S'identifier au fils prodigue... vraiment ?

Qui n’a jamais entendu parler de la parabole du fils prodigue !

Même les jeunes de l’instruction biblique la connaissent ! Mais aujourd’hui, nous n’allons pas raconter la parabole, mais l’appréhender à travers le regard de Luc. Cette parabole est le cœur de l’Evangile selon Luc, c’est l’Evangile dans l’Evangile, c’est la perle des paraboles.

18 Si un homme a un fils indocile et rebelle, n’écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu’ils l’ont châtié,

19 le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu’il habite.

20 Ils diront aux anciens de sa ville : Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n’écoute pas notre voix, et qui se livre à des excès et à l’ivrognerie.

21 Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne.

1 Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux.

Mais il leur dit cette parabole :

Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis, et qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Lorsqu’il l’a retrouvée, il la met avec joie sur ses épaules, et, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins, et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis qui était perdue. De même, je vous le dis, il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance. Ou quelle femme, si elle a dix drachmes, et qu’elle en perde une, n’allume une lampe, ne balaie la maison, et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Lorsqu’elle l’a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines, et dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la drachme que j’avais perdue. 10 De même, je vous le dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.

11 Il dit encore : Un homme avait deux fils.

12 Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. 13 Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné, où il dissipa son bien en vivant dans la débauche. 14 Lorsqu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. 15 Il alla se mettre au service d’un des habitants du pays, qui l’envoya dans ses champs garder les pourceaux. 16 Il aurait bien voulu se rassasier des carouges que mangeaient les pourceaux, mais personne ne lui en donnait. 17 Étant rentré en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! 18 Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, 19 je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes mercenaires. 20 Et il se leva, et alla vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et le baisa. 21 Le fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. 22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez vite la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt, et des souliers aux pieds. 23 Amenez le veau gras, et tuez-le. Mangeons et réjouissons-nous ; 24 car mon fils que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir. 25 Or, le fils aîné était dans les champs. Lorsqu’il revint et approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. 26 Il appela un des serviteurs, et lui demanda ce que c’était. 27 Ce serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et, parce qu’il l’a retrouvé en bonne santé, ton père a tué le veau gras. 28 Il se mit en colère, et ne voulut pas entrer. Son père sortit, et le pria d’entrer. 29 Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour que je me réjouisse avec mes amis. 30 Et quand ton fils est arrivé, celui qui a mangé ton bien avec des prostituées, c’est pour lui que tu as tué le veau gras ! 31 Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi ; 32 mais il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.

Jésus, par cette parabole, nous laisse pénétrer dans le mystère de Dieu comme il ne l’a jamais fait. Jamais il n’a montré la puissance et la profondeur de son pardon d’une telle manière, jamais il n’a montré la condition et le devenir de l’homme pécheur qui se confie en Dieu.

Luc est le seul à offrir ce joyau bien qu’il ne soir pas un témoin oculaire. Le livre des Actes et certaines lettres de l’Apôtre Paul montrent le zèle de Luc pour la propagation de l’Evangile. Luc est médecin, c’est un érudit qui écrit à la manière des grands écrivains de son temps. Luc a rassemblé des informations précises aussi bien auprès des Apôtres que de ceux qui ont côtoyé Jésus.  

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C’est avec tout ce matériel rassemblé qu’il rédige l’Evangile selon un plan bien précis. Il organise les enseignements de Jésus et les événements qui le concernent afin de donner une compréhension la plus claire possible aux lecteurs, à commencer par Théophile.

Il prend soin de resituer toute chose dans son contexte afin que la compréhension de la mission de Jésus soit claire pour tous. D’ailleurs, Luc écrit dès le début « après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine ». Tous les rédacteurs des Evangiles ne semblent pas avoir adopté cette façon de faire, mais cela, certainement dans un but précis. A titre d’exemple prenons l’événement qui s’est déroulé à Jérusalem où Jésus chasse les vendeurs du Temple. Matthieu situe cet événement à la fin du ministère de Jésus alors que Jean le situe au début.

Mais l’important n’est-il pas de savoir que cet événement a bien eu lieu ?

Luc rédige donc l’Evangile avec un plan précis selon ses recherches exactes.

Mais Luc veut aussi présenter les événements avec un suivi précis pour une compréhension précise.

Le chapitre 15 qui a été lu en est un exemple. Ce chapitre montre la progression de ce que Jésus veut enseigner. Il prépare les cœurs à l’écoute, à la compréhension. Avant de partager la parabole du fils prodigue, qui est assez longue, il partage deux paraboles, une sur la brebis perdue et retrouvée, et une sur la drachme perdue et retrouvée. Les deux maîtres-mots sont « perdu » et « retrouvé ».

Le contexte général commence par « Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus pour l’entendre. Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux. »

Luc montre que Jésus ne laisse pas le jugement des religieux affaiblir ses propos. Il s’adresse à eux à travers les paraboles tout en livrant un enseignement aux publicains et aux gens de mauvaise vie. Tout un chacun est concerné par son enseignement.

La première parabole se termine par : « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent ». Il s’agit d’un pécheur perdu qui se repent et qui est donc retrouvé en Dieu.

La deuxième parabole se termine par : « Il y a plus de joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent ». Il s’agit d’une pièce perdue et retrouvée.

Dans les deux cas, qu’il s’agisse de la brebis ou de la drachme, le parallèle est à faire avec le pécheur perdu qui se repent et vient à Dieu.

Entre « perdu » et « retrouvé » se situe la repentance. S’ensuit la joie dans le ciel.

Ces deux paraboles ont préparé les cœurs à écouter la troisième qui est centrale dans l’enseignement de Jésus.

La troisième parabole est le fils prodigue.

Ici, il n’est pas question d’un animal ou d’une pièce de monnaie mais de deux fils dont le cheminement est bien différent. En lisant rapidement la parabole, il est possible de croire que seul le fils cadet s’est perdu. Mais Jésus met en lumière que le cœur de l’homme, quel qu’il soit est pécheur et a besoin de repentance.

La parabole dit « et le Père leur partagea son bien » ; « Et le père fit le partage de ses biens entre ses fils. »

Il faut cependant tenir compte du contexte juif de l’Ancien Testament. En effet, le fils aîné recevait une part d’héritage plus conséquente, car Le droit d’aînesse était très important en Israël. Deut21.17

La parabole montre un père qui accède à la demande de son fils cadet, chose impensable en Israël. Ici, c’est Dieu le Père qui est décrit, cela apparaît en filigrane dans la parabole. Dieu donne sans compter, avec libéralité.

Bien souvent, notre regard se porte sur le fils cadet qui gaspille l’héritage reçu de son père et qui revient en étant accueilli. Mais la parabole va bien plus loin.

Le cadet mène effectivement une vie de débauche mais au fond de lui, il se rappelle de la compassion de son père pour les plus démunis, (ici, ses serviteurs) de son pardon et de ses dons sans rien espérer en retour.

Le fils cadet prend conscience de son péché et se repent. Il fait demi-tour, prend le chemin de la maison de son père et prend la décision de lui demander pardon.

Son père l’accueille et lui donne la place de fils de la maison.

Il était « perdu » et il est « retrouvé ». Comme dans les deux paraboles précédentes, entre « perdu » et « retrouvé » se situe la repentance et la joie du père qui s’ensuit.

L’attention pourrait donc se porter uniquement sur le fils cadet. Oui … mais … il y a le fils aîné !

Ce fils n’a pas quitté la maison. Il est resté auprès de son père. Mais à y regarder de plus près, il est aussi perdu que son frère cadet, mais cela se perçoit moins car la forme diffère. Ce fils aîné est perdu dans la maison de son père.

Ce fils apparait comme juste et fidèle dans la maison de son père. Mais en réalité, son cœur est fermé à l’amour, à la grâce, à la liberté, à la vérité. Et cela va se dévoiler au retour de son frère.

Alors que le père est heureux d’accueillir son fils cadet, le fils aîné entre dans une grande colère et n’accueille pas son frère. Bien au contraire, il le rejette et oppose ses propres qualités aux défauts de son frère. Il oppose son mérite aux vices supposés de son frère.

Il ne considère aucunement la repentance sincère de son frère, sa volonté de changement et va jusqu’à reprocher à son père de l’accueillir.

Ce fils qui est resté dans la maison de son père ignore qui est son père. Il se conduit comme un serviteur et non comme un fils. Son père lui a donné, ainsi qu’à son frère cadet, son héritage mais ce fils aîné n’a pas compris le don qui lui a été fait. Il attend encore que le père lui donne quelque chose alors qu’il a tout reçu.

Sans la connaissance intime de son père, ce qu’il possède est sans valeur.

Ce fils ne voit pas son propre péché et son besoin de repentance car il ne voit que sa propre justice et le péché de son frère.

Il ne connait pas le pardon et l’accueil de l’autre.

Il faut souligner l’attitude du père qui, d’une part, accueille son fils cadet et court même jusqu’à lui et, d’autre part, va à la rencontre de son fils aîné qui refuse de partager la joie des retrouvailles.

C’est le père, dans les deux cas, qui va à la rencontre de ses fils. Quel amour ! Quelle humilité !

Dans cette parabole, Jésus dévoile l’amour et le pardon de son Père qui est dans les cieux. Il montre aussi que ces deux frères sont pécheurs et que celui qui se croit juste a besoin de repentance, ce qu’il ne conçoit pas, et que celui qui se reconnait pécher se repent.

Là encore, les deux paraboles précédentes résonnent dans le cœur de ceux qui écoutent.

Et à y regarder de plus près, il apparait que le fils cadet de la parabole représente les publicains et les gens de mauvaise vie et que le fils aîné représente les pharisiens et les scribes.

Ces publicains et ces scribes qui se cachent derrière la loi qui dit : « Tous fils rebelle et désobéissant, débauché et ivrogne sera lapidé… » alors que le père pardonne et accueille tout être qui se repent.

Et pourtant, là encore, il est dit dans la parabole « Mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce que j’ai est à toi. » oui, les scribes et les pharisiens ont tout en Dieu et ne le savent pas.

Dieu témoigne de la tendresse à ces religieux qui se croient justes et qui ont cependant besoin de repentance afin d’entrer dans la joie de leur Dieu.

La parabole a une fin qui interroge. On aimerait savoir ce que le fils aîné a répondu à son père, quelle attitude il a adopté après sa rencontre avec son père.

Mais Jésus ne désire pas donner une réponse car en réalité, c’est une question qui est posée à toute personne qui se croit juste et sans reproche.

Si Jésus s’adresse en réalité aux religieux de son temps, la question se pose aussi aux religieux de notre temps. Car, il faut bien le souligner, le cœur de l’homme n’a pas changé. Mais l’amour du Père ne change pas non plus, il n’y a ni changement, ni ombre de variation Jc1.17

Frères et sœurs, bien que je ne vous le souhaite nullement, quand bien même vous rechuteriez dans le péché, comme le fils cadet qui était dans la maison du père, Dieu continuerait à vous aimer et à vous accompagner en attendant votre retour avec patience et bienveillance, il vous pardonnerait suite à une repentance sincère.

De même, si nous nous croyons juste et sans reproche, Dieu désire que tout être s’humilie et revienne à lui, tout comme le fils aîné. Notre privilège est d’être appelés « enfant de Dieu », notre privilège est d’être aimés de Dieu, notre privilège est de pouvoir nous tenir dans sa sainte présence. Tout le reste est superflu et conduit à l’orgueil de la propre justice, du propre mérite. Qu’il n’en soit pas ainsi au milieu de nous.

Nous pourrions nous identifier au fils aîné, c’est-à-dire aux scribes et aux pharisiens ou au fils cadet, c’est-à-dire aux publicains et aux gens de mauvaise vie. Mais est-ce cela que Dieu désire pour nous ?

Car depuis que Jésus a enseigné les foules, Jésus est mort et ressuscité, Jésus nous a rachetés.

Alors que manque-t-il à ce stade de la méditation ?

Il manque le « troisième fils » le « Fils unique ». Et ce fils n’est ni perdu ni retrouvé, il n’a nul besoin de repentance mais il est accueilli à son retour dans la maison du Père car il a accompli à la perfection l’œuvre qu’il lui a confiée. Ce Fils a un cœur comme celui du Père. Ce Fils c’est Jésus.

Et contrairement aux scribes et aux pharisiens qui n’annoncent que la Loi selon leur compréhension, Jésus annonce le pardon, la réconciliation, le rachat.

Dans la parabole, Jésus montre que le fils peut revenir dans la maison du Père sans être lapidé.

Jésus a pris sur lui toutes les malédictions de la Loi.

Comme le dit l’Ecriture « Dis-leur: je suis vivant! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. » Ez33.11

Ce que Jésus a enseigné il y a plus de 2000 ans est toujours d’actualité. Des fils aînés et des fils cadets existent en grand nombre. En effet, combien viennent à l’Eglise sans connaître le cœur de Dieu pour eux-mêmes et pour les perdus et combien ne viennent plus à l’Eglise et se perdent dans les plaisirs éphémères de ce monde ?

Pourtant Jésus nous appelle à ne ressembler ni aux uns, ni aux autres. Nous n’avons pas à nous identifier à eux mais à ressembler à Jésus qui s’est donné pour nous. Cependant, nos vies défilent à grande vitesse et sont envahies des choses du monde par les technologies modernes, sont envahies de faux besoins qui nous sont présentés comme indispensables, sont envahies d’informations et de contre-informations qui déroutent les esprits sensibles.

Jésus nous appelle à nous recentrer sur l’essentiel. Jésus nous appelle à faire silence et fermer la porte de notre chambre intérieure pour le rencontrer, pour entrer dans sa sainte présence.

Trop souvent nous gaspillons le temps et les dons qui nous sont donnés.

C’est à travers des chrétiens fidèles que Jésus cherche à ramener les perdus de toute sortes dans la maison de son Père.

Mettons-nous à l’écoute de Dieu, de sa Parole sainte et mettons-nous en marche.

Déjà, dans l’Ancien Testament Dieu demande « Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? » Es6.8 Esaïe répond « Me voici, envoie-moi. » Que Dieu fasse de nous des témoins vivants et fidèles pour ramener dans la maison du père les fils aînés et les fils cadets pour la seule gloire de Dieu notre Père.

Que tous parviennent à la repentance, à l’instar du fils cadet, et que tous soient accueillis par le Père afin que tous se réjouissent ici-bas sur la terre et là-haut dans le ciel.

Allons avec confiance sur le chemin tracé par Dieu et accomplissons les œuvres que Dieu a préparées pour chacun d’entre nous. Travaillons pendant qu’il fait jour.

A Dieu seul soit toute la gloire.

Amen.

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