
Les noces de Cana
Qui n’a jamais entendu parler des noces de Cana !
Ce passage relate le premier signe accompli par Jésus, la transformation de l’eau en vin.
Pourquoi Jésus a-t-il commencé son ministère par ce signe ?
Pourquoi Jésus répond-il de la sorte à sa mère lorsqu’elle lui dit « ils n’ont plus de vin » et qui, sans tenir compte du propos de son fils dit aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira» ?
Qu’espère Marie dans son cœur ?
Jean 2 : 1-12
1 Trois jours après, il y eut des noces à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là, 2 et Jésus fut aussi invité aux noces avec ses disciples. 3 Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont plus de vin. 4 Jésus lui répondit: Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue. 5 Sa mère dit aux serviteurs: Faites ce qu’il vous dira. 6 Or, il y avait là six vases de pierre, destinés aux purifications des Juifs, et contenant chacun deux ou trois mesures. 7 Jésus leur dit: Remplissez d’eau ces vases. Et ils les remplirent jusqu’au bord. 8 Puisez maintenant, leur dit-il, et portez-en à l’ordonnateur du repas. Et ils en portèrent. 9 Quand l’ordonnateur du repas eut goûté l’eau changée en vin, -ne sachant d’où venait ce vin, tandis que les serviteurs, qui avaient puisé l’eau, le savaient bien, -il appela l’époux, 10 et lui dit: Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. 11 Tel fut, à Cana en Galilée, le premier des miracles que fit Jésus. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. 12 Après cela, il descendit à Capernaüm, avec sa mère, ses frères et ses disciples, et ils n’y demeurèrent que peu de jours
Mais en premier lieu, quel est le contexte de ce passage ?
Il est écrit au début du chapitre « trois jours après » ou « deux jours plus tard » selon les versions, mais plus tard après quoi ?
La fin du chapitre précédent rapporte la rencontre de Jésus et de Nathanaël, prénom qui signifie « donné par le Seigneur » ou « don de Dieu ». Ce dernier croit en Jésus parce qu’il l’a vu sous le figuier.
Sous le figuier … traditionnellement, ceux qui étudient les Ecritures le font à l’ombre d’un figuier. Nathanaël connait les Ecritures et sait que le Messie ne peut venir de Nazareth mais doit venir de Bethlehem.
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Nathanaël est originaire de Cana, en Galilée, à l’ouest du lac de Tibériade.
C’est donc deux ou trois jours après que Nathanaël ait cru en Jésus qu’ont lieu les noces de Cana. Marie assiste au mariage. Il est probable qu’elle soit de la famille des mariés puisque la fin de l’histoire précise que les frères de Jésus étaient aussi à la noce Jn2.12. Jésus qui a décidé de rentrer en Galilée Jn1.43 est donc aussi invité. Il vient avec ses disciples, André, Simon-Pierre, Philippe et sans doute Nathanaël.
Ici, Jacques et Jean n’apparaissent pas. L’hospitalité orientale faisait que les invitations étaient faites avec beaucoup de largesse. Bien que le début de l’histoire ne le précise pas, la fin de l’histoire souligne la présence des frères de Jésus à la noce Jn2.12
Néanmoins le récit de cette noce a quelque chose d’énigmatique. Il n’est nullement fait mention des époux. Qui sont-ils, nul ne le sait. Mais est-ce là l’important ?
Les noces orientales duraient plusieurs jours et il fallait pourvoir aux besoins des convives. Oui mais voilà … un problème surgit … le vin vient à manquer.
Nul ne semble être informé de ce problème, il ne faudrait pas perdre la face vis-à-vis des convives. Pourquoi Marie est informée ? L’histoire ne le dit pas.
Et ce n’est pas Jésus qui intervient pour tenter de résoudre le problème mais Marie qui fait remarquer brièvement à Jésus « ils n’ont plus de vin ». Marie invite Jésus à intervenir, implicitement. Marie sait qui est son fils et les capacités qui sont les siennes.
Mais Jésus reprend sa mère et lui dit « est-ce toi ou moi que cette affaire concerne ? Mon heure n’est pas encore venue. » BDS ou « qu’y a-t-il entre toi et moi ? Mon heure n’est pas encore venue. » LSG
Pourquoi ?
Il faut bien comprendre que Jésus ne dépend pas de la volonté de sa mère terrestre mais de la volonté de son Père céleste.
Dans les Evangiles, Jésus dira qu’il ne fait que ce que son Père lui dit de faire. Par conséquent, ce n’est pas sa mère qui doit induire son action, son comportement. C’est ce que Jésus fait remarquer à sa mère, avec beaucoup d’égards.
Marie aurait pu se taire, mais non, elle dit aux serviteurs « faites tout ce qu’il vous dira. » La conscience que Marie a de son fils lui permet d’intervenir mais c’est Jésus qui décide.
Bien que le texte ne le dise pas, son Père céleste a dû le conduire à agir puisqu’il va accomplir le signe demandé par sa mère, mais non pas à cause d’elle mais, mais à cause de son Père.
Tout israélite observe des rites de purification avant, pendant et après les repas. Au vu du nombre de convives, des jarres dévolues à cet effet sont à la disposition de chacun d’entre eux.
Ici, six jarres de pierre sont présentes et peuvent chacune contenir entre 80 et 120 litres. Au total, cela représente environ 500 à 700 litres.
Mais pourquoi Jésus utilise t’il ces jarres et pourquoi toutes les jarres ?
Jésus ne s’adresse ni aux mariés, ni à leurs familles respectives, pas même à l’ordonnateur du repas.
Non, Jésus s’adresse aux serviteurs, ceux qui ne sont pas de la fête, ceux qui sont juste là pour servir, ceux qui, en quelque sorte sont « transparents ».
Jésus ne cherche pas à attirer les regards, il ne convoque ni les mariés, ni leurs familles, ni l’ordonnateur du repas. Il ne leur dit pas « venez et voyez » comme il l’a dit à Pierre et André au chapitre précédent. Jn1.39
Il faut noter que les serviteurs sont obéissants et remplissent les 6 jarres. Bien que le texte ne le dise pas, ils ont certainement dû se poser des questions. Bien qu’ils ne comprennent pas ce que Jésus voulait faire, ils lui ont obéi. Etait-ce à cause de son autorité naturelle ?
Rien n’est dit sur le signe que Jésus accomplit. Les serviteurs remplissent les jarres et Jésus leur dit d’en prendre un peu et d’aller l’apporter à l’ordonnateur du repas.
L’ordonnateur goûte le vin, le trouve excellent mais ne sait d’où il vient. Il appelle l’époux, et lui dit « Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon après qu’on s’est enivré; toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent. »
Les serviteurs savent ce qu’il s’est passé mais ne disent rien. Ils ont été les témoins privilégiés du premier signe de Jésus.
Il est probable que Jésus était déjà connu au regard des trois autres Evangiles. Jean présente les choses très différemment, dans un but précis.
Mais il est aussi permis de penser que Jésus accomplit ce premier signe en présence de serviteurs comme seuls témoins ainsi que de ses disciples pour une raison qu’il donne en Matthieu « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi.»
Mt11.26-27
Le signe glorieux passe sous silence et la noce continue avec près de 700 litres de vin supplémentaire.
L’ordonnateur se risque presque à dire que c’est du gâchis car les gens ont bu et sont quelque peu enivrés. Aussi, les convives ne peuvent apprécier l’excellence de ce vin.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est que Jésus révèle qui il est en accomplissant ce signe, il révèle sa gloire. La présence de Dieu en lui fait que ses disciples ont foi en lui.
Tout à l’heure il a été dit que Nathanaël a cru en Jésus parce qu’il l’a vu sous le figuier. Maintenant, ses disciples croient en lui parce qu’ils ont vu la gloire de Dieu en lui au travers de ce miracle/signe.
Jésus va former ses disciples au cours des trois années qui suivent. Ils doivent savoir et croire qui il est pour être aptes au service du Royaume.
Jésus va les enseigner, leur apprendre à lui ressembler et donc Jésus va agir en leur présence afin que leur foi s’affermisse.
Mais Jésus avait-il besoin de donner un vin d’une qualité exceptionnelle ?
Et pourquoi Jésus ne se fait pas connaître et reconnaître auprès du marié, de la famille ?
Et surtout pourquoi Jésus se sert-il d’eau pour accomplir ce signe ?
Le constat qui peut être fait en premier lieu est que Dieu est généreux, il n’a pas rempli une jarre ou deux d’un vin quelconque, non ! Il a donné avec abondance, au-delà du besoin.
Ce premier signe montre d’ores et déjà la générosité de Dieu qui donne sans compter.
En second lieu, le premier signe de Jésus est accompli lors de noces.
Or, les noces dans l’A.T. signifient la fin des temps.
Dans le NT, c’est-à-dire dans la nouvelle Alliance, Jésus est l’Epoux de l’Eglise.
Ici, la purification par les ablutions rituelles devient obsolète, ou périmée. Les jarres n’ont donc plus leur fonction et servent déjà au vin des noces de l’Agneau. Le vin nouveau est donc excellent même si les convives ne le savent pas encore, même s’ils ne peuvent encore le comprendre.
Le vin nouveau est celui de la nouvelle alliance, le vin pour les rachetés.
Deux vins apparaissent dans l’Ecriture, le vin nouveau, le vin de la grâce de Dieu et vin de la fureur de Dieu Ap14.10 ou le vin de son ardente colère Ap16.19
Dans le vin des noces de Cana, il faut voir le vin de la grâce de Dieu. Jésus lui-même dira lors de la Cène en tendant la coupe à ses disciples « ceci est mon sang, le sang de l’Alliance. »
Il dira de même « je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Mt26.28-29
Il faut aussi voir que dans le signe que Jésus accomplit, les jarres de l’ancienne Alliance sont utilisées pour annoncer la nouvelle Alliance. Il y a donc continuité entre l’ancienne et la nouvelle alliance, entre la Loi et la Grâce.
Jésus n’est d’ailleurs pas venu pour abolir la Loi mais pour l’accomplir.
Il n’y a donc aucune rupture dans l’Alliance que Dieu fait avec les hommes.
Le NT est posé sur le socle de l’AT. Certains ont voulu « gommer » « supprimer » tout ce qu’il y avait de juif dans la nouvelle alliance mais cela n’a jamais pu tenir car Dieu a un seul peuple circoncis dans la chair. C’est d’ailleurs ce que dit l’Apôtre Paul « Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. » Rm2.28-29
Cette nouvelle alliance montre aussi la grâce de Dieu dans ce récit des noces de Cana.
En effet, Jésus aurait pu accomplir seul ce signe miraculeux. Mais dans sa grâce, il donne aux hommes de participer à ce signe.
Cela est toujours vrai aujourd’hui, Jésus rend les hommes participants à l’avancement du Royaume de Dieu.
Après la noce, Jésus repart, pour quelques jours, à Capernaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples.
Le signe accompli ne semble pas être parvenu aux oreilles des convives. Il n’est pas dit que les serviteurs ont parlé et Marie s’est montré très discrète. Même les frères de Jésus ne semblent pas savoir ce qu’il s’est passé.
Ce signe peut-il parler à chacun d’entre nous aujourd’hui ?
Tout comme Jésus a voulu susciter la foi de ses disciples, Jésus veut, aujourd’hui encore, susciter la foi en nous.
Il nous a donné un cœur nouveau sur lequel est gravé sa sainte Loi. Il renouvelle notre esprit, notre intelligence et notre discernement.
Il nous nourrit de sa Parole, Lui, la Parole vivante. Il nous conduit sur le chemin qui mène auprès du Père.
Cachés en Lui, tout est possible.
Avons-nous le désir de lui donner vraiment notre vie, de lui laisser le gouvernail en toute confiance ?
Avons-nous le désir de laisser son Esprit-Saint accomplir l’œuvre qu’il a préparée d’avance pour chacun d’entre nous ?
Dans sa Parole, nous voyons tous les signes miraculeux qu’il a accomplis pour nous jusqu’à donner sa vie pour notre rachat, pour notre rançon.
Jésus nous affirme que le Royaume de Dieu s’est approché de nous, qu’il est en nous, en avons-nous vraiment conscience ?
Il faut être transparents et honnêtes avec Dieu et se demander quels sont les signes dans nos vies qui montrent que nous appartenons à l’Eglise de Christ, que nous sommes l’Epouse de Christ ?
Ne nous faut-il pas encore apprendre à fléchir le genou devant Dieu et reconnaître notre impuissance à transformer quoi que ce soit dans nos vies qui amène une vraie paix intérieure et extérieure, une vraie joie et de l’amour en abondance.
Christ ne nous a-t-il pas dit « demeurez en moi et je demeurerai en vous » et aussi « sans moi, vous ne pouvez rien faire ».
Reconnaissons que nous sommes encore rebelles et déposons nos vies entre les mains de Celui qui peut tout.
Jésus nous a donné un signe du Royaume et de sa royauté en transformant l’eau en vin, en nous offrant, par grâce, la vie nouvelle.
En nous faisant participer à la nouvelle Alliance, il nous fait entrer dans la vie nouvelle, la vie éternelle.
Apprenons à marcher en nouveauté de vie, apprenons à contempler notre Seigneur qui ne nous cache rien, qui nous montre sa gloire.
Que le Nom de l’Eternel soit béni à jamais. Amen