
L'accomplissement
Ce matin, c’est l’histoire de l’accomplissement qui nous est racontée par Saint Luc. C’est bien normal, me direz-vous, nous sommes passés du temps de l’Avent à celui de Noël, du temps de l’attente, à celui de l’accomplissement.
Mais ne lisons pas trop vite ce texte ! Avec Siméon, soyons de ceux qui écoutent, qui attendent les promesses du Seigneur. Le nom de Siméon signifie « exaucement ». Siméon n’est pas connu. Cependant, Luc nous dit qu’il était juste, pieux et qu’il faisait de son mieux pour mettre la Loi du Seigneur en pratique.
Il ne faut pas avoir une lecture trop linéaire de l’histoire sainte, comme si chaque événement était écrit d’avance et prédisait l’avenir ou notre destin.
Lisons plutôt ce texte en faisant nôtre les promesses du Seigneur. Mais pourquoi donc ? Parce ce que notre Dieu n’est pas un Dieu impersonnel, mais un Dieu personnel, une personne dont la parole est liée à une histoire, l’histoire de l’humanité.
Avec ce passage de Luc, c’est l’histoire de l’accomplissement qui est dévoilée. C’est pourquoi je vous disais : ne lisons pas trop vite ce texte.
A l’époque de Jésus et bien avant, il y avait, en Grèce centrale l’oracle de Delphes, où la pythie prédisait l’avenir.
De nos jours, l’oracle de Delphes a été remplacé par les lignes de la main, les d’horoscopes, les astrologues, les boules de cristal, les cartes et d’autres encore.
22 Et, quand les jours de leur purification furent accomplis, selon la loi de Moïse, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur, – 23 suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur: Tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur, – 24 et pour offrir en sacrifice deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, comme cela est prescrit dans la loi du Seigneur.
25 Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël, et l’Esprit-Saint était sur lui. 26 Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. 27 Il vint au temple, poussé par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant Jésus pour accomplir à son égard ce qu’ordonnait la loi, 28 il le reçut dans ses bras, bénit Dieu, et dit: 29 Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole. 30 Car mes yeux ont vu ton salut, 31 Salut que tu as préparé devant tous les peuples, 32 Lumière pour éclairer les nations, Et gloire d’Israël, ton peuple.
33 Son père et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui. 34 Siméon les bénit, et dit à Marie, sa mère: Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, 35 et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de coeurs soient dévoilées.
36 Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu sept ans avec son mari depuis sa virginité. 37 Restée veuve, et âgée de quatre vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le temple, et elle servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et dans la prière. 38 Étant survenue, elle aussi, à cette même heure, elle louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
39 Lorsqu’ils eurent accompli tout ce qu’ordonnait la loi du Seigneur, Joseph et Marie retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. 40 Or, l’enfant croissait et se fortifiait. Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Le rôle des prophéties
Et bien nous, chrétiens, nous avons la Bible, qui, de la Genèse à l’Apocalypse, nous annonce ce qui doit arriver.
La Bible, Parole de Dieu, est écrite pour que chacun puisse la lire et y entendre, non son destin, mais la volonté de Dieu pour lui-même. Dans le livre de Jérémie 33, 3 Dieu dit : « Invoque-moi et je te répondrai ; Je t’annoncerai de grandes choses, des choses cachées que tu ne connais pas. ». Pour connaître Dieu, il faut l’invoquer, il faut lire sa Parole, il faut prier, il faut chercher. Jésus nous dit d’ailleurs « cherchez et vous trouverez. »
Il suffit de lire les livres des prophètes pour réaliser que leur but n’était pas d’annoncer l’avenir, mais plutôt, d’avertir, de prévenir, avec ce que cela sous-entend : prévenir de ce qui arrivera si… si on ne change pas d’attitude, si on ne revient pas à Dieu.
Les prophètes annoncent ce qu’il adviendra si, et seulement si, le peuple de Dieu ne se détourne pas de ses mauvaises voies.
Le but de la prophétie qui annonce le jugement n’est pas qu’elle se réalise, mais au contraire, qu’elle ne se réalise jamais.
Ce type de prophétie pourrait être appelé prophétie d’avertissement.
Ce type de prophétie se retrouve dans la prophétie que Jonas donne sur Ninive. Ninive se détourne de ses mauvaises voies et Dieu pardonne Ninive, il ne la détruit pas.
En revanche, la prophétie qui annonce la paix, la joie, la restauration, le pardon, se réalise indépendamment de la volonté humaine mais par la grâce de Dieu.
La prophétie qui annonce des bonnes nouvelles dépend exclusivement de la bonté, de l’amour, de la grâce de Dieu.
La prophétie qui annonce le jugement rappelle la Loi. Le jugement est annoncé à cause de la désobéissance à la Loi divine.
La prophétie qui annonce le bonheur n’occulte pas la désobéissance mais révèle l’incapacité d’Israël à pratiquer la Loi, à obéir, à accomplir la volonté de Dieu.
Elle annonce ce que Dieu va offrir à son peuple qu’il ne pourrait jamais mériter.
La prophétie de malheur annonce le jugement et dit, avec la Loi « revenez vers Dieu ! »
La prophétie de bonheur annonce la grâce de Dieu et dit « Dieu revient vers vous ! »
La Loi et les Prophètes étaient des gardes fous pour que le peuple de Dieu ne vive pas comme les peuples païens. La loi est bonne en soi, mais aucun homme n’a su, n’a pu, l’accomplir. Aucun n’a su mettre en pratique tout ce qu’elle ordonnait. De nos jours, les hommes ont oublié qu’ils sont pécheurs et qu’ils ont besoin de la grâce de Dieu.
La Loi et les Prophètes ne concluent jamais que l’être humain est perdu. Deux conclusions apparaissent et semblent opposées comme le sont les prophéties de malheur et les prophéties de bonheur.
Conclusion sur les prophéties
La première conclusion est que la Loi doit protéger et bénir ceux qui l’observent et leur permettre de s’éloigner du péché.
La seconde conclusion, c’est que la grâce de Dieu est supérieure à sa Loi. Ce que Dieu ordonne dans sa Loi, il le donne dans sa grâce, dans l’Evangile de Jésus Christ. Et c’est cela aussi ce que signifie Noël que nous venons de fêter.
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Siméon et Anne : deux témoins qui reconnaissent le salut de Dieu en Jésus-Christ
Deux personnages éclairent les prophéties, Siméon et Anne.
Siméon attendait l’accomplissement des promesses de Dieu. Siméon était à Jérusalem, au temple, il attendait, comme tant d’autres, « la consolation d’Israël » Cette expression est empruntée aux promesses de Dieu données par les prophètes et sur lesquelles reposaient toute l’espérance de Siméon.
Ici, c’est à travers un enfant qui apparaît comme vulnérable que le Seigneur accomplit ses promesses et ce sont deux personnes pieuses, Siméon et Anne, qui voient de leurs yeux le salut glorieux qu’ils espéraient.
La Parole indique que tous deux étaient conduits par le Saint-Esprit.
Siméon reçoit le don de prophétie pour annoncer que cet enfant est la consolation d’Israël. Le Saint-Esprit lui communique « Le Christ du Seigneur », terme de l’AT qui signifie le Messie ou l’oint de l’Eternel.
Siméon est devant le Sauveur que l’Eternel a promis à son peuple.
C’est par l’Esprit de Dieu qu’il reconnait aussitôt son Sauveur.
C’est ce que Jean Calvin appelle « Le témoignage intérieur du Saint Esprit ». Sans le témoignage intérieur du Saint Esprit, nul ne peut reconnaitre Jésus comme son Seigneur et Sauveur.
Devant ce fait, Siméon sent que rien ne le retient plus sur la terre puisqu’il est écrit « 28 il le reçut dans ses bras, bénit Dieu, et dit: 29 Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. 30 car mes yeux ont vu ton salut, 31 salut que tu as préparé devant tous les peuples, 32 lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël, ton peuple ».
Remarquons que c’est en mettant en pratique la loi de Dieu que Siméon est conduit au Christ. N’est-ce pas ce que nous rappelle l’apôtre Paul en Galates 3v24 : « Ainsi la loi a été comme un pédagogue pour nous conduire à Christ afin que nous fussions justifiés par la foi. ». La Torah, la Loi, est omniprésente, du début à la fin du passage biblique de ce matin. L’évangéliste nous décrit la simplicité de cette Loi, mais aussi peut-être son caractère qui peut paraître dérisoire. Les parents doivent se purifier après la naissance de leur fils, il suffit d’ « une paire de tourterelles ou deux jeunes colombes », dit la Loi.
Ah, si tout était aussi simple que cela dans la vie !
N’était-ce pas le « jeune homme riche », qui, ayant mis en pratique toute la Loi, avait encore en lui le sentiment d’un manque profond ?
Les parents de Jésus, ici, accomplissent « les jours de leur purification », ils font ce que la Loi demande. Mais l’obéissance à la loi, qui ne peut être parfaite, ne procure pas la consolation, celle que Siméon entrevoit par l’Esprit.
Siméon est témoin de la grâce et prophétise le bonheur, un temps nouveau de grâce et de salut.
Siméon prophétise alors que s’accomplit sous ses yeux la prophétie qu’il a reçue du Saint-Esprit.
Dieu est à la fois le Maître d’ouvrage, c’est-à-dire qu’il décide de la réalisation du projet mais Il est aussi le Maître d’œuvre, c’est-à-dire celui qui réalise le projet.
Siméon est dans l’attente de sa propre mort et prophétise cependant la résurrection, « le relèvement de beaucoup en Israël ».
Siméon bénit Dieu, et annonce une « lumière pour la révélation aux nations »
Siméon annonce le salut et confesse le voir en face !
Siméon bénit les parents de Jésus et dit à Marie « Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction. »
En disant cela, Siméon est « hors-la-Loi », il est au-delà de la Loi, il est, devant Dieu et devant les parents de Jésus.
Siméon en contemplant Jésus voit le Paraclet, le Consolateur d’Israël, et plus encore, « la lumière véritable qui éclaire tout être humain. » (Jn 1, 9)
Ce que la Loi voilait, masquait, Jésus le fait paraître à la lumière.
Ici, cela pourrait se traduire par « le péché auquel je m’étais habitué, et que je pensais racheter par mes œuvres, va apparaître à nouveau devant moi, afin que je comprenne qu’il va m’être définitivement ôté. » « Chute et résurrection », ou chute et Rédemption comme Siméon le dit à Marie apparait en Jésus.
Comme annoncé, un deuxième personnage se trouve aussi en présence de l’enfant Jésus, c’est Anne. Anne sert le Seigneur. Elle est nuit et jour dans le Temple. Son nom signifie « grâce ».
Tout comme Siméon, elle reconnaît Jésus comme le Sauveur d’Israël et prophétise la délivrance d’Israël (v.38).
Anne confesse sa foi en Jésus le Messie. Elle se tenait en permanence dans le Temple, elle était « avancée en beaucoup de jours ». Elle « survient à cette heure même ». Alors qu’elle ne sort jamais du Temple, l’Esprit-Saint la conduit vers l’enfant Jésus. Dès lors, le temps n’a plus de valeur, ni le passé, ni l’avenir, ni la tradition, seule la radicale nouveauté compte, la place qu’elle occupe ne se situe plus dans le temple construit par la main de l’homme.
Son attente prend fin car elle a trouvé, rencontré le salut de Dieu manifesté dans le monde.
C’est par le Saint-Esprit qu’elle est saisie et change radicalement sa vision. La Loi est accomplie. Il ne s’agit plus d’un service religieux, d’actes solennels mais de témoignage de la foi.
Avec Siméon et Anne, c’est la grâce qui fait irruption dans le monde de ténèbres, c’est la grâce qui apporte la lumière du Royaume éternel dans ce monde.
Siméon et Anne attendaient le salut. C’était leur espérance.
Leurs yeux ont contemplé ce salut en ce nouveau-né qu’ils ont vu entrer dans le Temple. Les parents, en obéissant à la Loi ont permis que ceux qui vivaient dans l’espérance du salut voient l’accomplissement des prophéties, voit la Nouvelle Alliance ou le Nouveau Testament, l’Ancien ayant pris fin, se manifester devant eux.
En voyant Jésus, leur cœur sait que cet enfant va accomplir la Loi et sauver le peuple de son péché. Leur espérance va bien au-delà de leur propre personne, leur espérance dépasse leur personne et se tourne vers le peuple et vers l’humanité tout entière.
Leurs regards sont déjà fixés sur Jésus alors qu’il n’est qu’un enfant mais leur relation avec Dieu leur fait entrevoir, dès la naissance de cet enfant, la Résurrection et la vie éternelle accordée par Dieu dans sa grâce infinie.
Anne ne peut continuer à se taire et fait en sorte que les regards du peuple de Dieu se tournent vers ce petit enfant. C’est ce que nous rapporte Luc lorsqu’il écrit que Anne, âgée de 84 ans, « louait Dieu, et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. » (v.38) et Luc ajoute aussitôt « Lorsqu’ils eurent accompli tout ce qu’ordonnait la loi du Seigneur, Joseph et Marie retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. » (v.39)
Marie et Joseph accomplissent les préceptes de la Loi pour Celui qui va accomplir parfaitement, intégralement la Loi.
Jérusalem, ville choisie par l’Eternel où tout se joue
C’est à Jérusalem que tout se joue, la présentation de l’enfant Jésus, la crucifixion et la Résurrection de Jésus. Le don du Saint Esprit et l’envoi des disciples à travers le monde. Ne dit-on pas que Jérusalem est la ville éternelle de Dieu. N’est-ce pas à Jérusalem, sur le Mont des Oliviers, que Jésus doit revenir ? (Za 14,4 – Ac 1,11)
Quant à nous qui prions pour la paix de Jérusalem, Dieu nous parle de la Jérusalem céleste, cette ville/temple où nous vivrons dans la présence même de Dieu.
Pour nous aujourd’hui
En Jésus, nous qui croyons, avons la vie qui nous a été donnée depuis la Jérusalem terrestre et en suivant le chemin frayé par le Messie, nous nous approchons jour après jour de la Jérusalem céleste comme le dit le prophète Esaïe « Il y aura là un chemin frayé, une route, qu’on appellera la voie sainte ; nul impur n’y passera ; elle sera pour eux seuls ; Ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s’égarer. » (Es 35,8)
Aujourd’hui, alors que nous venons de fêter Noël, mettons toute notre confiance en Celui qui peut tout, en cet enfant qui nous a été donné et qui a grandi sous le regard des hommes afin de nous montrer que l’on peut suivre la voie sainte tracée, frayée par Dieu, pour son peuple bien-aimé. Ne doutons jamais que Dieu nous aime et que jamais il ne lâchera notre main. Il nous conduit en sécurité, jour après jour, et ce malgré les événements qui se déroulent dans le monde et qui peuvent être source d’angoisse.
La 2ème Epître aux Corinthiens nous dit « car nous marchons par la foi et non par la vue. » (5,7) Ne laissons jamais notre vue « terrestre » voiler notre vue « céleste ».
Dieu est avec nous et « rien ne pourra nous arracher à l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rm 8,39)
Que nous soyons des Siméon et des Anne qui reconnaissent le salut de Dieu manifesté en Jésus-Christ.
Que nos vies soient vécues pour la gloire de son saint nom. Amen.