avez-vous remarqué que seules, deux béatitudes sont au présent, que deux promesses concernent un acquis dès maintenant, et cet acquis n’est autre que le Royaume de Dieu
La première béatitude affirme « Heureux Les pauvres en esprit car le royaume de cieux est à eux. »
Quant à la huitième, elle affirme aussi « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice car le royaume de Dieu est à eux. »
Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont pauvres en esprit et qui sont persécutés pour la justice. Ils ont obéi à Jésus qui a dit « Cherchez premièrement le Royaume et la justice de Dieu et toutes ces choses vous serons données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car à chaque jour suffit sa peine. » Mt6.33-34
Pour tous ces chrétiens il n’y a aucune mesure entre la persécution momentanée et le Royaume éternel. Par la foi, et non par la vue, ils ont fait leur choix, avec l’aide et le soutien de Dieu, et le Royaume des cieux, de Dieu est à eux.
Il ne semble pas nécessaire ici de rappeler qu’il ne faut pas confondre la persécution pour la foi en Christ solidement établie et les petits harcèlements humains qui viennent ombrager nos journées. Le discernement et la sagesse de Dieu montrent à tout chrétien ce qu’il vit réellement. Pour cela, comme il a été dit la semaine dernière, il faut prier et sonder les Ecritures.
Le royaume de Dieu a été inauguré par le Christ, lors de sa première venue, le Royaume de Dieu est au milieu de nous, déjà en partie, mais pas encore complètement. Chacun est invité à le chercher et à le trouver dans la foi et la persévérance, et ce, jusqu’au retour de notre Sauveur et Seigneur.
Il est vrai que dans le temps présent, comme le dit Jésus que « Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à frapper les regards. On ne dira point : Il est ici, ou: Il est là. Car voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » Lc17.20-21
Ici, il faut souligner deux choses.
- En premier lieu: la persécution est une conséquence de la vie chrétienne que tout chrétien doit vivre.
Dans les Béatitudes, Jésus parle de chrétiens conformes au Royaume de Dieu, ou, qui se mettent en conformité, jour après jour, avec le Royaume de Dieu.
Les Béatitudes ne permettent pas de choisir ce que l’on veut, de faire un mixe… un peu de débonnaire, un peu de pauvre en Esprit, un peu de pur et de paisible, puis avec un peu de persécution, que dis-je ? Ah non ! Pas d’un peu de persécution, ce n’est pas pour moi !!!
Oui, mais voilà, un chrétien qui vit l’Evangile EST persécuté.
Aujourd’hui, ce n’est pas sur un bûcher, la persécution est plus insidieuse et peut, sans même qu’un chrétien s’en aperçoive, l’éloigner de la Parole, de la prière, de l’Eglise. Le chrétien peut se retrouver mis au ban de la société, d’une bande de copains, de collègues. Un peu de pression peut le faire vaciller s’il n’est bien établi dans la Parole de Dieu, si sa foi est vacillante.
Timothée est très clair sur le sujet et écrit « Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus Christ seront persécutés. » 2Tm3.12
Le choix appartient à chacun, ou le bien être temporel ou le Royaume de Dieu.
- En second lieu: la persécution provient de notre foi qui induit une manière de vivre différente.
Une opposition entre deux visions du monde s’affronte et ces deux visions sont incompatibles.
La persécution ne doit pas être un sujet de peur, de crainte. Paul, qui a été persécuté tant et plus écrit « Qui nous séparera de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée? … Mais dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. » Ro8.35&37
L’exigence qui apparaît dans les Béatitudes pourrait faire reculer tout un chacun mais avec Christ à nos côtés, tout est possible ! Ne nous a-t-il pas donné le Saint-Esprit qui conduit dans la vérité ?
Dans les Béatitudes, Christ se dépeint lui-même. On peut dire de lui qu’il est « heureux » car, si vous permettez l’expression, il coche toutes les cases… Il est parlé de Jésus crucifié et ressuscité.
Sur la croix, Jésus vit la première béatitude, qui le conduit, comme un enchainement, vers les 7 autres.
- Jésus, pauvre en esprit
Jésus a été pauvre en esprit durant toute sa vie. Mais sur la croix, il vit la pauvreté extrême de l’abandon à cause du péché. Il perd ce qui constitue son être même, la communion permanente avec son Père et cela afin de réconcilier l’homme avec Dieu son Père. Il s’anéantit sur la croix pour nous.
C’est par la pauvreté qu’il a vécue à la croix que nous recevons la force et le courage d’aimer les pauvres, les exclus, les abandonnés.
Abandonné à la croix, Jésus devient pauvre, parmi d’autres pauvres hommes. C’est à la croix qu’il est le plus proche de l’homme pécheur pour lequel il meurt. Mais en même temps, c’est à ce moment qu’il est aussi, pourrait-on dire, en proximité avec le Père, car c’est par obéissance, par amour pour son Père qu’il est dans une telle situation. C’est ce qui lui fait dire, je remets mon Esprit entre tes mains.
De pauvre, il est devenu riche et a acquis une place comme nulle autre pareille. En effet, Jésus, « en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. » Hé12.2
A cause de son obéissance parfaite, de son sacrifice « Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom. » Ph2.9
- Jésus a été le plus doux, mais maintenant il domine sur la terre entière.
- Jésus a été affligé à l’extrême, mais maintenant il vit la consolation de la présence lumineuse du Père et il nous la transmet.
- Jésus a accompli toute justice, mais maintenant il rassasie ceux qui la recherchent.
- Jésus a été persécuté à l’extrême, mais maintenant il vit dans une allégresse sans fin.
Sur la croix, Jésus a pleinement accompli le commandement le plus important, c’est-à-dire aimer Dieu et son prochain.
Jésus crucifié et ressuscité est devenu le chemin qui mène à Dieu. Comme il l’a dit lui-même, « Je suis le chemin la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi » Jn14.6
Si nous marchons sur son chemin, si nous gardons les regards fixés sur lui par le Saint-Esprit, alors, il nous fera vivre les Béatitudes, mais sans en choisir une plus que l’autre !
Frères et sœurs, n’oublions pas les martyrs de tous les temps, ceux qui ont permis, par le Saint-Esprit, que la Parole soit encore entre nos mains et dans nos cœurs aujourd’hui.
Restons vigilants et prions pour que la Parole soit encore et toujours proclamée.
Permettez-moi de finir par deux strophes de « la Cévenole » qui nous remémore ce qu’ont enduré nos martyrs en France, dans les Cévennes pour continuer à adorer Dieu conformément à sa volonté.
Que l‘on puisse s’approprier ces paroles pour nos vies aujourd’hui.
– strophe 1 –
« Dans quel granit, ô mes Cévennes,
Fut taillé ce peuple vainqueur ?
Quel sang avaient-ils dans les veines ?
Quel amour avaient-ils au cœur ?
l’Esprit de Christ était la vie
De ces pâtres émancipés,
Et dans le sang qui purifie
Leurs courages étaient trempés.
– strophe 2 –
Cévenols, le Dieu de nos pères
N’est-il pas notre Dieu toujours ?
Servons-le dans les jours prospères
Comme ils firent aux mauvais jours ;
Et, vaillants comme ils surent l’être,
Nourris comme eux du pain des forts,
Donnons notre vie à ce Maître
Pour lequel nos aïeux sont morts ».
A DIEU seul soit toute la gloire. Amen.