Souffrance de Job et justice de Dieu

Le Livre de Job est classé parmi les Écrits dits « sapientiaux » c’est-à-dire parmi les livres poétiques et de Sagesse, comme les Psaumes et les Proverbes. C’est un des livres les plus anciens. En effet, tout indique que Job fonctionne à la manière des patriarches.

Ce livre a pour thème le problème du mal, de la souffrance de l’homme   juste touché par une souffrance injuste. C’est la question même de l’existence humaine qui se pose dans ce récit.

20 Pourquoi donne-t-il la lumière à celui qui souffre, Et la vie à ceux qui ont l’amertume dans l’âme, 21 Qui espèrent en vain la mort, Et qui la convoitent plus qu’un trésor, 22 Qui seraient transportés de joie Et saisis d’allégresse, s’ils trouvaient le tombeau ? 23 A l’homme qui ne sait où aller, Et que Dieu cerne de toutes parts ? 

24 Mes soupirs sont ma nourriture, Et mes cris se répandent comme l’eau. 25 Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; Ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint. 26 Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s’est emparé de moi.

1 Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il se regardait comme juste. 

2 Alors s’enflamma de colère Élihu, fils de Barakeel de Buz, de la famille de Ram. Sa colère s’enflamma contre Job, parce qu’il se disait juste devant Dieu. 3 Et sa colère s’enflamma contre ses trois amis, parce qu’ils ne trouvaient rien à répondre et que néanmoins ils condamnaient Job. 4 Comme ils étaient plus âgés que lui, Élihu avait attendu jusqu’à ce moment pour parler à Job. 5 Mais, voyant qu’il n’y avait plus de réponse dans la bouche de ces trois hommes, Élihu s’enflamma de colère. 

6 Et Élihu, fils de Barakeel de Buz, prit la parole et dit : Je suis jeune, et vous êtes des vieillards ; C’est pourquoi j’ai craint, j’ai redouté De vous faire connaître mon sentiment. 7 Je disais en moi-même : Les jours parleront, Le grand nombre des années enseignera la sagesse. 8 Mais en réalité, dans l’homme, c’est l’esprit, Le souffle du Tout-Puissant, qui donne l’intelligence ; 9 Ce n’est pas l’âge qui procure la sagesse, Ce n’est pas la vieillesse qui rend capable de juger. 10 Voilà pourquoi je dis : Écoute ! Moi aussi, j’exposerai ma pensée. 

11 J’ai attendu la fin de vos discours, J’ai suivi vos raisonnements, Votre examen des paroles de Job. 12 Je vous ai donné toute mon attention ; Et voici, aucun de vous ne l’a convaincu, Aucun n’a réfuté ses paroles. 13 Ne dites pas cependant : En lui nous avons trouvé la sagesse ; C’est Dieu qui peut le confondre, ce n’est pas un homme ! 14 Il ne s’est pas adressé directement à moi : Aussi lui répondrai-je tout autrement que vous.

Certains pensent que ce récit est un récit historique qui s’est déroulé deux millénaires avant Jésus-Christ. Certains passages font référence à des passages bibliques tels Zacharie et Ezéchiel.

D’autres pensent que c’est un récit fictif qui fait apparaître des personnages dans le seul but de peser le « pour » et le « contre » d’une situation, comme dans les paraboles que Jésus donnait. Il y aurait donc une leçon de vie à en tirer.

Les deux premiers chapitres présentent des scènes qui se déroulent au ciel, au tribunal céleste de Dieu. Un dialogue s’établit entre Dieu et Satan. Et une vérité apparaît immédiatement, le mal, ou l’Accusateur, ne peut intervenir sans l’accord de Dieu. Dieu a fixé les limites de toutes choses dans l’univers ainsi que pour tous les êtres, terrestres et célestes.

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Satan se présente devant Dieu qui l’interroge. « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre : c’est un homme intègre et droit, un homme qui révère Dieu et qui évite de faire le malJb1.8 ici, il faut noter que cette phrase est aussi l’introduction du livre de Job. Job est présenté selon la vision de Dieu. Dieu aime Job. Et Satan de l’accuser d’aimer Dieu pour sa protection et sa réussite.

Aussi, Satan dit « Mais porte donc la main sur ses biens et sur les siens et l’on verra s’il ne te maudit pas en face. » Jb1.11

Peut-on croire un seul instant que Dieu ne connaît pas les intentions perverses de Satan ? Dieu sait toutes choses et cependant donne pouvoir à Satan sur tous les biens, ainsi que sur la famille et les serviteurs de Job.

Après avoir reçu l’accord de Dieu, l’Accusateur fait pleuvoir un déluge de malheurs sur Job. En peu de temps, il perd tout, sa famille, ses serviteurs, ses biens.

Il est écrit que les nouvelles lui parviennent par des messagers « Le messager parlait encore lorsqu’un autre messager arriva » pour annoncer un nouveau malheur. Et le messager ajoute « Je suis le seul qui ait pu échapper et je viens te l’annoncer. » Jb1.15,16,17 et 19

A chaque fois, un seul serviteur est épargné pour annoncer la nouvelle à Job. Les malheurs se succèdent à vitesse « grand V » et Job n’a même pas le temps d’intégrer une nouvelle qu’une autre lui parvient. C’est cette avalanche improbable de malheurs qui fait dire à certains que le récit est fictif et ressemble davantage à une parabole.

Le récit dit qu’à la suite de tous ces malheurs, « Job ne commit pas de péché et n’attribua rien d’inconvenant à Dieu. » Jb1.22

Satan est-il satisfait ? Non : Il retourne auprès de Dieu et Dieu lui redit la même phrase « As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre : c’est un homme intègre et droit, un homme qui révère Dieu et qui évite de faire le malJb2.3 et Dieu ajoute « C’est pour rien que tu m’as incité à l’accabler. »

Aussi, Satan dit « Mais porte donc la main sur son corps et l’on verra s’il ne te maudit pas en face. » Jb2.5 Dieu lui accorde de mettre Job à l’épreuve mais sa vie doit être épargnée.

Et Satan inflige une terrible maladie de peau à Job. Là encore, « Job ne commit pas de péché dans tout ce qu’il dit. » Jb.2.10

Il faut noter que dans ces deux chapitres, des versets apparaissent à deux reprises où Dieu dit les mêmes choses concernant Job, où Satan remet en question la fidélité de Job et où Job ne commet pas de péché.

Dès lors, Satan disparait du récit. Il a accompli son œuvre de destruction massive. Quant à Job, il est dans un état lamentable et se retrouve seul, enfin, pas tout à fait, car il lui reste sa femme. Et quelle femme !

Par quel esprit dit-elle à Job « tu persévères toujours dans ton intégrité ? Maudis donc Dieu et meurs ! » Jb2.9 C’est ce que l’on peut appeler un fidèle soutien dans l’adversité. Au lieu de réconforter son mari, ses paroles ne peuvent que le plonger dans le désespoir. Mais à cette parole insensée, Job répond qu’il faut recevoir de Dieu aussi bien le bonheur que le malheur.

Que montent ces deux chapitres ? Plusieurs choses apparaissent :

– Dieu ne reproche rien à Job, bien au contraire.

– Satan, l’instigateur du mal, est présenté comme un être au pouvoir limité.

– Job souffre sans l’avoir mérité.

Ces deux chapitres présentent un homme, Job, qui souffre pour prouver qu’il sert Dieu par amour et non par intérêt comme voudrait le faire croire Satan.

Dans cette terrible épreuve, trois amis, Eliphaz,  Bildad et Tsophar ont appris ce qui était arrivé à Job et viennent le réconforter, le consoler, pendant sept jours et sept nuits, en silence. A l’issue des sept jours et sept nuits, Job prend la parole et maudit le jour qui l’a vu naître et qui se termine avec notre texte du jour.

Puis, tour à tour, ses trois amis vont disserter sur la justice divine.

Leurs arguments convergent vers l’idée que si Job souffre, c’est qu’il a péché. C’est la « rétribution terrestre » du pécheur qui est évoquée selon la pensée traditionnelle de l’époque : Il est impossible que le juste souffre, celui qui souffre subit une punition divine.

Job réfute de tels propos et affirme avec force qu’il n’a pas péché. Pour autant, Job ne comprend pas pourquoi il est venu au monde pour vivre de tels tourments. Job demande à mourir afin d’être délivré de sa souffrance car il n’a plus « ni paix, ni trêve, ni repos, ni relâche » Jb3.26 Job fait   le constat qu’il existe des injustices dans ce monde et qu’il en est victime.

Les amis de Job connaissent Dieu et ne parviennent pas à donner une explication à ce qu’il vit, à cette souffrance arrivée si soudainement, avec une telle violence. Pourtant, tout au long de leurs échanges avec Job, ils vont soutenir que Job a péché et qu’il ne peut en être autrement.

Job clame son innocence et sa justice, tandis que ses amis l’incitent à rechercher dans son existence ce qui a bien pu lui valoir pareil châtiment.

Tour à tour, ses amis vont prendre la parole.

  • Elifaz partage ce qui lui semble évident « Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? … le malheur ne sort pas de la poussière, et la souffrance ne germe pas du sol. L’homme naît pour souffrir…» (Jb4.7 et Jb5.6-7).
  • Bildad s’exprime à son tour de manière plus incisive « Si tes fils ont péché contre lui (Dieu), il les a puni pour leurs fautes. » Jb8.4 « L’homme est une vermine, le fils d’homme un vermisseau. » Jb25.6
  • quant à Sophar, il poursuit « Si Dieu voulait parler…tu saurais que Dieu te demande compte de ta faute. Prétends-tu sonder la profondeur de Dieu. » Jb11.5-7

 

Job persiste et clame son innocence « Bien loin de vous donner raison, jusqu’à mon dernier souffle, je maintiendrai mon innocence » Jb27.5, mais il veut comprendre. Il se sent pris en tenaille entre sa foi, son innocence et les arguments de ses amis qui veulent le convaincre d’avoir péché.

Au lieu de s’apitoyer sur lui, Job élève sa voix vers Dieu « Mais je veux parler au Tout-Puissant je veux plaider ma cause devant DIEU. » Jb13.3

Pourtant DIEU ne répond pas. Pourquoi ? Que veut nous enseigner ce livre sur le silence de Dieu ? Job crie à lui afin d’obtenir des réponses, des explications. DIEU serait-il insensible à la souffrance humaine ? 

Devant les accusations de ses amis que Job réfute, devant le silence de Dieu, une réponse sera-t-elle apportée à Job ?

Les amis de Job décident de se taire. Ils n’ont plus rien à dire.

Pour Job sa souffrance demeure inexplicable, injustifiée et injuste. Dieu l’aurait-il trahi ? Est-ce possible ? Il demande à Dieu de s’expliquer. Sa souffrance est insoutenable au point de lancer un défi à Dieu. Dieu garde le silence une fois de plus mais un jeune homme qui est resté silencieux depuis le début va prendre la parole.

Il s’agit d’Elihou, qui signifie, « c’est lui mon Dieu ». Elihou se met en colère contre Job qui dit être juste aux yeux de Dieu. Il est aussi en colère contre les trois amis de Job. Imaginez ce que cela signifie dans le proche Orient Ancien. Comment un jeune homme pouvait se permettre une telle audace ? Elihou constate que leur sagesse n’est rien et que c’est l’Esprit, l’inspiration du Tout-Puissant qui donne de l’intelligence.

Aussi impensable que cela puisse paraitre pour cette époque et ce lieu, les personnes « âgées » se taisent et écoutent Elihou qui parle avec autorité, même à Job auquel il dit « Maintenant donc, Job écoute mes discours. » Jb33.1 Elihou ne compte que sur Dieu et dit « Mais en réalité, dans l’homme, c’est l’esprit, Le souffle du Tout Puissant, qui donne l’intelligence; Ce n’est pas l’âge qui procure la sagesse, Ce n’est pas la vieillesse qui rend capable de juger. Voilà pourquoi je dis: Écoute! Moi aussi, j’exposerai ma pensée. » Jb32.8-10 Elihou met Dieu au centre, met sa confiance dans le Tout-Puissant, met le Créateur au-dessus de toute création et de tout raisonnement humain.

La finalité du discours d’Elihou est que la souffrance est une des manières que Dieu utilise pour parler aux hommes, les avertir ou les éduquer. Il n’est donc pas question d’injustice de la part de Dieu. Les propos insensés que tient Job à moment donné sont inacceptables pour Elihou.

Ici, une référence à l’Apôtre Paul peut être faite. Dans la deuxième Epitre aux Corinthiens Paul dit «  Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir. Trois fois j’ai prié le Seigneur de l’éloigner de moi, et il m’a dit: Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. » 2Co12.7-9

Il semble qu’il est possible de dire que Dieu envoie des anges déchus pour accomplir sa volonté. Job subit aussi cela de leur part.

Si Paul est à l’écoute de Dieu et accepte l’épreuve qu’il lui envoie, Job, a plus de mal à accepter, à supporter les épreuves mais il faut dire que, dans ce récit, toutes les épreuves que subit Job sont dures à supporter et que, psychologiquement, il y a de quoi être perturbé.

Suite au discours d’Elihou, Dieu s’adresse à Job et à ses trois amis mais pas à Elihou. Dieu interroge Job qui est bien en peine d’apporter une quelconque réponse.

Dieu montre que l’homme doit rester à sa place. Il ne peut interroger, lui la créature, le Créateur. Dieu dit « Malheur à qui conteste avec son créateur! -Vase parmi des vases de terre! -L’argile dit-elle à celui qui la façonne: Que fais-tu? » Es45.9

Job ne peut que s’humilier devant Dieu, reconnaître sa toute puissance et reconnaitre, de fait, sa place de créature. Lorsque Job réalise sa condition, sa place, il dit « Mon oreille avait entendu parler de toi mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi je me condamne et je me repens, sur la poussière et sur la cendre. » Jb42.5-6

Quant aux amis de Job, ils sont sévèrement repris car ils n’ont pas parlé de Dieu avec droiture et ils ne trouvent grâce qu’à cause de Job.

Suite à la repentance de Job, Dieu le restaure, le relève, lui redonne vie.

Dieu rétablit Job dans son ancienne condition, et même, lui donne deux fois plus de biens qu’il n’avait. Job est consolé par ses frères et ses sœurs qui lui témoignent de la compassion pour les malheurs que l’Eternel lui a envoyés. Jb42.11

Dieu donne une nouvelle famille à Job dont sept fils et trois filles auxquelles il remet la même part d’héritage qu’à ses fils. Autant que dans le proche Orient ancien cela détonnait !!!

Job est réhabilité à double titre. Il est réhabilité par Dieu moralement et socialement. Job a une place d’exception. On peut noter qu’une fois de plus, l’Accusateur n’a pas eu gain de cause sur un serviteur du Dieu Très-Haut !

La semaine dernière il a été dit que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. » Par son intégrité et son refus de maudire Dieu comme sa femme le lui demandait, Dieu a agréé Job. Dieu aime Job, Dieu a préservé Job de la chute. L’amour de Dieu s’est manifesté au sein de l’épreuve de Job.

L’histoire de Job peut aussi être lue comme une préfiguration du Christ. Jésus-Christ était riche dans son ciel de gloire, dans son Royaume. Il perd tout et n’a même pas où poser sa tête.

Tout comme Job, il est abandonné de tous. Job est contesté par ses amis. Christ est abandonné par ses disciples et même trahi par l’un d’entre eux.

Il perd jusqu’à sa vie pour nous. Il a vécu une vie de souffrance extrême. Il a été, lui le Dieu vivant sur terre, mis à mort par ses créatures. Oui, les vases d’argile ont contesté avec leur Créateur, avec leur Potier !

Jésus a été réhabilité, il est ressuscité, bien plus, il s’est acquis une nouvelle famille et il en est le chef. Tous les biens lui appartiennent. Bien plus, il les offre à ceux qui sont devenus ses frères, ceux à qui il a présenté son Père pour qu’il devienne leur Père.

Toutefois, contrairement à Job, Christ n’a pas obscurcit les desseins de Dieu par des discours sans intelligence. Jb38.2 Jésus-Christ a conduit à son terme les desseins de son Père.

Contrairement à Job qui a estimé que les souffrances qu’il vivait étaient injustes, Christ a vécu une souffrance permanente et injuste jusqu’à la mort, et ce, pour chacun d’entre nous sans exception. C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Es53.5 & 1Pi2.24

Il nous est dit que la souffrance et les épreuves permettent d’écouter Dieu, que la souffrance et les épreuves empêchent l’homme de s’enorgueillir.

Que Dieu nous maintienne dans l’humilité et la repentance réelle. Que notre foi grandisse et que nous puissions nous émerveiller de la grandeur de Dieu. Notre bonheur c’est de connaître Dieu et de savoir qu’il nous a préparé une place dans son Royaume de gloire. Dieu nous dit « Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. » Ap21.4

Que nos vies glorifient Dieu. Que nous accomplissions sa volonté, malgré les souffrances endurées en attendant d’entrer dans la patrie céleste.

A Dieu soit toute la gloire.

Amen

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