Troisième dimanche de l'Avent

Chers frères et sœurs, c’est le troisième dimanche de l’Avent.

Dimanche dernier, nous avons médité avec les Ecrits d’Esaïe et de Marc qui rappelait ce que demandait Jean-Baptiste. Les deux prophètes demandaient au peuple de Dieu de : « préparer le chemin du Seigneur ». Aujourd’hui, c’est dans l’Evangile selon Luc que le ministère de Jean-Baptiste va se préciser. En effet, au début de son ministère, le peuple est fébrile, dans l’attente et l’incertitude. Par trois fois, il est demandé à Jean-Baptiste « Que devons-nous faire ? » 

Jean-Baptiste a prêché aux foules le baptême de repentance en vue du pardon des péchés. Il y a donc, à ce moment de l’histoire, un désir de se conformer à la volonté de Dieu.

1 La quinzième année du règne de Tibère César, -lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque de l’Iturée et du territoire de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène, 2 et du temps des souverains sacrificateurs Anne et Caïphe, -la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. 3 Et il alla dans tout le pays des environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés, 4 selon ce qui est écrit dans le livre des paroles d’Ésaïe, le prophète: C’est la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. 5 Toute vallée sera comblée, Toute montagne et toute colline seront abaissées ; Ce qui est tortueux sera redressé, Et les chemins raboteux seront aplanis. 6 Et toute chair verra le salut de Dieu.

7 Il disait donc à ceux qui venaient en foule pour être baptisés par lui : Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ? 8 Produisez donc des fruits dignes de la repentance, et ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ! Car je vous déclare que de ces pierres Dieu peut susciter des enfants à Abraham. 9 Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu.

10 La foule l’interrogeait, disant : Que devons-nous donc faire ? 11 Il leur répondit : Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a point, et que celui qui a de quoi manger agisse de même. 12 Il vint aussi des publicains pour être baptisés, et ils lui dirent : Maître, que devons-nous faire ? 13 Il leur répondit : N’exigez rien au delà de ce qui vous a été ordonné. 14 Des soldats aussi lui demandèrent : Et nous, que devons-nous faire ? Il leur répondit : Ne commettez ni extorsion ni fraude envers personne, et contentez-vous de votre solde.

15 Comme le peuple était dans l’attente, et que tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ, 16 il leur dit à tous : Moi, je vous baptise d’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. 17 Il a son van à la main ; il nettoiera son aire, et il amassera le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point.

18 C’est ainsi que Jean annonçait la bonne nouvelle au peuple, en lui adressant encore beaucoup d’autres exhortations.

« Que devons-nous faire ? » La première fois que cette question est posée, elle émane de la foule ; la deuxième fois, des collecteurs d’impôts et la troisième fois, ce sont des soldats qui la posent. S’agit-il de soldats romains ou de soldats Juifs au service d’Hérode ? Le texte ne le précise pas. Toutefois, au vu du contexte de ce passage, Jean-Baptiste en s’adressant à la foule (v.8) dit « ne vous mettez pas à dire en vous-mêmes : nous avons pour père Abraham. », cela laisse à penser que tous les auditeurs sont Juifs

La question se pose pour tous « Que devons-nous faire ? » car ils sont dans une situation délicate quant à la religion et au respect de la Loi. Mais les collecteurs d’impôts et les soldats se la posent d’autant plus qu’ils collaborent avec les autorités romaines et sont détestés par le peuple, sont considérés comme des ennemis du judaïsme, des ennemis du peuple !

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Cependant, il faut considérer que cette question posée à Jean-Baptiste fait entrevoir de la part des collecteurs d’impôts et des soldats une prise de conscience, un questionnement sur leur attitude. Se remettre en question, s’examiner soi-même en vue d’un changement, cela ne fait-il pas partie du cheminement vers la repentance ?

En mettant en évidence le questionnement, non seulement du peuple, mais de ceux qui étaient méprisé du peuple, montre l’intérêt suscité chez Luc vis-à-vis de ces deux catégories de personnes. Luc souligne, sans le dire, que nul n’est exclu de la repentance, nul n’est tenu à l’écart de la grâce de Dieu.

Pourtant, tous auraient pu craindre le message et les propos de Jean-Baptiste, homme solitaire, rude, qui habite au désert, qui est vêtu de poils de chameau et qui se nourrit de sauterelles et de miel sauvage. Mais il parle de la part de Dieu, et cela fait toute la différence.

Alors qu’il annonce la venue du Messie, ses propos se font durs : « Race de vipère qui vous a appris à fuir la colère à venir ? » « Déjà la cognée est mise à la racine des arbres, et tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. » Et c’est pourtant suite à de tels propos que la conscience des gens présents est reprise et que la question est posée « Que devons-nous faire ? » car la colère de Dieu est annoncée et la repentance, le changement de comportement est plus que conseillé car il est urgent de produire du fruit digne de repentance. Jean-Baptiste, par l’Esprit de Dieu, met en relief le péché du peuple, péché annonciateur de la colère de Dieu.

Alors, « Que devons-nous faire ? ».

Jean-Baptiste répond aux trois catégories de personnes qui lui posent cette question. Il donne une réponse adaptée à chacun, selon sa situation, son service.

A la foule :

Jean-Baptiste incite au partage. Partager ses vêtements, sa nourriture avec les plus pauvres, avec les démunis. Il parle de besoins de première nécessité et non de choses superflues. Jean-Baptiste a-t-il en tête les propos d’Esaïe qui dit « Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile. Si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable. » Es58.7

Christopher Wright, professeur de Théologie et écrivain, dit à ce sujet dans son livre ‘’l’Ethique de l’AT’’, je cite, « Dieu a agi et parlé ; la réponse éthique d’Israël doit prendre en compte ses deux aspects ». Et ajoute « Voilà ce que le Seigneur a fait pour toi. Par gratitude, tu devrais donc faire de même pour les autres ».

Cela résume ce que le Seigneur Jésus a enseigné « Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Mat 22.37-39

Les collecteurs d’impôts et les soldats :

L’Histoire rappelle en tout temps que ceux qui collaborent avec l‘envahisseur le font avec zèle et au détriment des occupés. Collecteurs d’impôts comme soldats ont certainement dépassé les prérogatives qui leur revenaient.

Jean le Baptiste ne leur demande pas de quitter leur fonction mais les exhorte à remplir fidèlement leurs devoirs.

Jean-Baptiste les renvoie à la loi morale. Seule la Loi de Dieu révèle le péché qui sommeille en chaque être et, seul Dieu conduit à comprendre le besoin de grâce. Rm3.20

Aux collecteurs d’impôts venus se faire baptiser, Jean-Baptiste leur demande d’accomplir leur tâche avec honnêteté, sans abuser de leur position, sans prendre plus d’argent que le taux d’impôt fixé par l’Etat, sans se servir au passage (Zachée est un bon exemple en Luc 19).

Aux soldats, il leur demande d’accomplir leur mission sans abuser de leur position, sans exercer de violence, ni racket envers personne. Il leur demande de se contenter de leur solde.

Jean Calvin a mis en évidence trois usages de la Loi de Dieu (cela est présenté dans l’Institution de la religion chrétienne, livre II, chapitre VII, paragraphe 6-13).

  • En premier lieu, rôle de la loi est de nature civile ou politique. Elle permet de vivre une vie harmonieuse en société.
  • En deuxième lieu, la loi a un usage pédagogique. Elle sert de révélateur de l’état de péché dans lequel se trouve l’humanité. Elle est un pédagogue qui conduit à Christ dit l’Apôtre Paul. Ga 24
  • Enfin, la troisième fonction est didactique. Elle concerne la sanctification du chrétien. Une éthique, une morale chrétienne.

Dimanche dernier, il a été vu que Jean baptisait dans le Jourdain. Il faisait prendre conscience au peuple de son péché et de la nécessité d’une repentance. Il s’agit là du deuxième usage de la Loi.

Dans le texte d’aujourd’hui, Jean recourt à une fonction différente de la Loi, à savoir, la Loi comme moyen de vivre une vie harmonieuse en société. Il s’agit, ici, du premier usage de la Loi.

Les trois réponses de Jean-Baptiste sont surprenantes.

Elles se situent uniquement sur un plan éthique.

Ici, la notion d’offrandes, de sacrifice au Temple, n’apparaît pas.

Ici, il faut mettre en application les commandements de la Loi de Dieu, avec évidemment l’Esprit de la Loi qui les accompagne.

Les collecteurs d’impôts et les soldats ne sont nullement accusés, malgré leur collaboration avec les romains. Il est demandé à ces deux catégories de personnes d’effectuer leurs tâches respectives dans le respect de la Loi. C’est dans l’attitude et les actes mis en œuvre que doivent se vivre les différences, que doit se vivre la Loi de Dieu.

Jean-Baptiste n’appelle personne à la révolution ou à la désobéissance civile. Cela n’est pas sans rappeler les paroles de Jésus lorsqu’il dit « rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Lc20.25

Jean-Baptiste, et Jésus par la suite, respecteront l’ordre terrestre établi. Il ne s’agit pas de l’indépendance d’Israël vis-à-vis des romains mais de la dépendance d’Israël vis-à-vis de Dieu.

Jean-Baptiste donne une réponse peu exigeante à ceux qui lui demandent « que devons-nous faire ? »

Jean-Baptiste ne commente pas la Loi, ne l’approfondit pas. Il laisse cette place à « Celui qui vient après moi m’a précédé, car il était avant moi. » Jn1.15 En effet, c’est Jésus qui prendra cette place lors du Sermon sur la montagne lorsqu’il dira « Il est écrit mais moi je vous dis » Mt5

L’humilité et les paroles de Jean-Baptiste interpellent le peuple qui se demande « Se pourrait-il qu’il soit le Messie attendu ? » Jean-Baptiste répond aussitôt « Moi, je vous baptise d’eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu. » Lc3.16

Il n’est donc pas surprenant que le temps de l’Avent se tourne vers Jean-Baptiste, celui qui annonce la venue du Messie et quel Messie !

Il nous fait comprendre quel sera le ministère de Jésus, sa puissance, son amour, sa droiture, sa vérité, sa relation avec son Père et le don de lui-même au monde.

Jésus inscrit son ministère dans la continuité de celui de Jean-Baptiste qui dit en parlant de Jésus « il faut qu’il croisse et que je diminue » Jn3.30

Jean Baptiste, le dernier des prophètes, a préparé le chemin du Seigneur.

Se pose dès lors la question pour chacun d’entre nous « Que devons-nous faire ? ».

Si Jean-Baptiste montrait le chemin à suivre pour accueillir le Messie, nous qui sommes dans le temps où il est venu, où il est retourné auprès du Père, où nous l’attendons, notre démarche peut ressembler à celle transmise par Jean-Baptiste mais elle doit s’inscrire en Christ car il est venu, il a tout accompli et nous donné son Esprit afin que nous marchions en nouveauté de vie.

Alors, que devons-nous faire ? Marcher à la suite du Christ, laisser Christ vivre en nous afin de porter du fruit.

Comme Jésus le disait à Pierre qui s’interrogeait au sujet de Jean « que t’importe, toi suis-moi ! »

Ne regardons pas aux autres mais à ce que Dieu attend de chacun d’entre nous selon les dons, les talents, qu’il nous a donnés et faisons-les fructifier pour la gloire de Dieu.

Comprenons bien que ce ne sont pas les œuvres que nous accomplissons qui nous sauvent mais que c’est parce que nous sommes sauvés que nous pouvons accomplir les œuvres que Dieu a préparé pour nous. Le voulons-nous ?

Nous sommes sauvés par grâce et rendus capables d’accomplir les œuvres de Dieu. Jésus nous conduit jour après jour sur le chemin qui mène au Père. Alors, que devons-nous faire ? Sûrement pas l’école buissonnière qui consisterait à flâner sur le bord du chemin sans considérer la grâce de Dieu.

Croyons que Dieu nous donne tout ce qu’il promet. Il l’a fait et le fait encore. Dieu est fidèle en tout temps. Louons-le et adorons-le pour sa grandeur, sa majesté, son amour, sa bonté.

Que ce temps de l’Avent, dans lequel nous sommes nous soit propice, afin que, comme ceux qui interrogeaient Jean-Baptiste, nous nous interrogions et demandions ce qu’il convient de faire dans nos vies pour la gloire de Dieu et non la nôtre. Demandons ce qu’il convient d’améliorer, d’abandonner, de transformer afin que la volonté de Dieu soit faite dans nos vies.

C’est à une vie de disciple que Christ nous appelle, désirons-nous avec ardeur répondre à son appel et être des témoins vivants dans un monde en perte de repères, de valeurs, dans un monde angoissé, anxieux, qui a besoin d’être aimé, écouté, rassuré. Seule la Vérité rend libre.

Produisez donc des fruits dignes de la repentance dit Jean-Baptiste, convertissez-vous, c’est-à-dire, soyez transformés ! Un changement s’opère dès lors dans les pensées, dans la conduite. C’est Dieu qui rend possible une telle transformation, aucun homme ne peut, par sa seule volonté, changer sur le long terme et dans la Vérité, aucun homme ne peut vivre dans la lumière par lui-même. Se convertir, c’est permettre à Dieu de chasser l’obscurité pour vivre dans son admirable lumière.

Et comme c’est Dieu qui opère un tel changement, cela est accessible à toute personne, pauvre ou riche, petit ou grand, bien portant ou malade, faible ou fort. Car, comme le dit Paul « devant Dieu il n’y a point d’acception de personnes. » Rm2.11

Ce que nous dit Jean-Baptiste, c’est que l’homme ne doit pas paraître bon en faisant des œuvres qui ne sont que pour sa propre gloire, sa propre réputation, mais d’être ce que nous faisons, c’est-à-dire d’être vrais devant les hommes et devant Dieu. Les actes que nous posons doivent refléter la vie de Dieu qui est en nous par le don de son Esprit-Saint.

Lorsque Dieu transforme des vies, il ne demande pas « de quel pays viens-tu? » « quel est ton métier » « quel est ton statut social ». Cela lui est totalement égal. Il désire que tu commences à voir le monde avec les yeux d’un enfant de Dieu et que tu cesses de faire ce que tu faisais auparavant. 

Nos pensées, nos attitudes et nos actes doivent être en conformité avec la Parole de Dieu. Or, nous devons nous rendre à l’évidence, ce monde vit de ce que la publicité nous dit être indispensable, les médias nous disent comment penser et agir, les politiques nous incitent à prendre des décisions contraires à la liberté que Dieu donne.

Les promesses d’un bonheur sans limite, d’une bonne santé, de loisirs époustouflants, de comptes en banques bien garnis, nous sont martelées chaque jour via nos écrans. Soyons sages et discernons ce que Dieu veut nous dire et comment il veut nous conduire.

Ce que ce monde nous dit chaque jour, c’est ce que nous ne pouvons pas, comme enfant de Dieu entendre, accepter et suivre.

Ne savons-nous pas que le chemin, la vérité et la vie appartiennent à Dieu qui nous les donne avec largesse ?

Ne savons-nous pas que « la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera nos cœurs et nos pensées, en Jésus Christ. » Ph4.7

En ce temps de l’Avent, aspirons à nous interroger sur notre engagement, sur l’écoute et la compréhension de la Parole de Dieu. Ne faisons pas le grand écart entre la patrie céleste et le monde déchu.

Que la joie que Dieu donne nous remplisse, que notre espérance en Celui qui peut tout illumine nos cœurs, que toute anxiété soit démasquée, confondue par la Parole de Dieu.

Dieu est auprès de nous, avec nous et en nous. Qu’avons-nous à craindre si Dieu est pour nous ?

En ce temps de l’Avent, réjouissons-nous, adorons, louons, exaltons le Roi de gloire.

La Parole de Dieu est notre force. Nous sommes dans la main de Dieu et si nous fêtons l’Avènement d’il y a 2000 ans, nous attendons le glorieux retour de notre Roi, cet autre Avènement, afin qu’il règne au siècle des siècles.

A Dieu seul soit toute la gloire, Amen.

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