
Zachée, exemple d'un cœur réformé
Le dernier dimanche d’octobre, les églises protestantes célèbrent la « Réformation ». Le 31 octobre 1517, Martin Luther, moine augustin, allemand, affiche 95 thèses sur une des portes de l’Eglise de Wittenberg. Ces thèses condamnent les excès et la corruption de l’Eglise catholique romaine. Elles dénoncent les « indulgences », c’est-à-dire le paiement pour le pardon des péchés, le purgatoire et la prière adressée aux saints. Ces 95 thèses se répandent dans
Romains 1 : 16-17
16 Car je n’ai point honte de l’Évangile: c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, 17 parce qu’en lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit: Le juste vivra par la foi.
Luc 19 : 1-10
1 Jésus, étant entré dans Jéricho, traversait la ville. 2 Et voici, un homme riche, appelé Zachée, chef des publicains, 3 (19:2) cherchait à voir qui était Jésus; (19:3) mais il ne pouvait y parvenir, à cause de la foule, car il était de petite taille. 4 Il courut en avant, et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là. 5 Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée, hâte-toi de descendre; car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison. 6 Zachée se hâta de descendre, et le reçut avec joie. 7 Voyant cela, tous murmuraient, et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur. 8 Mais Zachée, se tenant devant le Seigneur, lui dit: Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. 9 Jésus lui dit: Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham. 10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Si cette célébration a lieu, ce n’est pas pour glorifier un homme mais pour rappeler que la Parole a été remise au centre d’où l’expression « sola scriptura, sola fide, sola gracia », l’Ecriture seule, la foi seule, la grâce seule.
Martin Luther était quelque peu torturé quant à sa destinée éternelle. Et c’est en lisant et méditant l’Epître aux Romains que l’Esprit-Saint lui a fait comprendre l’espérance du Royaume. C’est cette espérance qui avait été voilée, supprimée aux chrétiens que Martin Luther a voulu redonner aux croyants.
Contactez/suivez-nous
Luther ne désirait pas « créer » une nouvelle religion, il désirait partager la vérité de l’Evangile que Jésus-Christ a donné au monde.
L’Evangile, c’est la vie nouvelle accordée par Dieu, ce n’est pas une religion à proprement parler avec des dogmes à n’en plus finir réservés à des initiés, à des penseurs de haut vol, non, l’Evangile est donné aux humbles, au pauvres comme à tous ceux qui désirent sincèrement et avec humilité reconnaître Jésus, Fils de Dieu. Cette vie nouvelle n’est pas réservée pour le dimanche matin seulement, mais tous les jours de la vie.
Luther n’est pas le précurseur de cette façon de penser, de comprendre, de croire. Avant lui, Augustin d’Hippone, dit « Saint Augustin » avait aussi écrit à ce sujet dans son recueil de « Confessions ».
L’Apôtre Paul proclamait dans l’Epître aux Romains « Car je n’ai point honte de l’Évangile de Christ, c’est une puissance de Dieu, pour le salut de quiconque croit ». Rm1.16 Oui l’Évangile n’est pas un dogme mais une puissance de Dieu pour le salut.
L’Evangile se proclame, se partage, se vit, se donne, et ce en Eglise en famille, entre ami, dans n’importe quel lieu, public ou non.
D’ailleurs, dans le passage qui a été lu, Jésus s’adresse à Zachée du milieu de la foule et lui dit « Zachée hâte-toi de descendre car il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison ».
Zachée est le chef des publicains, c’est-à-dire des collecteurs d’impôts. Il est haï par le peuple. Il désire juste voir passer Jésus et comme il n’est pas bien grand, il grimpe dans un arbre. Ce n’était pas vraiment une chose admise pour un homme aisé que de grimper dans un arbre. Mais Zachée veut voir ce Jésus dont on parle tant.
Zachée voulait donc voir Jésus, mais en fait, c’est Jésus qui le voit alors que Zachée n’a pas cherché à être vu sinon d’observer Jésus passer, perché dans un arbre.
Non seulement c’est Jésus qui le voit, mais en plus, il l’appelle par son nom, chose pour le moins étonnante pour Zachée qui se croit invisible autant qu’incognito. Pour un peu, Zachée aurait lâché prise et serait tombé. Et Jésus ne s’arrête pas là, il lui demande de descendre de l’arbre afin que Zachée l’héberge chez lui. Pour Zachée, ce qu’il vit relève de l’impossible. Lui le collecteur d’impôts est appelé à accueillir Jésus, le rabbi Jésus.
Jésus s’invite chez Zachée. Cette demande expresse est inespérée.
Mais il faut bien noter ce que dit Jésus. Il ne dit pas je veux venir chez toi mais, « il faut que je demeure aujourd’hui dans ta maison ». Si Zachée ne connait pas Jésus, Jésus connait tout homme et donc connait Zachée.
Il est impératif, nécessaire, indispensable, pour Jésus de demeurer chez Zachée.
Le peuple murmure contre Jésus qui va demeurer chez un pécheur … mais c’est justement pour cela que Jésus doit entrer dans cette maison.
Zachée reçoit Jésus, il est touché par la grâce, par ses paroles. Zachée croit en celui qui est venu loger chez lui. Et son comportement change, sa vision du monde change, la perception qu’il a de lui change. Pour le dire plus simplement, sa vie est transformée par Jésus, par la puissance de sa parole car, comme il a été dit précédemment, l’Évangile de Christ, est une puissance de Dieu, pour le salut de quiconque croit.
Zachée n’est plus l’homme pécheur qu’il était et veut réparer même ce qu’il peut. Aussi, il dit « Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j’ai fait tort de quelque chose à quelqu’un, je lui rends le quadruple. »
Et Jésus de dire « Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d’Abraham ». Il est fils d’Abraham sur le plan spirituel et par appartenance à sa lignée. Ici, l’expression « fils d’Abraham » se réfère à la postérité spirituelle d’Abraham, c’est-à-dire à ceux qui, comme lui, sont justifiés par grâce au moyen de la foi.
Paul dira dans l’Epître au Galates « reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d’Abraham » Gl 3.7
Luther ne dira pas autre chose concernant le salut, « la justification par la foi et non par les œuvres » et encore moins par les indulgences.
En venant à Jéricho, Jésus avait une parole de salut pour Zachée. Sa vie en a été transformée.
Zachée était connu pour prélever des taxes pour l’occupant romain, et au passage pour lui-même. Zachée était haï, jugé, rejeté.
Mais Luc décrit l’homme nouveau racheté. Bien que Zachée accueille Jésus dans sa maison, c’est en fait Jésus qui l’accueille, dans son Royaume, et ce, pour la vie éternelle.
Dans le texte, l’image de Zachée change après la venue de Jésus.
Le regard que Jésus porte sur Zachée est aux antipodes du regard que la communauté de Jéricho pose sur lui.
Ce texte peut illustrer la « Réforme protestante ». En effet, Luther n’a rien ajouté à l’Evangile, il lui a redonné la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. Les traditions et le pouvoir humain avait relégué la puissance de l’Evangile afin d’obtenir des biens temporels, un pouvoir temporel, tout en se disant successeur de l’Apôtre Pierre.
C’est là qu’il faut prêter attention à un détail de l’histoire de Zachée, à savoir l’ordre dans lequel les choses se sont passées.
C’est par la foi et le changement de cœur, et donc d’attitude, qui en découle que Jésus peut dire que le salut est entré dans cette maison.
Une lecture rapide du texte pourrait faire croire que c’est suite à la parole de Zachée qui veut partager ses biens que le salut est entré. Zachée ne peut dire cela que parce qu’il a reçu le salut. La foi prime sur les œuvres, elle est première. Les œuvres sont secondes, ce sont les œuvres de la foi.
Une lecture rapide du texte pourrait faire croire que Jésus a dit « Puisque tu as changé d’attitude, Zachée, alors le salut est venu dans cette maison, chez toi, pour te récompenser ».
Peut-être avez-vous déjà entendu cette expression après une conversion … « Quand je me suis converti à l’Evangile » … Or, cela ne peut venir de l’homme, quel qu’il soit. Il n’appartient pas à l’homme de se convertir car cela vient de Dieu seul. Zachée est l’exemple par excellence.
C’est aussi pour cela que les réformateurs ont combattu l’affirmation de Saint Thomas d’Aquin qui disait que l’homme participait à son salut.
L’exemple de Zachée est parlant. En effet, Jésus a posé son regard sur lui à un moment où aucun changement d’attitude n’avait eu lieu. C’est l’appel de Jésus et l’acceptation par la foi donnée par Dieu qui permet à Zachée de changer intérieurement, puis extérieurement. Zachée n’a aucunement participé à son salut.
La Réforme a voulu remettre la grâce de Dieu en lumière. Zachée a reçu les paroles de Jésus, il a cru, la grâce a été sur lui, d’où l’expression qui a été donnée précédemment « sola scriptura, sola fide, sola gracia ».
Les œuvres ne sont que le reflet de la foi. C’est ce que dira l’Apôtre Jacques « Mais quelqu’un dira: Toi, tu as la foi; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres » Jc2.18 Zachée a montré sa foi par les œuvres. Il a désiré partager ses biens et restituer ce qui appartenait à d’autres.
La Réforme a permis que la Parole de Dieu puisse être droitement proclamée. Aujourd’hui, nous sommes au bénéfice de tout ce que les Réformateurs ont accompli.
Par grâce, ils sont allés jusqu’au bout. Ils se sont heurtés à bien des refus, des tracas mais aussi à des persécutions.
Martin Luther a conservé une certaine « forme » catholique du culte alors que Jean Calvin a mis en place un système presbytéro-synodal, c’est-à-dire à double niveau, local et national. C’est une forme de gouvernement d’église composé de pasteurs et de laïcs. Ce système doit être démocratique. L’autorité suprême est l’Ecriture. Rien ne peut se faire qui soit contraire à l’Ecriture.
Dès lors que nous sommes tous des « Zachée », aucun problème ne se pose. Tous les membres ont reçu la Parole avec foi et sont justifiés par la grâce.
Si nous avons reçu la Parole avec foi, les œuvres de la foi sont donc conséquentes.
Zachée, qui était vu comme un traitre à sa communauté et un voleur est devenu une personne qui partageait, qui aimait la justice, l’équité.
Zachée était rejeté, Jésus l’a accueilli.
Nous tous, devons accueillir ceux qui en ont besoin, partager avec eux.
Les richesses de ce monde ne sont que passagères, les richesses à venir sont supérieures et éternelles.
Par la foi, nous croyons au pardon des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Il ne nous appartient pas de dire qui a droit ou non. Jésus n’a rejeté personne quand bien même il reprenait ceux qui ne marchaient pas avec droiture et vérité dans la parole.
Zachée a été accueilli tel qu’il était et Dieu l’a changé. Les pharisiens n’ont pas voulu être accueillis, hormis, Nicodème ou Joseph d’Arimathée.
Jésus leur a pourtant parlé mais sa parole n’a pas trouvé place dans leurs cœurs. Pourtant il connaissait la Loi. Mais leur manque de foi les empêchait de pratiquer les œuvres de cette sainte Loi.
Ayons un cœur reconnaissant envers Dieu qui a permis que des hommes se lèvent pour que sa Parole ne s’éloigne pas de nos cœurs. Sondons-la puisqu’il nous est donné d’avoir à demeure, une, ou plusieurs Bibles. Rappelez-vous qu’il était interdit autrefois dans l’église catholique d’avoir une Bible. Seule l’Eglise était habilitée à dire ce qu’il fallait croire ou non.
C’est depuis Vatican II, en octobre 1962, que les catholiques sont appelés à acquérir une Bible.
Cette devise de Saint Jérôme leur est donnée pour les motiver « Ignorer les Écritures c’est ignorer le Christ » ; « Si tu pries, tu parles avec l’Époux ; si tu lis, c’est Lui qui te parle. »
Pour nous protestants, cette devise nous parle depuis longtemps.
Que la Parole de Dieu sonde nos cœurs. Que le Saint-Esprit nous conduise dans sa compréhension et sa mise en pratique. Que notre foi soit suivie d’œuvres à la gloire de Dieu, mais aussi de paroles d’exhortation, d’encouragement, d’amour, de vérité.
Que cette Parole vivante soit partagée autour de nous et que chacun puisse dire comme Paul « Car je n’ai point honte de l’Évangile de Christ, c’est une puissance de Dieu, pour le salut de quiconque croit ».
Que nos visages disent aussi l’amour de Dieu. Que nous sachions aller à la rencontre de notre prochain comme Jésus est allé à la rencontre de Zachée, cet enfant d’Abraham qui était perdu « Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » nous dit Jésus.
Que nos cœurs entendent cette parole d’amour et de vie et que nous la comprenions dans tout notre être afin de la mettre en pratique. Ensemble et séparément, allons vers ceux qui se perdent et que seul Jésus peut sauver.
A Dieu soit toute la gloire. Amen.