Naître de nouveau

Je m’appelle Nicodème.

Enfin, non, rassurez-vous, je n’ai pas changé de prénom, je m’appelle toujours Eric, le prénom que mes parents m’ont donné à ma naissance, mais lorsque je relis ce chapitre de l’Evangile de Jean, je me dois de reconnaître que je me serais beaucoup retrouvé dans l’attitude de Nicodème, à cette époque.

Je ne me prends pas non plus, rassurez-vous, pour un prêtre du Temple de Jérusalem, membre de cette auguste assemblée, tenant de l’orthodoxie juive.

Je serais très certainement parmi celles et ceux qui sont interpellés par cet étrange personnage qui parcourt les routes de la Galilée, et qui cherche, selon lui à révéler à ses contemporains la véritable teneur des commandements du Seigneur.

Jean 3 : 1-21

1 Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, 2 qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit : Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu ; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui. 3 Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. 4 Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ?

5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. 6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. 7 Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. 8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. 9 Nicodème lui dit : Comment cela peut-il se faire ? 10 Jésus lui répondit : Tu es le docteur d’Israël, et tu ne sais pas ces choses ! 11 En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; et vous ne recevez pas notre témoignage. 12 Si vous ne croyez pas quand je vous ai parlé des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes? 13 Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.

14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, 15 afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. 17 Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. 18 Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. 19 Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. 20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées ; 21 mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu.

Car ce qu’il dit est pour le moins troublant, au point de faire sourciller ces gardiens vigilants des textes de l’Alliance, des petits et des grands prophètes, de la Loi lévitique, celle qui ne souffre d’aucune interprétation fallacieuse.

Et lui, ce Jésus, se permet de nuancer les Ecritures, de les réinterpréter. Et en plus, il baptise, enseigne, change l’eau en vin à ce qu’on dit ! Mais ce qui est plus grave, et qui fit grand bruit en ville, c’est qu’il a chassé sans ménagement les marchands établis depuis longtemps au Temple pour y vendre les produits nécessaires aux sacrifices, osant insinuer que ces gens faisaient de cette enceinte sacrée une maison de commerce !! Et qu’il reconstruirait le Temple en trois jours, alors qu’il a fallu 46 ans pour le bâtir.

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Mais ce qui n’est guère tolérable, et si cela continue ainsi, il va falloir sévir, car depuis quelques temps, de plus en plus de gens l’écoute !!
Nicodème semble considérer Jésus comme un prophète particulier, fort d’arguments solides, se référant aux textes sacrés avec aisance.
Avouons que nous serions certainement troublés par ce Jésus, si nous vivions en Galilée, à cette époque.
Alors, chers Soeurs et chers Frères de l’Eglise de Meaux, en ce dimanche, je vous invite à vous immerger dans cette nuit de la Pâque juive, pour suivre Nicodème, qui vient à la rencontre de cet homme, de nuit, en catimini.
On pourrait interpréter cette venue de deux façons, au moins.
La première comme une démarche officielle. Jésus est invité à clarifier sa position. Est-il dans la lignée, certes quelque peu différente, du Sanhedrin ? Ne serait-il pas plutôt d’une autre mouvance, en l’occurrence essénienne, c’est-à-dire dissidente du judaïsme ?
La deuxième consisterait à une démarche plus personnelle de Nicodème, ce qui justifierait le fait qu’il vienne de nuit, afin de ne pas être vu. Cependant, les exégètes disent que les rabbins préféraient la nuit pour méditer sur les rouleaux de la Torah, à l’étude des Ecritures. Donc, Nicodème a certainement été vu par d’autres prêtres sortir malgré l’heure tardive. On peut imaginer aussi que cette ambassade fut dépêchée afin d’établir un contact
sans que la population ne le soupçonne, ce qui aurait signifié une attitude de crainte, d’inquiétude, voire une certaine faiblesse inavouable, ce qui aurait conféré une forme de reconnaissance, traduisant que ce Jésus dit des choses qui interpellent les religieux du Temple.
Et puis, Nicodème emploie le « nous » inclusif, ce qui montre à Jésus qu’il dispose d’une certaine audience auprès des rabbins. Ce Jésus a des paroles qui détonent par rapport aux autres prophètes. Il dit des choses troublantes. Il se réfère avec aisance aux textes sacrés, les cite à bon escient. Il a une réelle érudition. Serait-ce celui que Moïse évoque dans le Deutéronome1 ? Je leur susciterai un prophète comme toi, du milieu de leurs frères, et je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai.
Nicodème vient au premier abord dans un esprit pacifique. Il ne vient pas a priori polémiquer avec Jésus pour comprendre. Il tend à dédouaner également ses collègues du Sanhedrin, qui, à l’entendre ne sont pas si méchants que cela.
Nicodème reconnaît en Lui un docteur, un maître (didaskalos). Non seulement cela, mais Il vient de la part de Dieu, ce qui donne au Christ une certaine reconnaissance. D’ailleurs, Nicodème lui confère le titre de Rabbi. Il n’a pas affaire à un va-nu-pieds comme Jean le Baptiste avec sa tenue en poil de chameau, et les cheveux hirsutes. Nicodème en rajoute en remarquant là aussi que nul n’est capable de faire des miracles si Dieu n’est avec Lui. On n’en est pourtant pas à impliquer la divinité de Jésus. Il ne faut pas exagérer… Nicodème s’en tient à Jésus/homme, être fait de chair et de sang, ce qu’affirme d’ailleurs Jean dans le Prologue, bien que l’évangéliste ne dît pas que le Logos ait cessé de posséder Sa divinité.
Puis, Jésus s’exprime de façon solennelle et emploie la locution Amen deux fois de suite pour bien insister, affirmer la Vérité de la Parole de l’Evangile.
Et là, Jésus frappe fort par ces mots : « Personne, à moins de renaître, ne peut voir le règne de Dieu (2) ».
Le texte, à cette place précise, est étrange, comme si l’en manquait un morceau. C’est une réflexion que je me suis faite, et personne dans les commentaires et les études que j’ai pu lire avant d’écrire ce travail ne semble avoir relevé cette remarque. En effet, Jésus répond à une question de Nicodème qui n’apparaît pas dans le texte, concernant apparemment le Royaume de Dieu. Seul le professeur André Thayse s’intéresse à cette étrangeté de l’Evangile de Jean. Ce que Nicodème cherche, c’est de voir le règne de Dieu. Pour Jésus, une seule solution à cette interrogation angoissante, c’est renaître.
C’est littéralement une critique à peine voilée du judaïsme que formule le Christ. Si les Juifs ne revoient pas leurs relations avec Dieu de manière plus spirituelle et moins formelle, empêtrés qu’ils sont dans les méandres de la Loi, ils ne pourront pas ne serait-ce qu’apercevoir le règne de Dieu.
Soit Nicodème prend de haut Jésus et se moque de son audace, soit il est profondément remué parce qu’il vient d’entendre. Nicodème prend le verbe renaître au premier degré et se demande par deux questions totalement ridicules : « Comment cela est-il possible de renaître quand on est déjà vieux ? et surtout : « Peut-on rentrer dans le sein de sa mère pour naître une seconde fois ?3 ». Nicodème, bien malgré lui, pourrait être à l’origine de l’étymologie de l’adjectif nigaud. Le Robert, comme le Larousse, quant à eux, l’affirme. L’évangéliste montre ainsi la distance qui sépare les tenants de la Loi, et Jésus.

Celui-ci réaffirme avec détermination par la formule Amen, Amen et donne la véritable signification qu’Il entend donner au verbe renaître. Renaître, c’est se replacer dans une optique spirituelle, se montrer réceptif au souffle régénérateur de l’Esprit Saint, sous le regard de Dieu, se débarrasser des pesanteurs de la Loi et des traditions qui n’ont pas manqué de se greffer dessus, éloignant le croyant de la vraie Foi.

Mais ce verbe renaître suppose qu’il ne faut pas craindre de redevenir comme un petit enfant qui se place à la fois sous l’autorité et la protection de son père. En l’occurrence, ici, il ne faut pas craindre de considérer Dieu comme son propre père, mais là, avec un p majuscule… Il suffit de se rappeler Matthieu qui relate la façon qu’a eu Jésus de rassurer ses contemporains à propos de leurs inquiétudes pour leur vie de trouver de quoi manger et se vêtir. Il suffit de se confier à Dieu et l’on obtiendra son Royaume et sa justice, car le Père sait ce dont on a besoin. Mais ce sont quelques chapitres plus loin que le Christ se révèle plus explicite en mettant en garde ses disciples des occasions de chute. Il faut, pour le Christ être aussi humble qu’un petit enfant pour garder le Royaume. Nous avons donc non seulement un père terrestre, mais aussi un Père céleste, qui nous aime, et avec Lequel doit s’établir une relation de confiance, car c’est en Lui que nous devons nous remettre pour renaître. Mais il ne faut pas hésiter à nous en monter dignes car il ne suffit pas d’être, il faut vivre en enfant de Dieu, en étant imitateur de Dieu4, en aimant ceux qui nous font du mal5, et en semant la paix6, car si nous ne nous convertissons pas et ne devenons pas comme des enfants, nous n’entrerons pas dans le Royaume7.

Jésus reformule Son propos du verset 3. Il change l’expression voir le règne de Dieu, qui place le croyant quelque peu en dehors, en attente, par entrer dans le Royaume de Dieu plus concret. Le croyant qui voit le règne est en passe d’entrer dans le Royaume. Un mouvement se dessine pour celui qui se donne la peine de croire dans le Règne de Dieu. Il pourra alors entrer dans le Royaume. Pour cela, celui qui accepte cette re-naissance, le Royaume lui est acquis. Mais celui qui le refuse, lui, ne peut entrer. Jésus fait la distinction pour compléter Sa démonstration : « Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit, est Esprit ». C’est déjà l’esquisse d’une voie vers le Salut.

On remarquera que le mot Esprit, traduction du grec pneuma, qui signifie air, vent, est employé 4 fois. C’est le mot clé de l’échange.

Puis, Jésus tente par une esquisse de parabole, plutôt poétique, que l’homme, né de l’esprit, est libre d’aller d’où il vient vers où il va, contrairement à l’homme de chair, prisonnier de sa condition terrestre8. L’homme renouvelé trace des chemins nouveaux. En première lecture, le concept est complexe. On ne saisit pas forcément ce que Jésus entend par là. Cela prouve bien que l’homme a du mal à comprendre ce que Dieu oeuvre en lui. Il prend difficilement conscience en raison de sa condition d’homme, corrompu par nature, que Dieu est capable de rendre libre tout homme décidé à naître de nouveau, ce que Jésus va démontrer plus loin. Libre comme l’air, libre comme l’esprit. On saisit mieux dans ces expressions ce que nous propose le texte. L’homme qui naît de l’esprit peut apercevoir, ouvrir ses yeux sur un horizon grandement élargi, son esprit à des réalités nouvelles.

Nicodème est bouleversé. Il n’avait jamais rien entendu de pareil. Il faut reconnaître que le discours est de haute volée. On ajouterait aujourd’hui de grande tenue théologique. Il faut arriver à se hisser, se concentrer sur cet enseignement pour comprendre, encore faut-il être né de l’Esprit !

C’est aussi une démonstration que Dieu fait appel à notre intelligence, à notre capacité de comprendre. Il demande à nous élever pour saisir le vrai sens de ce qu’Il nous propose, nous libérer des contingences matérielles qui nous emprisonnent dans de fausses croyances.

Mais voilà, Nicodème n’a pas encore opéré cette métamorphose. Il est dubitatif, pas encore tout à fait convaincu : « Comment cela peut-il se faire ?9 » demande-t-il ingénument à Jésus.

Ce que Nicodème ne parvient pas à saisir c’est qu’il existe donc une autre réalité, la réalité céleste qui n’est pas visible de nos yeux, mais de notre esprit, pourvu qu’il s’ouvre à l’enseignement du Christ.

Jésus renvoie alors Nicodème à ses chères études…C’est grave. Un homme d’un tel niveau comme Nicodème semble être passé complètement à côté du message divin depuis son entrée dans l’école rabbinique. Il est pourtant chargé d’instruire Israël et il ne connait pas ces choses-là, s’étonne Jésus10. S’étonne ? Nous dirions plutôt s’offusque.

Jésus n’aura pas l’insolence, l’outrecuidance de parler en paraboles à son prestigieux interlocuteur. Il ne s’adresse pas au peuple, mais à un Prêtre du Temple, et non des moindres. On peut même penser qu’Il dialogue avec lui d’égal à égal. Le niveau de la conversation est donc de haut niveau. Lorsque Jésus enseigne au peuple, et même à ses disciples, il s’exprime par des images afin de bien se faire comprendre. On en a un exemple frappant dans l’Evangile de Matthieu11 où il n’emploie pas moins de trois paraboles dans un seul chapitre pour définir le Royaume des Cieux, et encore, les disciples auront besoin de se faire expliquer l’une d’elles, la Parabole du bon grain et de l’ivraie…

Face à Nicodème, Jésus élève la discussion. Soit, le Prêtre ne comprend manifestement pas, soit il joue le candide, le faux naïf.

Car enfin, les prophètes de l’ancien temps, et non des moindres, l’ont pourtant affirmé dans le Tanakh, la Bible hébraïque. Ezéchiel par deux fois : « Ainsi parle le Seigneur (…) je vous donnerai un Esprit nouveau12 », mais aussi Esaïe : « Je répandrai mon Esprit sur ta descendance13 ».

Puis Jésus arrive à ce qu’il veut faire comprendre à Nicodème, et par-delà à ceux qui veulent bien l’entendre.
Il reprend la double formulation Amen Amen afin que le prêtre finisse par Le comprendre. Les femmes et les hommes qui Le suivent n’ont pas adhéré à Son enseignement par hasard. Ils ont été convaincus et ils parlent de ce qu’ils savent et témoignent de ce qu’ils ont vu14. A ceux-là, on serait tenté de rajouter Jean le Baptiste, mais aussi les prophètes de l’Ancien Testament. Malheureusement, les Juifs restés fidèles au Temple, non seulement ne le croient pas, mais ils le prennent également pour un usurpateur. Puis, Jésus reprend son argumentation basée sur l’opposition choses de la Terre/choses du Ciel. Pour paraître plus convaincant, Jésus inscrit sa démonstration dans les Ecritures, et ce par l’épisode de Moïse et du serpent de bronze relaté dans le Livre des Nombres15, et que Moïse brandit sur une perche après une attaque de reptiles, afin que ceux qui le contemplent survivent. Il met ce serpent de bronze, symbole de victoire en parallèle avec Lui, afin que « le Fils de l’Homme soit élevé et que tout homme qui croit obtienne par Lui la vie éternelle16. Le salut ne peut venir que de Dieu.
Mais auparavant, on ne peut surtout pas laisser de côté le prophétique verset 13 dans lequel Jésus évoque déjà son ascension, après sa victoire sur la mort. En effet, l’épisode du serpent d’airain rappelle que Moïse, en le brandissant sur une hampe, guérit tous ceux qui sont morts des morsures mortelles des serpents du désert.
Ce serpent est un signe, celui de l’élévation que Dieu promet, et Jésus est venu pour accomplir. Dieu nous offre cette possibilité de nous rehausser, sans faire oeuvre de savoir, d’intelligence ou de pouvoir. Le serpent d’airain juché sur le bâton de Moïse est analogue au Christ sur la Croix. Celui qui regarde par sa Foi le Rédempteur sur la Croix est sauvé, comme l’ont fait les victimes des serpents du désert vers le serpent d’airain de Moïse.
Puis, c’est le fameux verset 16 qui doit achever de convaincre Son interlocuteur. C’est la conclusion de Sa démonstration, et elle est de taille puisque l’on peut considérer qu’Elle est fondatrice de la plus importante religion au monde : le christianisme. La base de Son enseignement : Dieu a envoyé Son Fils pour sauver le monde.
Voilà la Révélation.
Et, malheureusement, c’est la ligne de fracture entre le christianisme qui considère que Jésus est le Messie annoncé, et le judaïsme qui considère que Jésus ne peut l’être, car il a renié la Loi, et que le Messie, de ce fait, ne m’est pas encore venu.
Pourtant, Il est considéré par un nombre croissant de ses contemporains comme le nouveau Moïse qui guide son peuple, tel un berger son troupeau vers la vie éternelle, les fameux verts pâturages et les eaux paisibles du psaume 23.
Jésus le souligne encore une fois avec insistance par une forme sémantique de répétition : « Il faut que le fils de l’Homme soit élevé afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle17 » puis « Dieu en effet a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout en homme qui croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle18 ».

Jésus emploie un terme pour le moins étrange pour se désigner, Fils de l’Homme. Jésus veut souligner sa condition humaine, vulnérable, venu pour servir, et non être servi, donner sa vie, et qui se range résolument du côté des exclus. Cette expression a été employée dans le Livre de Daniel, dans la vision des quatre bêtes, dans laquelle un « fils d’homme » reçut domination, honneur et royauté19.

Jésus s’inscrit également dans la tradition juive de la totale soumission à l’obéissance filiale que doit un fils à son père, d’être constamment soumis à la volonté de son père, et le fait d’avoir été élu pour accomplir une mission divine particulière.

Et puis, il y a ce mot clé, sous-jacent, qui passe quasiment inaperçu pour le commun des mortels, mais qui est essentiel pour qui veut en savoir plus sur l’essence même du christianisme, c’est l’Amour !

L’Amour est la grande affaire biblique. Dans les livres de la Nouvelle Alliance, plus connu sous le nom de Nouveau Testament, mais je préfère l’appeler ainsi, l’Amour est le leitmotiv, l’idée centrale qui va guider le croyant, le lecteur curieux tout le long de son cheminement. Dieu manifeste tout son amour pour les Hommes. On le relira notamment dans la Première Epitre de Jean, lequel Jean n’est peut-être qu’un homonyme de l’Evangéliste, ou l’Evangéliste lui-même, dans laquelle le thème de l’Amour de Dieu est décliné aussi sur l’amour fraternel que les uns doivent se porter envers les autres20. Tout au long de ces livres néotestamentaires, l’Amour de Dieu pour les hommes, malgré leurs grands défauts est flagrant. Jamais, le Christ ne rejettera les foules venues l’écouter, mais au contraire, il vient leur enseigner inlassablement, quitte à opérer des miracles 21.

Cet Amour de Dieu envers les Hommes ne se manifeste pas seulement par l’envoi de Jésus parmi nous, mais aussi, mais surtout, par la mort du Christ sur la Croix pour racheter les péchés du monde, « scandale pour les Juifs, folie pour les païens »22.

Ce qui est remarquable, merveilleux pour tous les Hommes, et donc incompréhensible, absurde pour les incrédules et les athées, c’est que cet Amour est inconditionnel !

Cette incrédulité des hommes sera évoquée par l’Evangéliste Jean au chapitre 12, lorsque Jésus entre à Jérusalem.

Faisons un aparté sur la réception, ou non, par les hommes, de la Parole de Dieu. Dans ce chapitre 12, Jésus constate cette scission, évoquée par Esaïe et dans le Deutéronome23. Jésus évoque ainsi l’arbitrage que font les hommes face à la Parole de Dieu qu’Il n’a eu de cesse d’enseigner. Libre arbitre, libre choix des hommes de recevoir ou non la Parole dans leurs coeurs, ou serf arbitre, prédestination qui laisse Dieu seul juge, seul déterminateur du destin et de la volonté des hommes. Jean donne la réponse au chapitre 15, dans le récit du cep et des sarments : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais moi, je vous ai choisis24 ».
Ce choix, c’est passer de l’obscurité à la lumière, de la cécité à la révélation des choses de Dieu. Nous sommes nés dans le péché, caparaçonnés par toutes les contingences matérielles qui nous donnent tant de plaisirs, de joies futiles mais qui nous éloignent de la beauté que Dieu veut nous faire connaître. La vie terrestre est à mille lieux de ce que le Seigneur, dans son Amour pour nous nous promet. Mais pour entrevoir cela, il faut nous dépasser, savoir franchir cette frontière invisible. Ouvrons nos yeux, nos coeurs et choisissons le chemin gratuit que nous propose le Seigneur. Faisons cet effort afin que le sacrifice de la Croix ne soit pas vain.
Dans cette nouvelle naissance, où nous nous ouvrons au Seigneur et l’acceptons dans notre coeur, libérons-nous de nos carcans terrestres, et recevons Notre Seigneur au plus profond de nos âmes. Laissons-le-nous édifier et nous élever.
Mais le chemin est long, malaisé, difficile, pleins d’embûches car le tentateur oeuvre pour nous éloigner de la Lumière pour retourner dans les ténèbres. Ne nous laissons pas nous décourager car la persévérance finit toujours par porter ses fruits.
Cette nouvelle naissance passe, on l’aura compris, par une relation nouvelle avec Dieu. Cette relation consiste tout d’abord par la prière. Mais pas n’importe laquelle. En ce qui me concerne, je ne prie jamais pour moi. Je ne veux pas d’une relation égoïste, dans laquelle seule ma petite personne compte. Je prie pour le Monde, les autres, celles et ceux qui ont besoin d’une réelle compassion de la part de Dieu et de la mienne. Dans ma prière, je Lui pose souvent des questions, et je Lui laisse le soin d’y répondre de la manière qu’il aura choisie. Je Le remercie de ce qu’Il fait pour moi, pour les autres, ceux que j’aime, de me permettre de m’unir avec les autres lors du culte, me permettant ainsi de consacrer tout un temps à prier donc, à chanter, à écouter et méditer Sa Parole. C’est un moment privilégié où n’existe que Dieu et nous, dans lequel s’opère un véritable échange, une prière contre le souffle de l’Esprit, une parole contre une écoute bienveillante. La prière n’est pas un monologue, mais une rencontre entre Dieu et nous.
Mais que c’est difficile !!! Car comme pour toute le reste, nous sommes sans cesse parasités par tout ce qui nous environne, distraits par toutes les sollicitations qui émaillent notre quotidien. Nous vivons dans un monde en constante interaction. A moins de vivre en ermite, loin de toute forme de civilisation, ce qui est loin d’être le cas, nous n’avons pas, plus le temps de nous consacrer à Dieu autant qu’on le souhaiterait. Est-ce l’effet du Malin ? Parfois oui, lorsque nous sommes rongés par le superflu, l’inutile, le futile… et que l’on laisse envahir notre esprit au point de nous perdre. Parfois, c’est contre notre gré, lorsque notre agenda ne nous dégage pas ou peu de temps libre. Souvent, c’est le travail, pour peu que nous ayons une responsabilité très prenante.
Alors, si Dieu nous a choisi pour vivre en chrétien, par Lui, avec Lui et en Lui, alors consacrons librement un temps pour nous reconnecter à Lui, par la prière, ou la lecture d’un texte biblique de la manière que j’ai indiquée en nous laissant guider par l’Esprit saint, suivie par une courte méditation.

Comment y parvenir ? Un peu de discipline personnelle, beaucoup de volonté. Il suffit que cela devienne une habitude. Nos journées sont jalonnées de rituels. Faisons entrer ce rituel de prière dans notre quotidien afin que Dieu fasse partie intégrante de notre vie. Cela nous permet de nous dire que nous sommes en connexion avec Dieu, que nous nous plaçons sous son regard bienveillant. Nos anciens rythmaient leurs journées par la liturgie des Heures (laudes, complies…). Renouons avec cette tradition qui nous permet également de nous connecter avec nos semblables qui font peut-être la même chose en Chine, en Afrique. Cela nous rappelle que nous faisons ainsi partie de la grande famille du Christ.

Ainsi, nous ne sommes plus simplement des êtres de chair, mais des êtres d’esprit comme le rappelle Paul25. La prière est une façon de faire entrer Dieu dans nos vies en l’acceptant dans notre propre communauté.

Le croyant est un homme confiant, sans crainte. Il sait qu’en plaçant sa vie dans les mains de Dieu, il ne risque rien.

Le croyant place toute son espérance en Dieu, comme le paralytique sur sa civière26qui présente son infirmité, sa faiblesse à Dieu.

La foi est une disposition que Dieu créé lui-même dans le coeur humain, « la ferme confiance en Dieu que, grâce aux mérites du Christ, ses péchés lui sont pardonnés, et qu’ainsi, il retrouve les faveurs de Dieu ». C’est un don que Dieu fait aux hommes par le Christ, par l’Esprit, au moyen de la Parole prêchée. C’est une confiance que l’on fait également à Dieu, au même titre que les Israélites ont regardé le Serpent d’airain brandi par Moïse dans le désert, épisode que le Christ relate dans Jn 3.14.

Sur ce point, cette nouvelle naissance est conditionnée à une réelle volonté de changer de notre part. Dieu ne nous pardonne pas pour que nous retombions dans le péché, mais pour que nous entamions une vie nouvelle. Seuls ceux qui ont été transformés par le Saint-Esprit ont droit de cité. C’est au plus profond de notre être qu’Il doit agir afin que nous soyons « nés de Dieu »27. C’est Dieu qui nous régénère par Son Esprit28, et par Sa Parole. Les effets de cette grâce sont évoqués dans l’image de « l’Esprit qui souffle où il veut (…) mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est de quiconque est né de l’Esprit29 ». Jésus reprend ici la prophétie d’Ezéchiel dans la vision des ossements30, qui annonce les résurrections à venir en général, et celle de Jésus en particulier.

Certes, l’effort est important, et peut paraître impossible si notre paresse nous incite à renoncer. Jésus nous incite à renoncer à nous-mêmes, de nous charger de notre croix et de Le suivre31. Cette transformation n’est pas brutale, à quelques rares exceptions. C’est plutôt le fruit d’une longue gestation.

Effectivement, ceux qui sont nés de l’esprit manifestent une vie d’une nature différente. Ils manifestent une vie qui découle d’un domaine spirituel invisible et de ses pouvoirs. On ne peut expliquer ce qui leur arrive, d’où ils viennent et où ils vont. On peut reconnaître la présence du Royaume chez une personne par ses effets dans cette personne et autour d’elle : elle devient enfant de Lumière.

C’est pourquoi le péché est l’obstacle contre lequel nous sommes invités à lutter. C’est lui qui nous détourne vers la voie royale de notre rédemption. Le péché est la conséquence inéluctable de la chute provoquée par la tentation d’Eve et d’Adam de se nourrir de l’arbre de la connaissance du bien et du mal32.

Malheureusement, les hommes et les femmes d’aujourd’hui ont hérité du péché, et le fait d’avoir conservé cette tare a conduit Dieu a envoyé son Fils pour nous enseigner à retourner vers la vraie voie en le suivant telles les brebis appelées à suivre le Bon Berger.

Celui qui ne croit pas est jugé et menacé de la colère de Dieu, vérité énoncée au verset 36, qui figure après le dialogue avec Nicodème : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

Jules-Marcel Nicole évoque également le sujet de la sanctification, mais sous divers aspects, à l’appui, bien entendu, des Ecritures.

Nous appartenons à Dieu non seulement en tant que créatures, mais aussi en tant que rachetés. De ce fait, un saint n’est pas une élite, mais quelqu’un qui est né de nouveau. Il n’empêche que nous devons nous débarrasser de la vie passée, marquée par nos péchés. Il faut être tous les jours davantage sanctifiés, persévérer dans l’effort afin d’aller de victoire en victoire. L’idée de grâce doit nous conduire à nous améliorer de jour en jour.

Le Saint-Esprit oeuvre en nous de manière continuelle. Inutile d’être déçu parfois de nos efforts qui peuvent paraitre inefficaces. Ce qui compte, c’est la Foi33. Elle seule aide. Nous sommes alors portés par l’oeuvre de Dieu en nous34. Cette oeuvre, c’est la vertu35, qui conduit à l’amour, car de la vertu vient la connaissance, la maîtrise de soi, la persévérance, la piété, la fraternité et l’amour.

En laissant agir l’Esprit en nous, nous vainquons la chair. Nous ne pouvons y parvenir nous-mêmes si nous n’avons pas les armes de la Foi que nous procure l’Esprit. En nous, se livre un combat entre les oeuvres de la chair qui nous conduit au péché, et les oeuvres de l’Esprit qui nous conduit à l’amour36. En obéissant aux enseignements de Jésus, aux commandements de Dieu par la puissance de l’Esprit, nous faisons mourir les actions de la chair, et nous nous comportons alors en fils de Dieu.

C’est alors que nous sommes réellement libres, affranchis du péché. De la loi de la mort, nous passons sous la loi de la vie. Cette sincérité qui agit en nous est un réel privilège. Si nous restons fermes, nous n’avons plus aucune raison valable pour nous revenir sous le joug de l’esclavage37.

Car oui, Dieu nous invite à la Liberté. Il nous invite à entrer dans son Royaume afin de nous faire bénéficier de la Grandeur, la Joie, la Jeunesse, la Dignité, la Beauté, du Rayonnement de Dieu, la Transfiguration de tout l’être dans la communication de la divine clarté. Il nous invite aussi à oublier tous nos « non », c’est-à-dire nos négativités, lourdeurs, fatigues, usures, limites. Puisque Dieu est avec nous, vivant !

Le bon usage de la liberté, c’est de ne pas retomber dans l’esclavage de la chair. La vraie loi, c’est d’aimer son prochain comme soi-même.

Bien entendu, la perfection est un but ultime à atteindre, mais notre condition humaine est un combat qui se livre en nous chaque jour. Même les apôtres, les Pères de l’Eglise avouaient leur impossibilité d’atteindre ce degré de liberté suprême. Aussi, on peut établir une échelle qui, barreau par barreau, nous permet de progresser. Le premier barreau de cette échelle est d’abord le pardon, la deuxième étape d’agir dans le sens de la volonté divine, et d’en avoir bonne conscience, un sujet de gloire38. Nous croîtrons alors dans la grâce et la connaissance de Notre Seigneur Jésus-Christ39 !

Pour parvenir à la sanctification, la voie qui conduit à l’amour que nous pouvons porter aux uns et aux autres est le seul chemin demandé de manière évidente par Jésus : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, c’est que vous vous aimiez les uns les autres40.

De même, nous citerons Matthieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu (…) c’est le premier et le grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même41 ».

Cette citation de Matthieu est tout sauf une tarte à la crème. Aimer ceux qui vivent autour de soi, ce n’est pas toujours évident. L’enfer, c’est les autres dit Sartre. Et parfois, c’est presque vrai. Tous les jours, on côtoie des femmes et des hommes qui vous parasitent, vous agacent, et vous éloigne de ce que vous aviez à faire d’important, d’urgent. Ils vous éloignent de Dieu aussi par leur attitude, leurs paroles.

Et pourtant, Dieu ne nous place pas là par hasard. Le hasard n’existe pas, rappelons-le. Chaque rencontre que l’on fait comporte une petite pépite, pourvu que l’on sache la trouver. Cela m’arrive pour ainsi dire tous les jours. Comme l’écrit la pasteure Isabelle MAUREL : « A travers Lui, nous pouvons apprendre à accueillir les autres tels qu’ils sont, sans stéréotype, et à recevoir d’eux des choses très belles, même de ceux qui nous agacent ».

Et puis, il faut être rempli du Saint-Esprit car Dieu donne son Esprit sans mesure42, comme nous le demande également l’apôtre Paul : « Soyez remplis de l’Esprit43 ». Nous aurons l’occasion d’y revenir.

La puissance de l’amour de Dieu pour nous, l’amour divin, est une leçon pour notre quotidien car elle accouche d’une forme d’amour semblable à celui que nous voue le Seigneur tous les jours : la compassion. La compassion pour l’opprimé, le réfugié, le sans-abri, l’orphelin que l’on côtoie tous les jours, c’est ce que l’on donne aux autres, et que l’on a reçu de Dieu. La petite pièce, la pomme, le gobelet de café, le sourire, la main tendue, l’acte de tendresse, traduit ce que l’on a reçu gratuitement de Dieu.

Si cela nous étonne, il a étonné ce brave Nicodème qui ne le soupçonnait peut-être pas.

Autre point important qui ressort de ce dialogue, c’est l’idée d’une « première résurrection » du croyant. Jésus, faut-il le rappeler, ne sera pas le premier à faire l’expérience de la résurrection. Au cours de sa vie terrestre, Jésus va opérer plusieurs miracles en ce sens, à commencer par le retour à la vie de Lazare, la seule que mentionnera Jean44. C’est dans l’Evangile de Luc que nous serons relatés les deux autres, celui de la veuve de Naïn45, et celui de la fille de Jaïrus46. Ces différentes résurrections montrent au croyant que ce ne sont pas que des belles histoires tirées de la vie de Jésus, mais bien ce qui attend le croyant.

Mais là, nous en sommes à une seconde résurrection. La seconde est ce que vit celui qui veut opérer un changement radical de sa vie, celui du passage de la mort à la vie éternelle par la Foi en Christ. Mais pour cela, il faut un opérant, et cet opérant est l’Esprit Saint, qui agit en permanence. Dans les textes néotestamentaires, le temps verbal utilisé est le présent pour marquer précisément la continuité. C’est le pain quotidien de la prière du Notre Père sans, avouons-le, que nous nous en apercevions. A-t-on conscience que cette expression révèle l’action de l’Esprit Saint que nous sommes censés réclamer lorsque nous le récitons le dimanche en communauté, ou dans le silence de la méditation en communion, toutefois, avec nos soeurs et nos frères, qui, souhaitons-le, le récite en même temps que nous ?

Pour que cela s’accomplisse, il faut que notre coeur soit disposé à abriter l’Esprit-Saint. Paul le recommande aux Romains47, aux Corinthiens48, et aux Ephésiens49, autant dire à toutes les communautés qu’il visite.

L’abriter, mais aussi le laisser fructifier afin que cet accomplissement devienne réalité, ce qui conduit à la sanctification précédemment citée, aboutissement de l’agapè, l’amour de Jésus-Christ pour nous.

Si nous nous laissons conquérir par l’Esprit-Saint, nous obtenons alors la plénitude, qui nous laisse entrevoir cette nouvelle naissance dont parle Jésus à Nicodème.

Et Dieu, dans Son plan pour le monde, n’envoie rien de moins que Son Fils Jésus pour libérer le monde des ténèbres.

Mais l’humanité n’échappera pas au jugement, d’où la sentence du verset 18 : « Celui qui croit en Lui n’est pas jugé, mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ».

Jésus montre ainsi que le peuple élu ne se limite pas aux Juifs, mais aussi aux autres nations qui acceptent de Le recevoir et de Le suivre. L’amour qu’Il nous voue s’étend au-delà du monde juif. La communauté divine s’étend partout, et s’ouvre même à ceux qui rejettent la Parole, afin que tous se sentent membres du cercle des amis de Dieu.

Chers Soeurs et Frères, naître de nouveau, c’est se dire qu’il faut croire pour comprendre, et non pas comprendre pour croire. Dans cette subtile affirmation, la Foi est l’outil majeur pour comprendre, car grâce à la Foi, l’esprit s’éveille à la Révélation, alors que le doute ne fait que nous emprisonner dans une inertie de pensée négative, qui ne donne aucune perspective.

La Parole se révèle sous trois formes :

1) Prêchée, faisant ainsi de la théologie une science narrative. Elle fait de l’Eglise la proclamatrice de la Parole de Dieu.
2) Ecrite. La Bible devient Parole de Dieu, au fur et à mesure de sa révélation à celui qui la reçoit.
3) Révélée où et quand il plait à Dieu (confession d’Augsbourg).
De fait, Jésus prêche à Nicodème le fondement de ce qu’est la nouvelle naissance, ce qu’est l’amour de Dieu et la façon dont cet amour se révèle.
Jean l’écrit dans son Evangile, afin que tout homme, quelle que soit sa provenance, sa race l’intègre dans son coeur et croit.
La Parole se révèle ainsi, n’importe où, n’importe quand, et dans le cas qui nous occupe, la nuit, dans une maison, à Jérusalem.
En conclusion, naître de nouveau comme nous le suggère le Christ, c’est un mystère, mais qui ne nous appartient qu’à nous, libre que nous sommes de suivre son commandement, répondre à son appel.
C’est l’assurance d’un commencement, d’un nouveau départ vers une rédemption totale. Nous sommes morts dans le péché, mais ressuscités par cette nouvelle perspective, oeuvre souveraine de Notre Seigneur, de façon immédiate et permanente, pour peu que nous soyons attentifs à l’appel de Dieu !!
Soyons confiants en Christ, passons des ténèbres dans lesquels nous nous enfermons trop pour passer à la lumière de l’Evangile. Repentons-nous et ayons Foi en Lui et en Sa Parole.
Mais laissons la fin de ce chapitre à Nicodème, et quittons-le sur une image que le Père de l’Eglise Saint Augustin a relevée, celle de ce prêtre marchant vers la maison de Jésus au coeur de la nuit silencieuse, cheminant des ténèbres vers la Lumière du Christ. Et qui en sortant de cette maison où eut lieu cette extraordinaire rencontre nocturne, s’en retourne chez lui, aux premières lueurs de l’aube, de la nuit de l’ignorance vers la lumière de Notre Seigneur.

AMEN !!!

Références :

1 Dt. 18.18

2 Jn 3.3

3 Jn 3.4

4 Ep 5.1

5 Mt 5.44

6 Mt 5.9

7 Mt 18.4

9 Jn 3.9

10 Jn 3.10

11 Mt 13.24-43, Mt 13.44-52

12 Ez 11.19, Ez 36.26-27

13 Es 44.3

8 Jn 3.8

14 Jn 3.11

15 Nb 21 4-9

16 Jn 3.15  

17 Jn 3.15

18 Jn 3.16

19 Dn 7.13-14

20 1. Jn 4.10

21 Mt 14.13-21

22 1 Co 1.23

23 Dt 18.18-19

24 Jn 15.16

25 Rm 8,9. 11-13

26 Mt 9.1-8

27 Jn 1.12-13

28 Ez. 11.19 et 36.26

29 Jn 3.8

30 Ez 37.9-14

31 Mt.12.24.

32 Gn. 3

33 1. Jn 5.3-4

34 Phil. 2.12-13

35 2 P 1.3-5

36 Rom ch.7 et 8

37 Gal 5.1  

38 2 Cor 1.12

39 2 P 3.18

40 Jn 15.17

41 Mt 22.37-39

42 Jn 3.34

43 Eph. 5.18

44 Jn 11

45 Lc 7

46 Lc 8

47 Rm 8.9

48 1 Co 6.19

49 Ep 2.22 

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